Le Nobel de médecine au fondateur de la paléogénomique
©Svante Pääbo recevant le prix 2016 du Breakthrough Prize. ©Steve Jennings/AFP
Fondateur de la paléogénomique, Svante Pääbo a fait un séquençage complet du génome de l’homme de Néandertal.

Le prix Nobel de médecine a été attribué lundi au Suédois Svante Pääbo, pionnier de la paléogénomique, pour le séquençage complet du génome de l’homme de Néandertal et la fondation de cette discipline qui remonte à l’ADN du fond des âges pour éclairer les gènes humains. L’an dernier, le prix était allé à deux Américains, David Julius et Ardem Patapoutian, pour leurs découvertes sur le fonctionnement du toucher.

«En révélant les différences génétiques qui distinguent tous les humains vivants des hominidés disparus, ses découvertes ont donné la base à l’exploration de ce qui fait de nous, humains, des êtres aussi uniques», a déclaré le jury Nobel, à l’annonce du lauréat. D’après le Larousse, l’hominidé est «un mammifère primate à locomotion partiellement ou totalement bipède présentant de fortes aptitudes à la vie sociale et à l’apprentissage, tel que l’homme actuel et les espèces fossiles les plus voisines considérées comme des ancêtres possibles de l’espèce humaine».

Agé de 67 ans et installé en Allemagne depuis des décennies, Svante Pääbo a découvert en 2009 qu’un transfert de gènes de l’ordre de 2% avait eu lieu entre ces hominidés aujourd’hui disparus et l’Homo sapiens. Ce flux ancien de gènes vers l’homme actuel a une pertinence physiologique aujourd’hui, par exemple en affectant la façon dont notre système immunitaire réagit aux infections.

«Les différences génétiques entre Homo sapiens et nos plus proches parents aujourd’hui éteints étaient inconnues jusqu’à ce qu’elles soient identifiées grâce aux travaux de Pääbo», a souligné le comité Nobel dans sa décision.

L’homme de Néandertal a cohabité un temps avec l’homme moderne en Europe avant de disparaître totalement il y environ 30.000 ans.

Pääbo, natif de Stockholm, avait été considéré comme Nobélisable depuis longtemps, mais avait disparu de la liste des favoris ces dernières années. Son père, Sune Bergström, avait également reçu le Nobel de médecine en 1982.


Le prix s’accompagne d’une récompense de 10 millions de couronnes (environ 920.000 euros), partagée entre les lauréats.

Prix très masculin

Avec ce 113e Nobel de médecine, ils sont désormais 226 individus à s’être vu décerner le prix «de physiologie ou de médecine» depuis sa création, dont 12 femmes. Aucune organisation n’a jamais été récompensée, ce qu’interdisent les règles de l’Institut Karolinska qui décerne le prix.

Des chercheurs américains ou basés aux États-Unis dominent encore largement les Nobel scientifiques ces dernières décennies, malgré les efforts des jurys pour sacrer davantage de femmes. Le millésime 2021 des Nobel n’avait pas dérogé à la règle, avec 12 lauréats et une seule lauréate. Tous les prix scientifiques étaient allés à des hommes.

Le prix Nobel se poursuit à Stockholm mardi avec la physique et mercredi avec la chimie, avant les très attendus prix de littérature jeudi et de la paix vendredi, seule récompense décernée à Oslo. Le plus récent prix d’économie clôt le millésime lundi prochain.

Avec AFP
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