
Pression diplomatique des Européens et de Volodymyr Zelensky, poussée militaire en Ukraine de la Russie: chaque camp cherche à affirmer sa position avant la réunion vendredi en Alaska de Vladimir Poutine et de Donald Trump.
Le président américain, qui a dit vouloir «tâter le terrain» avec son homologue russe, a jugé mercredi que deux issues étaient possibles.
Si l’entretien se passe bien, il débouchera «presque immédiatement» sur une rencontre à trois entre le président russe, Volodymyr Zelensky et lui-même, pour mettre un terme à la guerre déclenchée en février 2022 par l’invasion russe.
Mais si sa première réunion en personne avec le maître du Kremlin depuis 2019 tourne mal, Donald Trump a assuré qu’il n’y aurait pas de «seconde rencontre» pour mettre fin au plus sanglant conflit en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.
Piqué à vif par des commentaires de presse présentant la tenue du sommet comme une victoire diplomatique pour Vladimir Poutine, le président américain a assuré que la Russie ferait face à des «conséquences très graves» si elle n’acceptait pas de mettre fin à la guerre.
Mais il n’a pas précisé cette menace, qui n’est d’ailleurs pas la première du genre.
Donald Trump doit prendre la parole jeudi dans le Bureau ovale, mais la Maison Blanche n’a pas précisé l’objet de son allocution.
Mercredi, dans les rues du centre-ville d’Anchorage, pas de rues bouclées, de quartiers barricadés, ni même de présence policière visible.
Rien ne laisse deviner, à première vue, que se prépare cette réunion de la plus haute importance.
Mais à l’aéroport, les journalistes encombrés de caméras se mêlent aux touristes chargés de cannes à pêche. Les hôtels affichent complets, les loueurs de voiture sont dévalisés.
Les deux dirigeants se rencontreront sur la base militaire d’Elmendorf-Richardson, dont l’importance stratégique a culminé pendant la Guerre froide.
«Très bon appel»
Pour permettre la venue de la délégation russe, le Trésor américain a décidé vendredi de suspendre temporairement des sanctions prises contre Vladimir Poutine et plusieurs hauts responsables depuis le début de la guerre en Ukraine.
Jusqu’au bout, chaque partie s’efforce de consolider sa position: sur le front pour les Russes, par la voie diplomatique pour Kiev et les Européens.
Donald Trump a assuré avoir eu un «très bon appel» mercredi avec le président ukrainien et des dirigeants des pays européens, de l’UE et de l’Otan.
«Nous espérons que le thème central de la réunion» vendredi sera «un cessez-le-feu immédiat», a déclaré Volodymyr Zelensky.
Il redoute que le sommet entre les présidents russe et américain n’aille plus loin, esquissant un règlement à long terme du conflit au détriment de son pays.
Les Européens se sont donc efforcés mercredi d’influencer l’état d’esprit dans lequel Donald Trump, dirigeant au tempérament volatil, aborde la réunion.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a évoqué une chance «réelle» de cessez-le-feu.
Vladimir Poutine se prépare lui à faire la traversée jusqu’en Alaska sur fond de progression accélérée des forces russes en territoire ukrainien.
Les troupes russes ont dit avoir conquis plus de 110 km2 supplémentaires au 12 août par rapport à la veille, ce qui n’était plus arrivé depuis fin mai 2024.
«Echanges de territoires»
Signe de la dégradation de la situation, l’Ukraine a ordonné mercredi l’évacuation de familles dans une dizaine de localités dans l’est.
Au moins trois personnes ont été tuées dans des tirs d’artillerie et des raids de drones russes dans la région de Kherson (sud) tôt mercredi, d’après les autorités régionales.
La Russie réclame que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’Otan.
Pour Kiev, ces exigences sont inacceptables.
Donald Trump a prédit «des échanges de territoires», à un moment où les soldats russes occupent environ 20% de l’Ukraine.
Volodymyr Zelensky a exclu tout retrait de zones de l’est de l’Ukraine dans le cadre d’un accord de paix.
Pour le chancelier allemand Friedrich Merz, l’Ukraine «est prête à discuter de questions territoriales» mais pas d’«une reconnaissance légale» de l’occupation par la Russie de certaines parties de son territoire.
«Les questions territoriales (...) ne seront négociées que par le président ukrainien», a de son côté martelé Emmanuel Macron.
Moscou de son côté a jugé «insignifiantes» ces consultations entre Américains et Européens.
Par Aurélia END et Robin LEGRAND, avec Pierrick YVON à Berlin et Barbara WOJAZER à Kramatorsk/AFP
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