
Amnesty International a dit lundi avoir reçu «des informations crédibles» concernant l’enlèvement de 36 femmes et filles alaouites au cours des derniers mois, appelant les autorités à enquêter et à traduire les responsables en justice.
Des enlèvements dans un climat post-Assad
Ce rapport intervient plusieurs mois après le renversement par des islamistes de l'ancien président Bachar el-Assad, lui-même issu de la communauté alaouite et qui se posait en protecteur des minorités.
Il fait suite aux massacres survenus en mars dans le bastion alaouite du littoral syrien, où quelque 1 700 personnes, en majorité des civils alaouites, ont été tuées selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Des familles ignorées par les autorités
Un comité chargé d’enquêter sur les massacres de mars a affirmé la semaine dernière ne pas avoir reçu de plaintes concernant l’enlèvement de femmes ou de filles.
Amnesty indique avoir documenté huit cas parmi les 36 enlèvements rapportés depuis février, impliquant des femmes et des filles, dans les provinces de Lattaquié, Tartous, Homs et Hama.
L’organisation précise que les huit familles interrogées ont toutes signalé les enlèvements, mais que dans presque tous les cas, «les autorités policières et sécuritaires n’ont pas mené d’enquête efficace». Dans deux cas, des agents auraient même blâmé la famille.
Une peur généralisée chez les femmes
«La communauté alaouite, déjà bouleversée par les massacres précédents, est profondément ébranlée par cette vague d’enlèvements. Les femmes et les filles ont peur de sortir de chez elles ou de marcher seules», a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
Seules deux des huit victimes sont retournées auprès de leur famille, a-t-elle ajouté.
Les autorités syriennes «doivent d'urgence intensifier leurs efforts pour empêcher les violences basées sur le genre, enquêter de manière rapide, approfondie et impartiale sur les cas d’enlèvements de femmes et de filles alaouites, et assurer que les auteurs rendent des comptes», ajoute l'ONG.
Des chiffres encore flous
La Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie, mandatée par les Nations unies, avait indiqué le mois dernier avoir «documenté l’enlèvement par des individus non identifiés d’au moins six» femmes alaouites et avoir reçu «des informations crédibles» sur d’autres cas.
AFP
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