Le sommet en Alaska est une «victoire» pour Poutine, estime Zelensky
Ce montage de photos d’archives, créé le 8 août 2025, montre (de g. à d.) une photo transmise par le service de presse de la présidence ukrainienne le 27 juin 2024, le président américain élu Donald Trump, et le président russe Vladimir Poutine. ©Diverses sources / AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé mardi que la rencontre prévue entre Vladimir Poutine et Donald Trump était une «victoire personnelle» pour le dirigeant russe, tout en soulignant que Kiev excluait tout retrait de ses forces dans l'est de l'Ukraine dans le cadre d'un possible accord de paix.

S'adressant à la presse depuis Kiev, M. Zelensky a par ailleurs confirmé que des «groupes» de soldats russes avaient réussi à avancer d'environ 10 kilomètres dans certains secteurs du front, mais a assuré qu'ils seraient détruits.

Ces avancées font craindre une percée favorable au Kremlin avant le sommet très attendu entre Vladimir Poutine et son homologue américain, en Alaska, pour discuter d'un possible règlement du conflit.

L'une des solutions évoquées par Washington, sans plus de précisions, serait un échange de territoires entre les deux pays. Une proposition balayée par Kiev et ses alliés européens.

Mardi, Volodymyr Zelensky a estimé que cette venue de Vladimir Poutine aux États-Unis, isolé du monde occidental depuis son invasion à grande échelle de l'Ukraine en février 2022, était d'ores et déjà une «victoire» pour le chef du Kremlin.

«Il (Poutine) aura une rencontre sur le territoire américain, ce qui est, je pense, pour lui une victoire personnelle», a déclaré M. Zelensky, ajoutant que cette rencontre faisait sortir Vladimir Poutine de son «isolement» et retardait de possibles nouvelles sanctions américaines contre Moscou.

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, ont eu mardi un entretien téléphonique pour discuter «de la préparation» du sommet, a indiqué Moscou.

Plus tôt, s'exprimant auprès d'une radio américaine, M. Rubio a assuré que, pour Donald Trump, cette rencontre avec M. Poutine «n'est pas une concession».

La porte-parole du dirigeant américain, Karoline Leavitt, a, elle, affirmé que l'objectif de la rencontre était pour Donald Trump «d'avoir une meilleure compréhension de la façon dont nous pouvons mettre fin à cette guerre».

Elle a indiqué que le sommet se tiendrait à Anchorage, la principale ville de l'Alaska, et que le président américain espérait qu'une rencontre trilatérale avec MM. Poutine et Zelensky se tiendrait ensuite pour régler le conflit.

Pas de retrait du Donbass

Pour sa part, le dirigeant ukrainien a écarté tout retrait de ses troupes dans l'est de l'Ukraine.

«Nous ne nous retirerons pas du Donbass (qui comprend les régions ukrainiennes de Donetsk et Lougansk, NDLR)», a déclaré M. Zelensky, estimant que si ce territoire tombait sous le contrôle de Moscou, il servirait ensuite de tremplin au Kremlin pour une «offensive future» contre l'Ukraine.

Avant son retour à la Maison Blanche, le président américain s'était vanté de pouvoir mettre un terme à trois ans d'invasion russe en «24 heures».

Mais ses ambitions ont été douchées par l'échec de trois cycles de pourparlers de paix entre Kiev et Moscou organisés récemment en Turquie.

À ce stade, Moscou réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce à une adhésion à l'Otan.

Des exigences inacceptables pour Kiev, qui veut le retrait des troupes russes de son territoire et des garanties de sécurité occidentales, notamment la poursuite des livraisons d'armements, ce à quoi s'oppose Moscou.

La rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine a suscité des inquiétudes quant à la possibilité qu'un accord, conclu sans l'Ukraine, la forcerait à céder à la Russie des territoires.

Lundi, Donald Trump s'était dit «contrarié» par le refus, signifié par Kiev, d'abandonner du terrain, en insistant sur le fait qu'il y aurait «des échanges de territoires».

M. Zelensky et des dirigeants européens doivent s'entretenir mercredi avec M. Trump.

Attaques russes

Sur le front, les combats continuent à faire rage. Ce conflit, le pire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a causé des dizaines de milliers de morts et de blessés, voire des centaines de milliers.

Ces derniers jours, les troupes russes, plus nombreuses et mieux équipées, ont effectué une avancée de plusieurs kilomètres dans un secteur stratégique de la région de Donetsk, au nord-est de la ville de Pokrovsk, selon des analystes.

Volodymyr Zelensky a assuré mardi que les "groupes" de soldats russes qui avaient avancé d'environ 10 kilomètres dans cette partie du front «n'ont pas d'équipements (lourds), seulement leurs armes dans les mains».

«Certains ont été détruits, d'autres faits prisonniers. Nous trouverons les autres et les détruirons prochainement», a-t-il affirmé.

Selon M. Zelensky, ces attaques visent à diffuser «le récit» que «la Russie avance» et que «l'Ukraine perd» avant la rencontre Poutine-Trump.

Il a par ailleurs affirmé que Moscou préparait de «nouvelles opérations offensives» dans trois secteurs.

AFP

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