Premières discussions à Washington entre RDC et Rwanda après l'accord de paix
Kinshasa et Kigali ont tenu à Washington une rencontre inédite après la signature d’un accord de paix, alors que les violences dans l’est de la RDC ont fait des milliers de morts et provoqué une crise humanitaire. ©JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Des représentants congolais et rwandais ont tenu à Washington une première réunion depuis la signature de l'accord de paix dans l'est de la RDC, ont annoncé leurs gouvernements vendredi, étape importante pour sa mise en œuvre dans cette région ravagée par plus de 30 ans de conflit.

L'accord signé fin juin à Washington, qualifié d'«étape importante» pour la paix par l'Union africaine (UA) et les Nations unies, intervient après une longue série de trêves et de cessez-le-feu systématiquement rompus ces dernières années dans cette région riche en ressources naturelles, notamment en minerais.

Les dispositions du texte doivent encore être mises en œuvre.

Jeudi, des représentants de la RDC, du Rwanda, ainsi que des observateurs des États-Unis, du Qatar, et de l'Union africaine, ont tenu la première réunion du «Comité conjoint de suivi de l'accord de paix», chargé de servir de forum pour sa mise en œuvre et le règlement des différends.

«Pendant la première rencontre, les parties ont (...) discuté des progrès dans la mise en place de l'accord de paix», ont indiqué les gouvernements rwandais et congolais dans un communiqué commun écrit conjointement avec les États-Unis, le Qatar et l'UA.

Les violences dans l'est de la RDC se sont intensifiées début 2025. Le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, et les troupes rwandaises se sont emparés en janvier de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, puis de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, en février.

Elles ont fait des milliers de morts, selon le gouvernement congolais et l'ONU, et aggravé une crise humanitaire pour des centaines de milliers de déplacés.

Doha

Depuis février, le front s'est stabilisé. Mais des violences se poursuivent entre le M23 et une myriade de milices pro-Kinshasa qui mènent des actions de guérilla.

Affaibli, et en quête de soutien sécuritaire pour éviter de perdre plus de terrain dans l'est de la RDC, le président congolais Félix Tshisekedi avait évoqué début mars un possible accord minier avec les États-Unis.

Le 17 juillet, Kinshasa a signé un accord de principe avec le groupe minier américain Kobold Metals, spécialisé dans l'exploration des métaux critiques, notamment le lithium, métal star des batteries de voitures électriques.

Le président congolais s'est ensuite résolu à discuter directement avec le M23, ce qu'il refusait de faire jusque-là, aboutissant à la signature le 19 juillet d'une déclaration de principe à Doha, où les deux parties ont réaffirmé «leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu permanent», à privilégier la négociation et à faciliter le retour «volontaire» des réfugiés et déplacés.

Kinshasa et le M23 s'étaient donné 10 jours pour mettre en œuvre les dispositions du texte signé à Doha, et se sont engagés à entamer «au plus tard le 8 août» des négociations formelles en vue d'un accord de paix global, et un mois («au plus tard le 17 août») pour le signer.

«Encore long»

Des échéances jugées bien courtes par les experts de la région, d'autant que les divergences sont vite apparues, notamment sur la question du retrait du M23 des zones qu'il a conquises, tandis que les violences continuent.

Parallèlement, une réunion des blocs de pays d'Afrique australe (SADC), et de l'Est (EAC), qui mènent depuis février un effort conjoint de paix dans l'est de la RDC, s'est déroulée vendredi à Nairobi, la capitale kényane.

Plusieurs feuilles de route, notamment via des «médiations inclusives» assurées par d'anciens dirigeants de la zone, ont été adoptées.

«Les derniers accords signés nous remplissent d’espoir», a déclaré le président de la Commission de l'UA Mahamoud Ali Youssouf.

«Mais en même temps nous restons prudemment optimistes et nous savons que le chemin vers la stabilisation définitive de cette région est encore long».


Avec AFP

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