
Le Premier ministre israélien a demandé dimanche à l'ONU de cesser de blâmer son gouvernement pour la situation humanitaire à Gaza après que l'armée a annoncé qu'elle allait faciliter le passage de l'aide humanitaire vers le territoire palestinien.
«Il existe des couloirs sécurisés. Ils ont toujours existé, mais aujourd'hui, c'est officiel. Il n'y aura plus d'excuses», a déclaré Benjamin Netanyahu lors d'une visite sur une base aérienne. Les Nations unies ont salué les annonces de l'armée tout en restant réservées quant à leur impact et modalités d'application dans un territoire ravagé par plus de 21 mois de guerre.
Les Nations unies ont annoncé qu’elles tenteraient d’atteindre un maximum de personnes affamées dans la bande de Gaza, après la décision d’Israël de mettre en place des routes terrestres sécurisées pour les convois humanitaires.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU a précisé qu'il disposait de suffisamment de vivres, déjà sur place ou en route, pour nourrir les 2,1 millions d’habitants de Gaza pendant près de trois mois.
Le coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Tom Fletcher, a salué sur X l’annonce de «pauses humanitaires»: «Nos équipes sur le terrain feront tout pour atteindre autant de personnes affamées que possible durant cette fenêtre», a-t-il écrit.
Le PAM a estimé que ces pauses et couloirs devaient permettre la livraison sécurisée d’aide alimentaire d’urgence. «Pour la plupart des habitants de Gaza, l’aide alimentaire est le seul moyen de manger», a-t-il souligné, indiquant qu’un tiers de la population ne mangeait plus depuis plusieurs jours et que 470.000 personnes vivaient dans des conditions proches de la famine.
Selon le PAM, plus de 62.000 tonnes d’aide alimentaire sont nécessaires chaque mois pour couvrir les besoins de l’ensemble de la population.
L’agence a ajouté qu’Israël avait promis, en plus des «pauses», d’autoriser davantage de camions à entrer à Gaza avec des procédures d’inspection accélérées, et des «garanties de non-intervention militaire à proximité des convois». «Ces mesures doivent permettre d’acheminer l’aide de manière urgente, sans nouveaux retards», a-t-elle déclaré.
«Paysage dystopique»
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a rappelé qu’en tant que puissance occupante, Israël avait l’obligation de garantir l’accès de la population à une nourriture suffisante.
«Des enfants meurent de faim sous nos yeux. Gaza est devenue un paysage dystopique fait de destructions et de morts», a-t-il dénoncé dans un communiqué.
Il a critiqué la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par Israël et les États-Unis, qui a commencé à distribuer de l’aide fin mai lorsque les efforts de l’ONU ont été entravés. Selon lui, les sites de distribution militarisés et désorganisés du GHF « échouent totalement à fournir l’aide à l’échelle nécessaire ».
Son bureau affirme que plus de 1.000 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes en tentant d’accéder à l’aide depuis le début des opérations du GHF, dont près des trois quarts à proximité de ses points de distribution.
«Crise de la faim»
«La famine à Gaza doit cesser immédiatement », a lancé sur X le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi. « Nous sommes aux côtés de nos collègues de l’ONU et des ONG prêts à livrer une aide vitale à des centaines de milliers de personnes menacées de mort».
Le bureau humanitaire de l’ONU (OCHA), dirigé par Fletcher, avait déjà alerté vendredi que la situation sur le terrain était «catastrophique et empirait».
«La crise de la faim s’aggrave», a-t-il prévenu. OCHA a ajouté que les équipes onusiennes étaient prêtes à intensifier les livraisons dès qu’elles en auraient l’autorisation.
«Si Israël ouvre les points de passage, laisse entrer le carburant, le matériel, et permet aux humanitaires d’opérer en sécurité, l’ONU accélérera la distribution d’aliments, de soins médicaux, d’eau potable, de fournitures nutritionnelles et d’abris», a-t-il assuré.
AFP
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