Ukraine: de la première balle au sommet Trump-Poutine
Des manifestants brandissent un immense drapeau ukrainien lors d’un rassemblement de soutien à l’Ukraine le long de la Seward Highway, à Anchorage, en Alaska, le 14 août 2025, à la veille de la rencontre prévue entre les présidents américain et russe. ©Drew Angerer / AFP

Avant que Donald Trump et Vladimir Poutine ne se retrouvent vendredi soir en Alaska pour discuter d’un éventuel cessez-le-feu, retour sur les moments clés qui ont jalonné la guerre en Ukraine.

Tout commence sur la place Maïdan, au cœur de ce que l’Histoire retiendra comme «La Révolution de la dignité», ou «Euromaïdan». En novembre 2013, des milliers d’Ukrainiens se rassemblent à Kiev pour dire «non à un virage pro-russe» et réclamer «un avenir européen». Des mois de protestation violemment réprimés qui mènent à la fuite du président Viktor Ianoukovytch en février 2014. Dans la foulée, la Russie s’empare de la Crimée et soutient les séparatistes du Donbass. La guerre est là. Les accords de Minsk, en 2014 et 2015, tentent d’instaurer un cessez-le-feu. Ils échouent.

2022: le basculement

Le 24 février, la Russie lance une invasion massive. Les troupes avancent sur plusieurs fronts, mais échouent à prendre la capitale. Marioupol tombe après un siège dévastateur. À l’automne, Kiev contre-attaque et reprend du terrain dans la région de Kharkiv et une partie de Kherson. Moscou annonce l’annexion de quatre régions ukrainiennes, condamnée par la communauté internationale.

2023: la guerre d’usure

Les combats se concentrent sur l’est. Bakhmout devient le symbole d’une bataille acharnée: neuf mois de siège avant que Moscou ne revendique la victoire. En juin, une nouvelle contre-offensive ukrainienne reprend quelques villages dans le Sud-Est, mais les gains restent limités.

2024-2025: nouvelles offensives, nouvelles blessures

Au printemps 2024, la Russie reprend l’initiative et frappe dans la région de Kharkiv. L’été voit un événement inédit: une incursion ukrainienne sur le sol russe, dans la région de Koursk, selon les autorités russes. Moscou mobilise même des renforts étrangers, y compris nord-coréens. En 2025, les attaques aériennes s’intensifient. Plus de missiles, plus de drones… et plus de victimes.

Un bilan humain et matériel

Le coût humain, cumulé sur plusieurs années de guerre, donne le vertige. Le 31 juillet dernier, Kiev subit l’une des pires frappes depuis le début de la guerre: 31 morts, dont 5 enfants, et plus de 150 blessés. Selon The Guardian, citant une étude du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), la Russie aurait perdu plus d’un million d’hommes, dont environ 250.000 seraient morts. Du côté ukrainien, le CSIS évoque près de 400.000 militaires tués ou blessés. Ces chiffres donnent une idée de l’ampleur de la guerre, même s’ils ne sont pas exacts au chiffre près.

Chez les civils, la tendance est à la hausse. L’ONU, via sa Mission des droits de l’homme en Ukraine (OHCHR), note qu’en juin 2025, le pays a connu son mois le plus meurtrier en trois ans: 1.575 victimes civiles, dont 232 morts. En juillet, le bilan monte encore: 286 morts et 1.388 blessés.

La guerre frappe aussi la Russie. Dans la région de Belgorod, les autorités locales affirmaient au printemps 2024 qu’au moins 120 civils avaient été tués depuis 2022 par des frappes venues d’Ukraine. À Koursk, Moscou évoque 56 morts lors de l’incursion ukrainienne de 2024, selon des chiffres rapportés par Reuters.

Les dégâts matériels sont tout aussi vertigineux. La Banque mondiale, avec l’ONU et la Commission européenne, estime à 524 milliards de dollars les besoins de reconstruction sur dix ans, un décompte arrêté fin 2024. Reuters et le Pnud détaillent les secteurs les plus touchés: logement, énergie, transports. Et l’HCR recense, début 2025, près de 7 millions de réfugiés ukrainiens à l’étranger et près de 3,7 millions de déplacés à l’intérieur du pays.

Pourquoi l’Alaska?

Ce choix n’est pas anodin. Alaska fut un territoire russe jusqu’à sa vente aux États-Unis en 1867. C’est un pont géographique entre les deux pays et un symbole historique. La rencontre est prévue sur la Joint Base Elmendorf-Richardson, en format restreint. Reuters et The Times ont détaillé l’horaire et le lieu, en soulignant aussi un aspect juridique: les États-Unis ne sont pas signataires du Statut de Rome, traité international, adopté le 17 juillet 1998, qui a établi la Cour pénale internationale (CPI). The Times note que ce déplacement ne fait pas peser sur Poutine l’obligation d’arrestation liée au mandat de la CPI.

Aujourd’hui, rien n’est réglé

Les lignes de front bougent peu, l’Ukraine dépend plus que jamais de l’aide occidentale et la Russie maintient la pression. C’est dans ce contexte que le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine vont se parler, loin de Kiev, loin de Moscou… et sans l’Ukraine à la table.

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