
La catastrophe humanitaire à Gaza rappelle les famines observées en Éthiopie et au Biafra, au Nigeria, au siècle dernier, a déclaré mardi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.
«Cela ne ressemble à rien de ce que nous avons vu au cours de ce siècle. Cela nous rappelle les catastrophes survenues en Éthiopie ou au Biafra au siècle dernier», a déclaré depuis Rome Ross Smith, directeur des urgences du PAM à des journalistes à Genève, insistant sur la nécessité d’«une action urgente».
M. Smith fait référence ici à la famine en Éthiopie de 1983-1984, qui a causé la mort de plus d’un million de personnes, ainsi qu’à la famine au cours de la guerre du Biafra entre 1967 et 1970, qui a également fait plus d’un million de morts.
«Nous avons besoin d’agir urgemment, maintenant», a-t-il déclaré.
Le responsable onusien a tenu ces propos après que le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) a annoncé mardi que «le pire scénario, celui de la famine,(était) en train de se réaliser dans la bande de Gaza».
Les «seuils de famine» ont été atteints «dans la majeure partie de la bande de Gaza», selon ce groupe soutenu par l’ONU qui regroupe plusieurs organisations chargées de surveiller la malnutrition.
Il a insisté sur le fait que «l’accès humanitaire immédiat et sans entrave» à Gaza était le seul moyen d’arrêter la rapide aggravation de la «famine et des morts».
«Grave souffrance humaine»
«Une catastrophe est en train de se dérouler clairement sous nos yeux, sur nos écrans de télévision», a déclaré M. Smith. «Ce n’est certainement pas une alerte: c’est un appel à agir», a-t-il martelé.
L’alerte donnée par l’IPC ne constitue pas une nouvelle classification officielle de famine, précise-t-elle, mais vise à attirer l’attention sur la crise à partir des «dernières données disponibles» jusqu’au 25 juillet.
«Les indicateurs de consommation alimentaire et de nutrition ont désormais atteint leur niveau le plus bas depuis le début du conflit», déclenché après l’attaque meurtrière du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a relevé Jean-Martin Bauer, directeur de l’analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition au PAM.
«En juillet, pour la première fois depuis le début de la crise, les niveaux de malnutrition ont dépassé le seuil de famine dans la ville de Gaza», a ajouté M. Bauer.
«Ce que nous voyons, ce sont des preuves de plus en plus nombreuses qu’une famine est en cours. Tous les signaux sont là désormais», a-t-il affirmé, ajoutant qu’«il est nécessaire d’agir immédiatement pour éviter une grave souffrance humaine»
«Un choix impossible»
La situation est particulièrement grave pour les femmes et les filles, observe l’agence ONU Femmes.
«Les femmes et les filles font face à un choix impossible: mourir de faim dans leurs abris ou s’aventurer dehors en quête de nourriture et d’eau, au risque extrême d’être tuées», a déclaré la porte-parole Sofia Calltorp lors d’un point de presse à Genève.
«Les enfants meurent de faim sous leurs yeux», a-t-elle affirmé.
Ce week-end, Israël a déclaré une «pause tactique» dans les opérations militaires dans certaines parties de Gaza, affirmant que plus de 120 camions chargés de nourriture avaient été autorisés à entrer, tandis que certains pays, comme la Jordanie et les Émirats arabes unis, ont largué de la nourriture par avion dans ce territoire palestinien assiégé.
Mais selon Ross Smith, l’acheminement d’aide par les airs ne permet pas de livrer autant de quantités que par la route, et les largages aériens risquent de tomber sur des personnes dans les zones où les civils sont entassés.
«Cela représente un risque extrême pour les populations», a-t-il déclaré, remarquant qu’il y avait déjà eu des blessés.
«Bien que j’apprécie la portée symbolique (des largages), ce n’est pas une solution d’un point de vue pratique», a-t-il ajouté, appelant à permettre l’entrée de davantage de camions d’aide dans l’enclave palestinienne.
«Nous disposons de cette solution pratique qui attend aux points de passage, aux frontières de Gaza, prête à être déployée», a-t-il insisté.
Par Nina LARSON / AFP
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