Avec le lancement d'une antenne de leur ministère de l'Économie dans le métavers, les Émirats arabes unis se muent doucement en un acteur majeur dans le domaine des sciences et des technologies.
C'est entre les murs du Musée du Futur à Dubaï, un bâtiment à l'architecture hors norme en forme d'anneau, que le riche émirat du Golfe a accueilli pendant deux jours des centaines de représentants des géants mondiaux de la tech. Tous sont venus explorer le potentiel du métavers, ce monde virtuel présenté comme l'avenir d'internet.
Vue du Musée du Futur dans l'émirat du Golfe de Dubaï. (GIUSEPPE CACACE / AFP)
Les Émirats arabes unis ambitionnent de devenir un acteur majeur dans le domaine des sciences et des technologies.
Objectif affiché: attirer 1.000 entreprises spécialisées dans la blockchain et les technologies virtuelles pour faire de Dubaï, connue pour ses projets immobiliers pharaoniques, «l'une des dix plus grandes économies du métavers au monde» d'ici 2030. Avec, à la clé, 4 milliards de dollars de contribution au PIB et la création de 40.000 emplois.
Propulsé sur le devant de la scène à l'été 2021, le métavers désigne un univers numérique et social, censé prolonger la réalité physique via la réalité augmentée ou virtuelle, et faire passer internet de la 2D à la 3D.
Travailler dans la réalité virtuelle est maintenant possible.
Phase de test
Pour l'heure, cet univers immersif dans lequel les internautes sont sensés pouvoir se divertir, étudier ou travailler, est encore en phase de «test», reconnaît le ministre émirati de l'Economie, Abdallah ben Touq Al-Marri, dans un entretien avec l'AFP. Mais la pandémie a «accéléré» la tendance, selon lui.
Selon le ministre, les Emirats, où plus de 90% des 10 millions d'habitants sont des expatriés, attirent depuis deux ans de plus en plus «d'investissements et de nouveaux talents».
Le pays a récemment assoupli ses conditions de résidence avec un nouveau visa dans le but de dynamiser son économie en attirant des travailleurs hautement qualifiés, comme les médecins, les ingénieurs, les scientifiques ou les artistes.
Jeff Weiser, PDG de la start-up Go to Market Translations, a rejoint un espace de travail en réalité virtuelle lorsque la pandémie du Covid-19 a frappé et qu'il ne pouvait pas se rendre dans son espace de co-working à Cincinnati, dans l'Ohio.
Il s'est également doté d'une loi sur les actifs virtuels, créé une autorité de régulation des cryptoactifs, et accueilli d'importantes plateformes d'échange de cryptomonnaies.
«Nos employés ont été formés pour qu'ils puissent s'immerger dans le métavers et interagir avec la génération Z», très friandes de services en lignes, affirme M. Marri.
Cette génération, née après 1990 et fan de jeux vidéo, fait l'objet de toutes les convoitises, notamment au Moyen-Orient, où près d'un tiers de la population a moins de trente ans.
Objectif Mars
Carrefour mondial de la finance, du transport aérien et des influenceurs, Dubaï, désormais pauvre en pétrole, a connu une ascension spectaculaire en misant sur le tourisme de luxe, un secteur immobilier hyperactif et, plus récemment, les nouvelles technologies.
Le Musée du Futur à Dubaï vu de l'intérieur.
Une formule qui séduit les entrepreneurs comme Amin Al Zarouni, fondateur de Bedu («bédouins» en arabe), l'une des premières startups émiraties qui s'est lancée dans le métavers avec un projet baptisé 2117, inspiré des ambitions spatiales de l'émir de Dubaï qui veut installer la première colonie sur Mars d'ici 100 ans.
Les utilisateurs du métavers peuvent ainsi acheter un billet pour monter à bord d'une navette virtuelle transportant les premiers colons vers la planète rouge.
«Plusieurs d'entre nous ne vivrons pas assez longtemps pour voir cette mission de nos propres yeux», explique le jeune entrepreneur. «Nous allons donc tenter de reproduire cette expérience dans le métavers».
Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, dont la maison mère a été rebaptisée Meta, depuis 2021.
Si cet univers immersif reste encore limité à une certaine niche de la tech, le métavers pourrait injecter 360 milliards de dollars au PIB des pays du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et de la Turquie dans 10 ans, souligne Meta, maison mère de Facebook et Instagram, dans un mail envoyé à l'AFP, citant Analysis Group, un cabinet de conseil économique.
Le géant américain des technologies admet toutefois que, pour y arriver, «beaucoup d'infrastructures et de technologies doivent encore être déployées». Mais «nous savons aussi que lorsqu'il y a des politiques en place pour encourager l’innovation» cela accélère les investissements en donnant «un signal clair à l'ensemble de l’écosystème».
C'est ce qu'on voit à Dubaï, selon Meta, qui affirme que les Emirats possèdent «une stratégie claire pour accélérer l'adoption du métavers et attirer les investissements» pour son développement.
Avec AFP
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