
Les forces de sécurité au Kurdistan d'Irak ont interpellé vendredi à l'aube, après plusieurs heures d'affrontements, Lahur Sheikh Jangi, figure de l'opposition et cousin de l'influente famille Talabani, l'un des deux clans au pouvoir dans la région autonome, a indiqué un responsable sécuritaire à l'AFP.
Issu du clan Talabani mais tombé en disgrâce, M. Jangi était autrefois un haut dirigeant au sein de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), un des deux partis historiques kurdes qui contrôlent Souleimaniyeh, deuxième ville de la région autonome dans le nord de l'Irak.
M. Jangi «s'est rendu» aux forces de l'ordre tandis que «son frère Bolad a été blessé à la jambe et a été arrêté», a indiqué le responsable sous couvert d'anonymat.
Les deux hommes étaient retranchés dans leur hôtel d'un quartier huppé de Souleimaniyeh, selon un correspondant de l'AFP qui a vu des volutes de fumée s'élever du secteur après un incendie provoqué par les combats.
Peu avant l'aube, quand les forces de l'ordre ont donné l'assaut, des affrontements ont éclaté avec des dizaines de combattants armés qui protégeaient les deux frères, les bruits des tirs retentissant dans toute la zone.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole du tribunal de Souleimaniyeh, le juge Salah Hassan, a indiqué qu'un mandat d'arrêt avait été émis jeudi à l'encontre de M. Jangi et plusieurs autres personnes «pour conspiration visant à porter atteinte à la sécurité et à la stabilité».
Il a précisé qu'il encourait sept ans de prison s'il était reconnu coupable.
Dès 2021, des dissensions sont apparues entre la fratrie de Lahur Sheikh Jangi et ses deux cousins, Bafel et Qubad Talabani, et il a progressivement été éloigné du pouvoir et des postes sécuritaires qu'il avait occupés.
Né en 1975, M. Jangi a fondé et dirigé pendant plus d'une décennie le service antiterroriste kurde de Souleimaniyeh, avant de présider une agence du Renseignement affiliée à l'UPK, selon son site Internet.
Il a également brièvement coprésidé l'UPK aux côtés de Bafel avant d'être évincé. En 2024, il a fondé le Front populaire, parti représenté au Parlement régional du Kurdistan avec deux députés.
Le Kurdistan irakien se présente comme une oasis de stabilité, mais militants et opposants dénoncent régulièrement corruption, arrestations arbitraires et atteintes à la liberté de la presse et de manifester.
Mi-août, Shaswar Abdulwahid, fondateur du principal parti d'opposition kurde «Nouvelle Génération», avait lui aussi été arrêté et placé en détention.
Avec AFP
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