
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a annoncé dans une interview diffusée jeudi sur Fox News qu’Israël avait «l’intention» de prendre le contrôle de la bande de Gaza, sans toutefois «la gouverner» ou la «garder».
Il a affirmé en outre vouloir passer par la suite «le relais à des forces arabes», sans «menacer» Israël et «en offrant une vie agréable aux habitants».
Par la suite, le cabinet de sécurité israélien s’est réuni dans la nuit de jeudi à vendredi. Selon le communiqué officiel, ce cabinet a adopté cinq principes pour finir la guerre: le désarmement du Hamas, le retour de tous les otages qu’ils soient vivants ou morts, la démilitarisation de la bande de Gaza, le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza et l’établissement d’une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne.
Selon la radio publique israélienne Kan, le plan approuvé, en plusieurs étapes, prévoit de «conquérir la ville de Gaza, dont les habitants seront évacués dans les deux prochains mois» vers des camps de réfugiés. «Ensuite, les troupes encercleront la ville et opéreront à l'intérieur.»
La ville de Gaza regroupe actuellement, selon France 24, environ 800 000 Palestiniens, qui seront selon le plan évacués vers le sud.
Pour le quotidien Israel Hayom, ce plan, à l'heure où les négociations sont au point mort, «sert de facto d'ultimatum au Hamas: accepter l'accord sur la table ou laisser Israël conquérir toute la bande de Gaza».
Actuellement, l'armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75 % de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière.
Israël avait déjà occupé Gaza en 1967 et implanté un ensemble de 21 colonies, démantelées lors de son retrait unilatéral en 2005.
Un plan qui ne fait pas l’unanimité
Le chef de l'opposition israélienne, Yaïr Lapid, a fustigé vendredi une «catastrophe» qui va amener «la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et (provoquer) une faillite diplomatique».
Fait plus rare, le chef d’état-major israélien, le lieutenant-général Eyal Zamir a selon la presse israélienne fait part de ses réserves quant à une conquête totale de la bande de Gaza lors d’une réunion de sécurité de haut niveau, car cette décision mettrait selon lui non seulement en danger les troupes israéliennes, mais également la vie des otages encore détenus par le Hamas.
Le 4 août, près de 600 anciens responsables de l’appareil sécuritaire israélien, dont d’anciens dirigeants du Mossad et du Shin Bet, avaient appelé le président américain Donald Trump à faire pression sur Netanyahou pour mettre fin à la guerre.
Israël se prépare à commettre un «nouveau crime de guerre» avec son plan de prendre le contrôle de la ville de Gaza, «une aventure criminelle qui lui coûtera cher» et aboutira au «sacrifice des otages», a affirmé vendredi le Hamas.
Le plan du gouvernement israélien «doit être immédiatement stoppé», a déclaré de son côté le Haut-Commissaire aux droits de l'homme Volker Türk dans un communiqué.
Ce plan «va à l'encontre de la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible, de la réalisation de la solution à deux États convenue et du droit des Palestiniens à l'autodétermination», a ajouté Volker Türk.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé vendredi la suspension des exportations d'armes qu'Israël pourrait utiliser à Gaza, après l'annonce du plan israélien pour le contrôle de la ville palestinienne.
Il devient «de plus en plus difficile de comprendre» en quoi le plan militaire israélien permettrait d'atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza et, «dans ces circonstances, le gouvernement allemand n'autorise pas, jusqu'à nouvel ordre, les exportations d'équipements militaires susceptibles d'être utilisés dans la bande de Gaza», a déclaré M. Merz, cité dans un communiqué.
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