
Fin des exclusivités, blockbusters sur le déclin... Face à une crise de croissance qui s'éternise, l'industrie du jeu vidéo se cherche un nouveau modèle alors que s'ouvre à Cologne (Allemagne) la Gamescom, l'un des principaux salons du secteur, en attendant le mastodonte GTA VI.
Après une soirée de lancement mardi présentant les principales sorties de la fin de l'année – avec en point d'orgue le nouveau Call of Duty «Black Ops 7» – et une journée consacrée aux professionnels mercredi, la grand-messe du jeu vidéo accueillera le public de jeudi à dimanche.
L'an dernier, près de 335.000 visiteurs ont arpenté les allées de l'imposant Koelnmesse, où chaque studio dispose d'un stand pour permettre de tester les dernières nouveautés.
Absent en 2024, Nintendo signe son retour, auréolé du lancement record de la Switch 2, tandis que Xbox (Microsoft) présentera ses nouvelles consoles portables attendues pour la fin de l'année.
Mais le japonais Sony a préféré faire l'impasse.
L'ambiance s'annonce mitigée pour les quelque 1.500 exposants: si tous les voyants économiques sont au vert chez les principaux éditeurs, les vagues de licenciements continuent.
Microsoft a annoncé début juillet réduire ses effectifs de près de 9.000 salariés, entraînant le départ de centaines d'employés de ses studios comme King («Candy Crush») et l'annulation de jeux («Perfect Dark», «Everwild»...).
La fin des rivalités
Après des années fastes liées aux confinements, «l'industrie est en train de se consolider» et «pour devenir plus rentables, ces entreprises se contentent souvent de réduire leurs effectifs», indique à l'AFP Rhys Elliott, expert au cabinet spécialisé Alinea Analytics.
Selon le site Game Industry Layoffs, près de 30.000 salariés du secteur ont perdu leur emploi depuis début 2023, dont plus de 4.000 cette année.
Dans un marché mondial plutôt stable (estimé à 188,9 milliards de dollars en 2025 selon le cabinet Newzoo) et où le nombre de titres disponibles ne cesse de croître, le temps de jeu tout comme le nombre de joueurs stagnent.
Face aux géants «Fortnite» et «Roblox», fréquentés chaque mois par plusieurs centaines de millions de joueurs, «tout le monde se bat pour une part de plus en plus petite du gâteau», estime Mat Piscatella, expert chez Circana.
À la traîne dans les ventes de consoles, Xbox, premier éditeur de jeux au monde, a récemment opéré un changement de stratégie gagnant en distribuant plus largement certains titres jusque-là exclusifs à sa plateforme.
«Les jeux Microsoft connaissent un très grand succès sur PlayStation», constate Mat Piscatella. Son éternel rival Sony «génère aussi beaucoup d'argent en vendant ces jeux dans sa boutique en ligne», donc «tout le monde est gagnant», affirme-t-il.
Un mouvement suivi dans une certaine mesure par PlayStation qui, en plus de porter ses exclusivités sur PC depuis plusieurs années, rend disponible pour la première fois son jeu «Helldivers 2» sur la console de Microsoft.
Nouveau modèle
L'enjeu est de taille, car le coût exponentiel des superproductions, qui se chiffre désormais en centaines de millions d'euros, met en péril les studios en cas d'échec.
À l'inverse, des titres aux budgets resserrés ont créé la surprise comme le français «Clair Obscur: Expedition 33», avec près de 4 millions d'exemplaires vendus.
«Toute l'industrie se précipite vers ce modèle», relève Christopher Dring, fondateur du site spécialisé The Game Business. Il prouve «qu'il n'est pas nécessaire de dépenser des sommes astronomiques pour créer un jeu de grande qualité susceptible de plaire à un large public».
Mais «pour un succès comme Clair Obscur, il y a dix jeux qui ne trouvent pas leur public», tempère Mat Piscatella, pointant «l'hyper compétitivité» d'un secteur où les financements sont toujours difficiles à décrocher pour les studios de plus petite taille.
Pour autant, les blockbusters n'ont pas dit leur dernier mot.
Attendu le 26 mai 2026, la superproduction «Grand Theft Auto VI» (GTA VI) de Rockstar Games est en piste pour devenir le plus grand lancement d'un produit de divertissement de tous les temps.
Par Kilian FICHOU/AFP
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