Netanyahou décide des suites de la guerre à Gaza
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a tenu une conférence de presse à Jérusalem le 21 mai 2025. ©Ronen Zvulun / POOL / AFP

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou réunit jeudi en fin d'après-midi son cabinet de sécurité pour décider des suites de la guerre dans la bande de Gaza, où l'extension des opérations de l'armée israélienne semble acquise, malgré les cris d'alarme des familles d'otages.

«Poursuite du blocus ou conquête de Gaza», «Le moment de décider», résume jeudi la presse israélienne, qui donne pour acquis un élargissement des opérations de l'armée, jusqu'à une conquête totale du territoire palestinien.

Le cabinet de sécurité, en charge des questions militaires, se réunira à 18H00 locales (15H00 GMT), selon la presse nationale.

Le matin même, une vingtaine de proches d'otages ont pris place à bord d'au moins trois embarcations parties du port d'Ashkelon (sud d'Israël) et se sont symboliquement rapprochés des côtes de Gaza pour lancer un cri d'alarme : «Mayday! Nous avons besoin de toute l'aide internationale pour secourir les otages», ont-ils supplié, jetant des bouées à la mer et criant les noms des captifs du Hamas.

Le cabinet de sécurité devrait discuter et approuver un plan visant «à conquérir l'ensemble de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza et les camps de réfugiés» situés dans la bande centrale du territoire, affirme ainsi la radio nationale Kan, qui estime que «l'opération durera cinq mois et nécessitera une mobilisation massive de réservistes».

«Kibbush» 

L'armée israélienne occupe ou opère actuellement au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 87,3% du territoire sont militarisés par Israël et soumis à des ordres d'évacuation.

Les zones non occupées sont aussi les plus peuplées: les villes de Khan Younès et Gaza, les camps de réfugiés de Deir al Balah, dans le centre du territoire.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une «famine généralisée» selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire, toujours distribuée en quantités largement insuffisantes selon les humanitaires.

Quelque 2,4 millions de Palestiniens vivent au quotidien sous les bombes dans cet étroit territoire long de 41 km et large de six à 12 km, le long de la côte méditerranéenne.

Israël avait déjà occupé Gaza en 1967 et implanté un ensemble de 21 colonies israéliennes. Ces colonies ont été démantelées en 2005 avec le retrait unilatéral décidé par le Premier ministre d'alors Ariel Sharon, après 38 ans d'occupation.

Mardi, le Premier ministre Netanyahu a réaffirmé les objectifs de guerre fixés à l'armée: «vaincre totalement l'ennemi à Gaza, libérer tous nos otages et s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël».

«Il n'est pas du tout clair ce que le gouvernement de Benjamin Netanyahou entend par "occupation complète"», relève le Times of Israël, à quelques heures des discussions du cabinet de sécurité.

«La terminologie hébraïque, utilisant le mot "kibbush", permet plusieurs interprétations, allant d'un contrôle militaire à court terme de l'ensemble de la bande, dont environ 75 % sont actuellement tenus par l'armée, à une domination militaire israélienne à long terme et à un possible retour des colonies juives», décrypte le quotidien.

Ce qui est relativement clair en revanche pour les médias israéliens, ce sont les réserves, voire l'opposition du chef d'état-major de l'armée à un tel plan d'occupation.

«Mort et destruction» 

Si le lieutenant-général Eyal Zamir, nommé en mars dernier par Netanyahou, ne s'est pas exprimé publiquement, la presse n'a de cesse ces derniers jours de relayer ses mises en garde à l'exécutif contre le «piège» que serait une occupation totale de Gaza, et le danger qu'elle ferait peser sur la vie des otages.

L'armée israélienne devra «exécuter» les décisions politiques, a balayé à ce propos mercredi le ministre de la Défense, Israël Katz.

L'opinion israélienne s'alarme toujours plus du sort des 49 otages encore retenus à Gaza, dont 27 déclarés morts par l'armée. La diffusion par le Hamas et le Jihad islamique de vidéos de propagande montrant deux d'entre eux, très affaiblis et amaigris, ont suscité colère et émotion en Israël, mais aussi à l'étranger.

Le Forum des familles, principale organisation représentant ces familles, en a appelé solennellement au chef d'état-major Zamir avant la réunion de ce soir: «ne contribuez pas au sacrifice des otages!», alors que «80% de la population est favorable à un accord global» en échange du retour des otages, a affirmé cette organisation.

Du côté palestinien, une extension des opérations de l'armée «signifie plus de destruction et de mort», s'inquiète Ahmad Salem (45 ans), résident du camp de réfugiés de Jabalia, interrogé par l'AFP.

«Nous vivons chaque jour avec anxiété et peur de l'inconnu. (...) Il n'y a aucun endroit sûr à Gaza. Si Israël commence et étend ses opérations terrestres à nouveau, nous serons les premières victimes (...). Nous ne pouvons pas en supporter davantage».

Dans Gaza, un porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a fait état de la mort de 33 personnes tuées depuis l'aube par des frappes ou des tirs israéliens, dont 8 qui attendaient de l'aide dans le corridor de Moraj, dans le sud.

Avec AFP

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