L'Ukraine reprend une ville à peine annexée par la Russie
L'Ukraine a annoncé dimanche avoir repris la ville de Lyman, dans la région de Donetsk annexée par la Russie, au moment où la Cour constitutionnelle russe a jugé légaux les traités d'annexion des territoires ukrainiens signés par Vladimir Poutine.

Une photo prise le 30 septembre 2022 montre le pont détruit devant le monastère de la grotte de Sviatogorsk, un monastère orthodoxe sur la rivière Donets près de la ville de Sviatohirsk, dans l'est de l'Ukraine.

 

L'annonce est tombée en milieu de journée: "A partir de 12h30 locales (09h30 GMT), Lyman est totalement débarrassée (de l'armée russe). Merci à nos militaires", s'est félicité le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. "Je suis optimiste et très motivé. Je vois l'activité sur la ligne de front et les territoires que l'on reprend", s'est réjoui auprès de l'AFP un soldat ukrainien de 33 ans posté près de Lyman, dans l'est de l'Ukraine, et qui se fait appeler par son nom de guerre "Fumée".



 

Samedi, les soldats ukrainiens étaient entrés dans cette ville stratégique de la région de Donetsk, dont l'annexion vendredi par Moscou a été fermement condamnée par Kiev et les Occidentaux. Anticipant cette importante victoire tactique, car Lyman est un noeud ferroviaire crucial, M. Zelensky avait assuré samedi soir que la semaine prochaine, "de nouveaux drapeaux ukrainiens [flotteraient] sur le Donbass", où se trouve la région de Donetsk. Puis il avait lancé, s'adressant aux soldats et aux responsables russes et évoquant le président russe Vladimir Poutine: "Tant que vous tous n'aurez pas résolu le problème de celui qui a tout commencé, qui a déclenché cette guerre insensée contre l'Ukraine, vous serez tués un par un".


Revers de Lyman

La perte de Lyman, dans la région annexée de Donetsk, est un revers de taille pour l'armée russe, incapable à ce stade de contrôler la totalité des territoires qu'elle occupe en Ukraine. Malgré les difficultés rencontrées sur le terrain par la Russie depuis le début d'une contre-offensive réussie par Kiev début septembre, le processus légal de formalisation de l'annexion des régions ukrainiennes suit son cours à Moscou. Après la signature des traités d'annexion vendredi en grande pompe au Kremlin par M. Poutine et les dirigeants des régions séparatistes et occupées, la Cour constitutionnelle russe les a jugés dimanche "conformes à la Constitution".


Le président russe, Vladimir Poutine, prononce un discours sur la Place Rouge de Moscou lors de la célébration de l'annexion des régions ukrainiennes de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia, officialisée un peu plus tôt dans la journée via la signature d'un accord au Kremlin entre Poutine et les leaders séparatistes de ces régions.

 

Selon Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, les députés de la chambre basse du Parlement russe examineront lundi un projet de loi en vue de la ratification des traités. L'adoption de ce texte est prévue normalement dans la foulée, avant qu'il ne passe devant la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération. L'annexion des régions ukrainiennes par la Russie n'est toutefois pas reconnue par la communauté internationale.
"Spirale de violence"

Le pape François a ainsi "supplié" M. Poutine d'"arrêter" la "spirale de violence et de mort" en Ukraine, tout en déplorant les annexions "contraires au droit international". Pour le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, l'annexion par la Russie de territoires ukrainiens rend "beaucoup plus difficile, impossible, presque, la fin de la guerre". Le président français Emmanuel Macron, qui a échangé dimanche avec M. Zelensky, a, lui, promis de travailler à de "nouvelles sanctions" européennes contre Moscou. De leur côté, pour renforcer l'arsenal militaire ukrainien et repousser la Russie, l'Allemagne, le Danemark et la Norvège ont annoncé dimanche qu'ils allaient fournir à Kiev à partir de 2023 seize canons d'artillerie automobiles blindés, des Zuzana-2 slovaques.


Le président ukrainien Volodymyr Zelensky signe les documents demandant une adhésion accélérée à l'OTAN après l'annexion officielle par la Russie de quatre régions d'Ukraine occupées par Moscou.

 

Les difficultés rencontrées depuis plusieurs semaines par les troupes de Moscou entraînent de vives réactions de la part des plus farouches va-t-en guerre russes. Le dirigeant de la république russe de Tchétchénie et fidèle du Kremlin, Ramzan Kadyrov, a par exemple appelé samedi l'armée russe à utiliser "des armes nucléaires de faible puissance" en Ukraine, après le retrait des Russes de Lyman. Il s'en est également pris au "népotisme" présent selon lui au sein des forces armées russes, une des raisons principales des difficultés militaires rencontrées depuis maintenant plusieurs semaines par les troupes de Moscou.

"Il n'y a pas de place pour le népotisme dans l'armée, surtout dans les moments difficiles", a-t-il juré dans un message virulent posté sur les réseaux sociaux. L’Ukraine a condamné d'autre part samedi la "détention illégale" du directeur général de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), Igor Mourachov, arrêté pour une raison encore inconnue vendredi par la Russie qui contrôle le site. Dans un communiqué, le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a évoqué une "grave préoccupation". M. Grossi "devrait se rendre à Kiev et à Moscou la semaine prochaine", peut-on aussi lire dans le communiqué.

Avec AFP
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