Israël a approuvé un plan majeur de colonisation en Cisjordanie
Israël valide 3 400 logements en Cisjordanie . L’ONU dénonce une menace directe à la solution à deux États. ©Jaafar Ashtiyeh / AFP

Israël a approuvé mercredi un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants, car il devrait couper ce territoire palestinien en deux, compromettant toute continuité territoriale d'un éventuel État palestinien.

«Je suis heureux d'annoncer qu'il y a une heure à peine, l'administration civile a approuvé la planification pour la construction du quartier E1 !» a annoncé dans un communiqué Guy Yifrah, maire de la colonie israélienne de Maalé Adoumim.

La perspective de l'approbation de ce projet emblématique et controversé par un comité technique israélien avait suscité la semaine dernière une levée de boucliers dans le monde.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne a «condamné dans les termes les plus forts» cette décision qui «compromet les perspectives de mise en œuvre de la solution à deux États (...) en fragmentant l'unité géographique et démographique de l'État palestinien».

«Cela ancre la division de la Cisjordanie en zones et cantons isolés, déconnectés géographiquement et ressemblant à de véritables prisons où les déplacements entre eux ne sont possibles qu'à travers des points de contrôle d'occupation, au milieu de la terreur des milices de colons armés disséminées dans toute la Cisjordanie», a estimé l'Autorité palestinienne.

L'Autorité voit dans le projet E1 un nouveau «crime de colonisation» et une nouvelle étape de «l'annexion progressive de la Cisjordanie».

Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, une figure de l'extrême droite, avait appelé jeudi à accélérer sa mise en œuvre et à annexer la Cisjordanie, territoire palestinien par Israël depuis 1967, en riposte aux annonces de plusieurs pays de leur intention de reconnaître un État de Palestine.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a condamné fermement mercredi cette décision.

«Les colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, violent le droit international et vont directement à l'encontre des résolutions des Nations Unies. L'avancement de ce projet constitue une menace existentielle pour la solution à deux États», a souligné son porte-parole dans un communiqué.

Le chef de la diplomatie britannique David Lammy a appelé «le gouvernement israélien à revenir sur cette décision», son homologue italien Antonio Tajani jugeant le projet «inacceptable», dans des réactions publiées sur X mercredi.

Le roi Abdallah II de Jordanie a également affirmé mercredi le rejet par son pays du projet E1, déclarant que «la solution à deux États est le seul moyen d'atteindre une paix juste et globale».

L'ONG israélienne anti-colonisation La Paix maintenant a mis en garde contre un «plan fatal pour l'avenir d'Israël et pour toute chance d'une solution à deux États».

Hors Jérusalem-Est, et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967.

Elle s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, particulièrement depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

Les affrontements, parfois meurtriers, entre populations locales palestiniennes, armée et colons juifs s'y sont multipliés.

Les autorités israéliennes restreignent fortement les déplacements des Palestiniens de Cisjordanie, tributaires de permis pour franchir les points de contrôle et entrer dans Jérusalem-Est ou en Israël.

L'ONG Ir Amim, qui travaille sur les droits des Palestiniens, a estimé sur X que le projet d'E1 vise «à enterrer la possibilité d'un État palestinien et à annexer effectivement la Cisjordanie».

Pour cette ONG, «il s'agit d'un choix délibéré d'Israël pour mettre en œuvre un régime d'apartheid».

Avec AFP

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