
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a défendu mercredi la nouvelle loi sur les structures anticorruption qui a déclenché les premières manifestations d’ampleur dans le pays depuis le début de l’invasion russe il y a trois ans.
«Nous avons tous un ennemi commun: les occupants russes. Et pour défendre l’État ukrainien, il faut un système de protection de l’ordre suffisamment solide, capable de garantir un véritable sentiment de justice», a déclaré M. Zelensky après avoir promulgué la loi la veille.
«Nous entendons tous ce que la société dit», a-t-il poursuivi après une réunion avec les chefs des forces de l’ordre, dont les structures anticorruption concernées par cette loi, tout en promettant de «résoudre des contradictions existantes».
Le président a insisté sur l’importance de ce texte décrié, adopté mardi, qui supprime l’indépendance du Bureau national anticorruption (Nabu) et du parquet spécialisé anticorruption (SAP) en les plaçant sous l’autorité directe du procureur général, nommé par le président.
M. Zelensky a accusé ces structures d’inefficacité. «Les procédures pénales ne doivent pas s’éterniser pendant des années sans aboutir à des verdicts légaux. Et ceux qui agissent contre l’Ukraine ne doivent pas se sentir à l’aise ou à l’abri de l’inévitabilité de la punition», a-t-il martelé.
Le Nabu et le SAP, dont les chefs ont participé à cette rencontre avec M. Zelensky, ont de leur côté réitéré leurs critiques à l’égard de la nouvelle législation dans une déclaration conjointe.
«Des mesures législatives sans ambiguïté sont nécessaires pour rétablir les garanties révoquées par le Parlement», ont indiqué les deux structures dans un communiqué publié après la rencontre.
La nouvelle loi a provoqué un tollé au sein de la société civile en Ukraine et suscité les premières manifestations importantes depuis le début de l’invasion russe en 2022, rassemblant plus de 1 000 personnes mardi dans le centre de Kiev.
Les rassemblements de grande ampleur sont interdits par la loi martiale en vigueur en Ukraine.
L’Union européenne, soutien clé de Kiev face à la Russie, a qualifié cette initiative de «sérieux recul» et s’est dite «profondément préoccupée».
«Limiter l’indépendance des agences anticorruption entrave l’Ukraine sur la voie de l’UE», a écrit sur X le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul. L’Ukraine doit «poursuivre avec détermination ses efforts dans la lutte contre la corruption», a-t-il insisté.
Certains analystes ukrainiens ont également prévenu que cette mesure risquait de bloquer l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, voire de réduire potentiellement l’aide financière à Kiev, cruciale pour sa capacité à se défendre.
AFP
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