
Les températures caniculaires, comme celles enregistrées actuellement, illustrent la multiplication et l’intensification des vagues de chaleur en Europe, conséquence directe du réchauffement climatique selon les scientifiques.
Cinq points à retenir sur les vagues de chaleur traversées au XXIᵉ siècle par l’Europe, «le continent qui se réchauffe le plus rapidement» au monde, selon l’observatoire européen du changement climatique Copernicus.
L’électrochoc de 2003
L’intense canicule qui frappe l’Europe de l’Ouest durant la première moitié d’août 2003 crée un véritable électrochoc dans plusieurs pays. Les années qui suivent, plusieurs pays mettent en place des systèmes d’alerte sur les vagues de chaleur, comme le «plan canicule» créé en France.
Les températures exceptionnelles subies en France, Italie, Espagne et Portugal entraînent des dizaines de milliers de morts: des travaux scientifiques postérieurs ont évalué à 70.000 les «décès supplémentaires» dans seize pays.
La canicule de 2003 n’est pas le seul épisode meurtrier: celle qui a frappé la Russie en 2010 a entraîné 56.000 «décès supplémentaires», selon l’agence russe des statistiques Rosstat, tandis que 60.000 décès sont attribuables aux chaleurs de l’été 2022 dans 35 pays européens, selon une étude franco-espagnole (Inserm/ISGlobal).
D’est en ouest, du nord au sud
Si la canicule de 2003 s’est abattue principalement sur l’ouest et le sud de l’Europe, le continent a été concerné dans toutes ses régions par les vagues de chaleur depuis le début du siècle.
En 2010, c’est l’Europe de l’Est qui étouffe, en premier lieu la Russie. Cet épisode exceptionnellement long de 45 jours est marqué par une température record de 37,2°C en juillet à Moscou.
En juin et juillet 2019, la moitié nord de l’Europe souffre surtout, avec des températures record aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni. Le record français (46°C) date aussi de cet été-là.
En 2021, c’est le sud de l’Europe qui suffoque avec un record absolu de température en août pour l’Espagne et la «pire canicule depuis 1987» pour la Grèce.
En 2023, une chaleur anormale s’abat en juin sur le nord de l’Europe. Puis c’est le sud qui étouffe, en juillet et août, avec des températures ressenties de 38 à 46°C, selon Copernicus.
Plus précoces, plus tardives
Plus étendues géographiquement, les vagues de chaleur européennes prennent aussi plus de place dans le calendrier.
En 2019 puis à nouveau en 2022, la première vague de chaleur qui s’abat sur l’Europe arrive à la mi-juin avec, par exemple, des records de chaleur battus en 2022 pour un mois de juin en Allemagne et en Autriche.
L’année suivante, la vague de chaleur européenne s’étend jusqu’en septembre, accentuant la sécheresse sur l’Europe du sud et compliquant en France l’organisation du Mondial-2023 de rugby.
Plus fréquentes
Études et organismes scientifiques s’accordent sur la fréquence accrue des épisodes caniculaires en Europe. «Le changement climatique est un facteur important contribuant à accroître fréquence et intensité des vagues de chaleur», souligne Copernicus.
Une étude germano-roumaine passant en revue les vagues de chaleur de 1921 à 2021 conclut à un «accroissement significatif de la fréquence des vagues de chaleur à travers la plupart des régions d’Europe, tout spécialement ces trente dernières années».
Météo France note que sur les 50 vagues de chaleur recensées à l’échelle nationale depuis 1947, 33 se sont produites depuis 2000.
Records absolus de températures
Les canicules du XXIᵉ siècle en Europe s’accompagnent de températures record comme le pic absolu pour l’Europe atteint le 11 août 2021 à Syracuse en Sicile (Italie) avec 48,8°C, homologué par l’Organisation météorologique mondiale.
D’autres records nationaux ont été enregistrés dans plusieurs pays du continent ces dernières années.
PAYS | TEMPERATURE | DATE |
France | 46°C | Juin 2019 |
Portugal | 47,3°C | Août 2003 |
Espagne | 47,4°C | Août 2021 |
Allemagne | 41,2°C | Juillet 2019 |
Royaume-Uni | 40,3°C | Juillet 2022 |
Par Olivier THIBAULT/AFP
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