
Le numéro un mondial des semi-conducteurs, Nvidia, a de nouveau réalisé des résultats trimestriels record, porté par la demande sans précédent des géants des technologies et malgré les restrictions américaines sur les ventes en Chine de certaines de ses puces d’intelligence artificielle (IA).
Le groupe californien a vu son chiffre d’affaires et son bénéfice net bondir de plus de moitié sur un an, à 46,7 et 26,4 milliards de dollars respectivement au deuxième trimestre de son exercice décalé.
Malgré ces résultats légèrement supérieurs aux attentes de Wall Street, son titre perdait près de 3% lors des échanges électroniques après la clôture de la bourse de New York mercredi.
Les performances de la première capitalisation boursière de la planète – plus de 4.000 milliards de dollars – sont particulièrement scrutées alors qu’elle n’a plus accès au très important marché chinois.
Lors du trimestre écoulé (de mai à juillet), le groupe n’a pu vendre en Chine aucune de ses puces H20 – des mini-processeurs moins sophistiqués, pourtant conçus pour respecter les restrictions d’exportation imposées par un gouvernement américain soucieux de maintenir sa suprématie mondiale dans l’IA.
Nvidia avait enregistré, au premier trimestre, une charge exceptionnelle de 4,5 milliards de dollars à cause de ces restrictions. Et malgré l’accord conclu par son patron, Jensen Huang, mi-août lors de sa rencontre avec Donald Trump – prévoyant un versement de 15% des ventes au gouvernement américain – l’obstacle n’est pas encore levé.
«Plaider»
«Si les problèmes géopolitiques reculent, nous pourrions exporter pour 2 à 5 milliards de dollars de recettes pour les puces H20 au troisième trimestre», a déclaré la directrice financière Colette Kress lors de la conférence aux analystes.
Elle a précisé que l’entreprise continuait à «plaider auprès du gouvernement américain pour l’approbation de l’exportation en Chine de Blackwell», l’une des puces les plus avancées de Nvidia.
«Chaque licence d’exportation, chaque vente que nous faisons bénéficiera à l’économie américaine et au leadership des États-Unis dans des marchés très compétitifs», a-t-elle assuré.
Même si le frein américain finit par se relâcher, Pékin tente désormais de dissuader ses entreprises d’acheter la puce H20, l’accusant de receler des failles de sécurité.
Nvidia a rejeté ces allégations mais vient d’ordonner à certains de ses fournisseurs de suspendre la production, selon le média américain spécialisé The Information.
«Cette suspension génère certes des incertitudes à court terme, mais la demande» des géants du cloud américains (Amazon, Microsoft, Google, etc.) «et l’adoption des nouvelles puces Blackwell devraient compenser la faiblesse du marché chinois», a commenté Josh Gilbert, analyste pour eToro.
Pour le trimestre en cours, Nvidia table sur 54 milliards de dollars de chiffre d’affaires, même sans vente de puces H20 en Chine.
Robots
Jensen Huang a dit s’attendre à ce que la croissance de sa société continue sur sa trajectoire impressionnante, grâce à l’essor de la nouvelle génération d’assistants et agents IA, capables de raisonner et d’accomplir des tâches complexes.
«Les besoins en puissance de calcul des modèles d’agents IA sont 100 fois ou 1.000 fois supérieurs» à ceux des anciens modèles d’IA générative, a-t-il souligné.
Le dirigeant parie aussi sur les puces pour les robots. Nvidia vient de sortir un nouveau produit surnommé «robot brain» (cerveau de robot) à 3.500 dollars, pour ses clients dans la robotique.
Les recettes des fameux mini-processeurs (GPU) pour les centres de données ont néanmoins légèrement déçu, à 41,1 milliards de dollars au lieu des 41,3 milliards attendus. Les puces Blackwell comptent aujourd’hui pour 50% de ces ventes.
«Bien qu’énormes, ces résultats montrent des signes que les dépenses des géants» de l’IA et du cloud «pourraient se réduire à la marge si les retours sur investissements des applications de l’IA restent difficiles à saisir», a commenté Jacob Bourne, analyste chez Emarketer.
Nvidia surfe depuis 2023 sur la révolution de l’IA générative lancée par ChatGPT (OpenAI). Ses clients, les géants américains des technologies, rivalisent à coup de dizaines de milliards de dépenses dans les infrastructures et la puissance de calcul nécessaires pour rester dans la course.
«Wall Street continue à sous-estimer la croissance exponentielle de la demande» pour ces micro-processeurs, moteurs de la «révolution de l’IA que mène Nvidia», a assuré Dan Ives, analyste chez Wedbush, avant la publication des résultats.
Par Julie JAMMOT et Benjamin LEGENDRE/AFP
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