Ce que l'on sait de l'accord commercial entre l'UE et les États-Unis
Les États-Unis et l’Union européenne ont annoncé un accord commercial majeur prévoyant un taux unique de 15% sur les importations européennes, des achats massifs d’énergie et des investissements bilatéraux, tout en laissant en suspens les cas de l’acier, du vin et des semi-conducteurs. ©Nicolas Tucat / AFP

L’Union européenne et les États-Unis ont scellé dimanche en Écosse «le plus important» accord commercial jamais réalisé, selon le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

L’enjeu était de taille. Les deux principales puissances commerciales de la planète s’échangent chaque jour près de 4.400 milliards d’euros de biens et services, et Washington menaçait d’imposer dès le 1er août des droits de douane de 30% sur toutes les importations européennes.

Voici ce que l’on sait, pour l’instant, de ce nouveau «deal» commercial conclu avec Donald Trump, après le Japon ou les Philippines il y a quelques jours :

Que prévoit l’accord?
Négocié âprement depuis des mois, l’accord prévoit des droits de douane sur toutes les importations européennes vers les États-Unis, à un taux unique de 15%, comprenant toutes les taxes déjà existantes. Cela concerne par exemple le secteur automobile, crucial pour des pays comme l’Allemagne. Les constructeurs européens paient depuis avril des droits de douane de 27,5% – dont une surtaxe de 25% décidée par Donald Trump – soit un coût de 1,3 milliard d’euros pour le seul constructeur allemand Volkswagen.

L’accord prévoit également des achats d’hydrocarbures américains (gaz naturel, combustibles nucléaires et pétrole) d’une valeur de 750 milliards de dollars sur trois ans, soit 250 milliards par an. Pour l’Union européenne, cela permettra de remplacer les importations de gaz russe et d’éviter de financer ainsi la guerre lancée par le Kremlin en Ukraine.

Il comporte aussi de nouveaux investissements européens aux États-Unis pour un montant de 600 milliards de dollars.

Le président américain a évoqué des «centaines de milliards de dollars» d’achats d’armement par les Européens.

Les exemptions aux 15%
Interrogé sur ces exemptions, le président américain a répondu: «essentiellement, non».

Mais la présidente de la Commission européenne a affirmé qu’il n’y aurait plus aucun droit de douane sur des «secteurs stratégiques» comme l’aéronautique, «certains produits chimiques, certains produits agricoles» ou encore «certaines matières premières stratégiques».

La liste de ces produits n’a toutefois pas été détaillée.

Les Européens voulaient également y inclure les alcools et le vin, mais faute d’accord définitif, une décision a été renvoyée à de nouvelles discussions, selon Mme von der Leyen. «C’est quelque chose qui doit être résolu dans les prochains jours,» a-t-elle assuré.

Les cas particuliers
Les négociations ont été particulièrement difficiles en ce qui concerne la pharmacie et les semi-conducteurs. L’accord final prévoit, selon l’UE, des taxes douanières fixées à 15% pour ces deux secteurs. Ces derniers étaient menacés de droits de douane plus importants, quelque 200% selon Donald Trump, conformément à l’article 232 d’une loi américaine sur le commerce prévoyant des surtaxes en cas d’atteinte à la sécurité nationale.

Une décision doit être prise dans deux semaines, selon le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick, mais pour Mme von der Leyen, celle-ci n’aura pas d’impact sur l’accord à 15% conclu en Écosse.

L’UE fait actuellement face à des droits de douane de 50% sur ses exportations d’acier vers les États-Unis, mais Mme von der Leyen a assuré qu’un compromis avec Donald Trump avait été trouvé. «Entre nous, les droits de douane seront réduits et un système de quotas sera mis en place», a-t-elle déclaré. Donald Trump a en revanche assuré que les choses resteraient «comme elles sont».

Que se passe-t-il maintenant?
Il s’agit essentiellement d’un accord cadre, selon Mme von der Leyen, qui va désormais nécessiter davantage de négociations pour aboutir à un accord juridique définitif.

Industriels et agriculteurs européens vont aussi décortiquer l’accord pour évaluer ses conséquences sectorielles. La chimie allemande a déjà réagi, estimant les droits de douane l’affectant «trop élevés», et la Fédération allemande de l’industrie (BDI) prédit «des répercussions négatives considérables».

Par Olivier BAUBE/AFP

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