
Le leader nord-coréen Kim Jong Un se rend cette semaine en Chine pour une exceptionnelle visite à l'étranger et une possible rencontre avec le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine.
Selon les experts, le voyage pourrait représenter une tentative de «formaliser» les liens trilatéraux naissants avec deux alliés majeurs clés – et pourrait même signaler le désir du dirigeant nord-coréen de jouer un rôle plus important sur la scène internationale.
Pour quelle occasion?
Pékin marque cette semaine le 80e anniversaire de la reddition du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale.
MM. Kim et Poutine feront partie des 26 chefs d'État présents et c'est la première fois que les trois dirigeants apparaîtront ensemble: un effort de Pékin pour remodeler les dynamiques de pouvoir mondiales sous l'influence de la Chine.
L'événement «formalise aux yeux du public la trilatérale Chine-Russie-Corée du Nord», estime Soo Kim, ancienne analyste de la CIA et consultante en risques géopolitiques.
«Quoi de mieux que d'envoyer un message visuel au reste du monde, notamment aux États-Unis, au Japon et à la Corée du Sud»?
Quelle signification?
La Corée du Nord et la Russie se sont rapprochées depuis l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine en 2022, Pyongyang soutenant Moscou en envoyant des armes et des milliers de soldats.
En approfondissant sa coopération militaire avec la Russie, Kim Jong Un a pu «sortir» de son isolement, après des années de sanctions menées par l'ONU en raison de son programme d'armement, poursuit la consultante en risques, Mme Kim.
Pékin n'a jamais dénoncé la guerre en Ukraine et de nombreux alliés de Kiev suspectent la Chine d'avoir offert tacitement son soutien à la Russie.
Par ailleurs, Pékin est toujours un des plus grands alliés de la Corée du Nord, et ce depuis la guerre de Corée (1950-1953).
En voyageant en Chine pour un événement majeur organisé par Xi Jinping, Kim Jong Un fait «un nouvel effort pour améliorer les relations de Pyongyang avec Pékin», analyse Yang Moo-jin, ancien président de l'Université des études nord-coréennes à Séoul.
«L'événement met en avant un alignement» Corée du Nord-Chine-Russie, «Pyongyang cherchant à se positionner comme un acteur clé dans le cadre trilatéral».
Qu'en est-il pour Kim?
Kim Jong Un a joui d'un gain de visibilité sur la scène internationale autour de 2018, en rencontrant tour à tour Donald Trump et le président sud-coréen de l'époque, avant de se retirer après l'échec du sommet de Hanoï avec Donald Trump en 2019.
La visite de M. Kim à Pékin pourrait indiquer que «comme son grand-père Kim Il Sung, il essaye d'être plus actif en termes de diplomatie», soutient M. Cheong.
C'est aussi que pour Pyongyang «le soutien chinois est essentiel», ajoute M. Cheong.
Le dirigeant chinois doit également se rendre en Corée du Sud plus tard cette année pour un sommet majeur, et la visite de Kim Jong Un pourrait être une tentative de contrebalancer le rapprochement de Xi Jinping avec le nouveau président de la Corée du Sud, Lee Jae Myung.
Quid de Trump?
L'événement coïncide avec les efforts de Donald Trump pour sceller la paix entre Kiev et Moscou.
Trump, qui a rencontré Kim Jong Un trois fois, a exprimé l'espoir de le rencontrer à nouveau.
Depuis leur sommet raté à Hanoï, la Corée du Nord s'est déclarée un état nucléaire «irréversible» et a rejeté toute suggestion d'amélioration des relations avec Séoul.
M. Poutine pourrait «servir d'intermédiaire utile (entre) Kim et Trump», estime Vladimir Tikhonov, professeur d'études coréennes à l'Université d'Oslo.
Et ensuite?
Si le voyage de Kim à Pékin est un succès, cela pourrait l'aider à obtenir ensuite des gains diplomatiques, soutient Lim Eul-chul, professeur à l'Institut des études de l'Extrême-Orient de l'université Kyungnam en Corée du Sud.
Une «visite réciproque» de Xi Jinping à Pyongyang est probable, ce que M. Kim pourrait exploiter pour des bénéfices politiques internes, a déclaré M. Lim à l'AFP.
Par Claire LEE/AFP
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