Accord commercial en vue entre Bruxelles et Washington, mais l'Europe reste prête à se defendre
À moins d’une semaine de l’entrée en vigueur de nouvelles taxes américaines sur les produits européens, un accord commercial entre l’UE et les États-Unis semble proche. Bruxelles se tient néanmoins prête à riposter avec un arsenal inédit en cas d’échec des négociations. ©Nicolas Tucat / AFP

Un accord commercial entre l’UE et les États-Unis semble se dessiner, avant la date butoir du 1er août, ce qui n’empêche pas les Européens, échaudés, d’agiter la menace de représailles en cas d’échec, dans l’espoir aussi d’un meilleur «deal».

Un accord est à «portée de main», a assuré jeudi un porte-parole de la Commission européenne, Olof Gill.

«Nous sommes en voie de faire probablement, un très bon deal avec eux», a assuré jeudi le président américain Donald Trump, qui affectionne ce terme. «Ils veulent vraiment trouver un accord», a-t-il assuré.

Le chancelier allemand Friedrich Merz avait évoqué mercredi, aux côtés du président français Emmanuel Macron, des «décisions» imminentes dans ces négociations commerciales, qui ont déjà connu de multiples rebondissements depuis le retour du républicain à la Maison Blanche, où il a engagé un virage protectionniste.

Selon plusieurs sources européennes, l’accord prévoit des surtaxes douanières de 15% sur les exportations européennes à destination des États-Unis, avec des exemptions notamment sur l’aéronautique, les spiritueux ou certains médicaments.

Un accord séparé concerne l’acier. Les importations en provenance d’Europe seraient encadrées par des quotas et tout dépassement serait taxé à hauteur de 50%, selon des diplomates.

Et pour mettre toutes les chances de leur côté, les Européens regardent également, selon ces sources, l’accord scellé cette semaine entre États-Unis et Japon. Celui-ci prévoit des droits de douane fixés à 15%, mais aussi des investissements japonais importants aux Etats-Unis.

Ce projet d’accord global reste toutefois suspendu au feu vert du président américain. Il avait déjà rejeté une précédente version plus favorable à l’UE, avec des droits de douane fixés à 10%.

Les États-Unis sont «en négociations sérieuses avec les Européens», avait-t-il assuré mercredi. Et, «s’ils acceptent d’ouvrir l’Union aux entreprises américaines, alors nous leur permettrons de payer des droits de douane plus réduits», a ajouté Donald Trump.

Éventuelles représailles

Et en cas d’échec, les Européens ont annoncé jeudi avoir mis la dernière main à d’éventuelles représailles: une liste de marchandises américaines qui seraient taxées pour un total de 93 milliards d’euros, à compter du 7 août.

Donald Trump avait pris l’Union européenne de court le 12 juillet en décrétant des droits de douane de 30% sur toutes les importations en provenance de l’UE à compter du 1er août.

L’Union européenne entend cette fois «montrer ses muscles», selon un diplomate à Bruxelles. Et elle est prête à dégainer son «bazooka» en cas d’échec à la fin du mois, ont assuré plusieurs diplomates européens.

Celui-ci, «l’instrument anti-coercition», a été conçu pour être le «moyen de dissuasion le plus puissant» à disposition de l’UE, selon le porte-parole de la Commission.

Il permet, entre autres, le gel de l’accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements.

Sa mise en œuvre requiert la majorité qualifiée des pays de l’UE, désormais acquise, grâce au soutien de l’Allemagne, auparavant réticente, selon ces sources.

La France et l’Allemagne, les deux principales économies européennes, espèrent «une conclusion satisfaisante des discussions, qui défende les intérêts de l’UE, tout en accélérant en parallèle les travaux sur les contre-mesures, y inclus l’instrument anti-coercition», a-t-on assuré à Paris.

Mais pour certains analystes, l’accord en préparation est loin de défendre les intérêts de l’Europe. Pour l’économiste belge Eric Dor, professeur à l’IESEG à Paris, il s’agit purement et simplement d’une «capitulation», dangereuse pour une économie européenne déjà à la peine.

Donald Trump entend réduire coûte que coûte le déficit commercial de son pays avec l’Europe, son premier partenaire économique dans le monde. Concernant les seules marchandises, ce déficit a atteint 157 milliards d’euros en 2023, selon Bruxelles.

Mais pour la Commission européenne, il faut aussi regarder du côté des services où les États-Unis ont un excédent commercial, qui a atteint 109 milliards d’euros en 2023.

Les échanges entre les deux rives de l’Atlantique sont donc équilibrés, affirme Bruxelles, avec un déficit global pour les États-Unis réduit à 48 milliards d’euros.

Par Olivier BAUBE/AFP

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