Trump veut renforcer son contrôle sur la Fed en poussant une responsable à la démission
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Mécontent de la politique monétaire menée par la Réserve fédérale (Fed), le président américain Donald Trump souhaite renforcer son contrôle sur l'institution, en appelant notamment à la démission d'une de ses responsables, Lisa Cook, afin de pouvoir la remplacer par une personne plus proche de ses idées.

Avant même son retour à la Maison Blanche, fin janvier, le républicain de 79 ans s'en est pris régulièrement au président de la Fed, Jerome Powell, l'accusant de trop tarder à abaisser les taux, ce qui permettrait, selon lui, de réduire le coût de la dette américaine.

Mais plus encore, une baisse des taux permettrait de venir en soutien de sa politique économique, droits de douane et baisse d'impôts pour les plus riches notamment, en augmentant l'accès à l'emprunt.

Mercredi, le président américain s'en est cependant pris à une autre membre du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), Lisa Cook, la première femme afro-américaine à être nommée au prestigieux poste de gouverneure, en 2022 par Joe Biden.

Et pour cause: le président de la Fed n'est qu'une voix parmi les douze membres du FOMC, organe qui détermine les mouvements des taux de la banque centrale américaine, s'en débarrasser pourrait donc s'avérer insuffisant pour faire pivoter la politique monétaire de l'institution.

Tout est parti d'accusations venant du responsable de l'Agence de financement du logement (FHFA), Bill Pulte, nommé par M. Trump, selon qui Mme Cook aurait "falsifié des documents de banque et des registres de propriété afin d'obtenir des conditions d'emprunt favorables" pour deux prêts immobiliers, a rapporté l'agence spécialisée Bloomberg.

Le directeur de la FHFA a demandé dans la foulée au département de la Justice d'ouvrir une enquête visant Lisa Cook, estimant qu'une "fraude au prêt immobilier relève de la législation pénale", selon le document reproduit par l'agence de presse.

Lisa "Cook doit démissionner dès maintenant!", a écrit le président américain, partageant l'article de Bloomberg.

Lisa Cook a démenti, soulignant que le prêt avait été effectué avant qu'elle ne rejoigne la Fed. "Je n'ai pas l'intention de me laisser intimider et de démissionner de mon poste", a-t-elle assuré dans une déclaration transmise à l'AFP.

Une telle démission permettrait à Donald Trump de renforcer son contrôle sur la Fed en disposant de deux sièges à renouveler, pour y désigner des personnalités économiques plus en ligne avec sa politique.

Le dirigeant américain attaque sans relâche le président de l'institution, Jerome Powell, selon lui "trop lent" à baisser les taux d'intérêt, et espère le remplacer par une personne plus proche de ses idées à l'issue du mandat de M. Powell, en mai prochain.

"Quelqu'un pourrait dire à +Trop lent+ Powell qu'il abîme le secteur de la construction? Les gens n'ont plus accès aux prêts immobiliers, tout pointe vers la nécessité d'une importante baisse des taux. +Trop lent+ catastrophe", a de nouveau écrit mardi soir Donald Trump, sur son compte Truth Social.

Le choix de son successeur est une nomination hautement stratégique, à l'heure où la guerre douanière lancée par le président américain rend les perspectives économiques incertaines.

Selon le secrétaire au Trésor Scott Bessent, le gouvernement américain dispose de onze candidats pour le poste, parmi lesquels il compte présenter plusieurs noms à Donald Trump début septembre.

Parmi les personnalités vues comme de potentiels successeurs de M. Powell, l'actuel principal conseiller à l'économie du président américain, Kevin Hasset, ou un ancien membre de la Fed, Kevin Warsh, sont celles citées le plus régulièrement.

Le président américain a déjà profité de la démission d'une autre responsable de la Fed, Adriana Kugler, pour nommer un de ses proches conseillers économiques, Stephen Miran, avant le renouvellement prévu pour ce poste, fin janvier prochain.

La nomination de Stephen Miran, qui conseillait jusqu'ici le président et défendait sa politique économique dans les médias, doit encore être confirmée par le Sénat à majorité républicaine.

Avec AFP

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