La Chine est «inarrêtable», dit le président Xi devant Poutine et Kim
Sur cette photo collective diffusée par l'agence d'État russe Sputnik, (de gauche à droite) le président russe Vladimir Poutine marche aux côtés du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avant un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025. ©Sergey Bobylev / POOL / AFP

Une image pour l'Histoire : le président chinois Xi Jinping, son homologue russe Vladimir Poutine et le leader nord-coréen Kim Jong Un ont assisté ensemble mercredi à Pékin à un gigantesque défilé aux allures de démonstration de force militaire et diplomatique de la part d'un pays «inarrêtable» selon son chef.

Le président américain Donald Trump a répondu par le sarcasme tout en accusant Chine, Russie et Corée du Nord de «conspirer» contre les États-Unis.

Les trois dirigeants, M. Xi au centre, ont suivi côte à côte assis au balcon de Tiananmen la parade grandiose célébrant la victoire contre le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale il y a 80 ans. Ils ont vu la chorégraphie impeccable des soldats marchant au pas sous les drapeaux, un défilé de missiles capables de transporter des ogives nucléaires, des drones et des chars, et les évolutions de dizaines d'avions et hélicoptères dessinant le chiffre 80 ans dans le ciel légèrement voilé.

Une image du trio sans précédent a été capturée pendant quelques secondes seulement par la télévision d'État avant de passer à un autre plan. Les médias étrangers ont été tenus à distance.

La télévision d'État a en revanche montré l'arrivée tour à tour de MM. Kim et Poutine et de la vingtaine de dirigeants étrangers conviés. M. Xi a serré la main tour à tour à M. Poutine puis à M. Kim ainsi qu'aux autres invités. Puis, échangeant des amabilités, M. Xi, flanqué de ses deux invités de marque, a pris la tête du groupe pour rejoindre la place Tiananmen où ils ont commencé par saluer les vétérans de la guerre, certains centenaires, portant uniforme et médailles.

Des milliers de participants ont entonné des chants patriotiques sur l'immense place pavoisée d'oriflammes rouges. M. Xi, debout dans sa voiture à toit ouvrant descendant l'avenue de la Paix éternelle, a passé les troupes en revue en répondant à leur salut martial.

«La renaissance de la nation chinoise est inarrêtable et la noble cause de la paix et du développement de l'humanité triomphera assurément», a-t-il proclamé dans un discours.

Dans une période de tensions géopolitiques et de guerre commerciale, il a mis en garde: «L'humanité fait de nouveau face à un choix entre la paix ou la guerre, le dialogue ou la confrontation». M. Xi a appelé à prévenir la réédition de «tragédies historiques» comme celle qui a vu mourir des millions de Chinois face aux troupes japonaises il y a plus de 80 ans.

Il s'est gardé de toute référence explicite aux États-Unis ou aux sujets de discorde comme Taïwan ou les droits de douanes.

Aucun dirigeant occidental de premier plan ne se trouvait dans l'assistance.

La présence de Kim Jong Un en compagnie de ses deux puissants voisins était une première.

«Faculté de rassembler» 

Jamais depuis son accession au pouvoir fin 2011, le dirigeant nord-coréen, qui limite les sorties hors de son pays reclus et soumis à de lourdes sanctions occidentales, ne s'est montré dans une telle réunion de dirigeants étrangers.

«Que le président Xi et le merveilleux peuple chinois passent une excellente journée de célébrations», a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

«Veuillez transmettre mes salutations les plus chaleureuses à Vladimir Poutine et Kim Jong Un pendant que vous conspirez contre les États-Unis d'Amérique», a-t-il ajouté.

La journée marquait le point d'orgue d'une séquence au cours de laquelle la Chine a également accueilli lundi un sommet régional réunissant les dirigeants d'une vingtaine de pays eurasiatiques.

Malgré les pressions américaines, la Chine montre qu'elle «possède la faculté de rassembler et l'influence politique pour réunir Poutine et Kim», relève Lam Peng Er, chercheur à la National University de Singapour.

«Xi Jinping montre au reste du monde que Kim Jong Un le rencontre volontiers alors qu'il est réticent à rencontrer à nouveau le président Trump et le président sud-coréen Lee Jae Myung», note-t-il encore.

Première depuis 2023 

La Chine a tenu tête aux droits de douanes infligés à ses produits par les États-Unis après le retour de M. Trump à la Maison Blanche. M. Poutine n'a montré aucun signe en Chine de céder aux pressions de M. Trump pour un arrêt des combats en Ukraine, malgré la rencontre entre les deux présidents le 15 août en Alaska.

En Chine depuis dimanche, M. Poutine a affiché son entente avec M. Xi.

Quant à la Corée du nord, les trois rencontres que M. Trump avait eues avec M. Kim en 2018 et 2019, au cours de son premier mandat, pour enrayer la menace nucléaire nord-coréenne étaient également restées sans lendemain.

M. Kim n'avait plus quitté son pays depuis un déplacement en Russie en septembre 2023.

En venant à Pékin, il «démontre aux Nord-Coréens et au monde qu'il a de puissants amis russes et chinois qui le traitent avec respect», dit l'expert Lam Peng Er.

Poutine s'entretient avec Kim, le remercie pour l'aide des soldats nord-coréens à la Russie

Le président russe Vladimir Poutine s'est entretenu mercredi avec son homologue nord-coréen Kim Jong Un à Pékin a annoncé le Kremlin.

«Ces derniers temps, les relations entre nos pays sont devenues particulièrement amicales, basées sur la confiance entre alliés», a déclaré M. Poutine, au début de cette rencontre.

La Russie et la Corée du Nord ont accru leur coopération militaire ces dernières années, les Nord-Coréens fournissant des armes et des troupes pour soutenir l'assaut russe contre l'Ukraine en cours depuis février 2022.

Les deux pays ont signé un accord de défense mutuelle à l'occasion d'une visite du président russe Vladimir Poutine en Corée du Nord l'an dernier.

Un contingent de soldats nord-coréens a participé, aux côtés de militaires russes, aux combats dans la région de Koursk contre les Ukrainiens, qui occupaient en partie depuis l'été 2024 ce territoire russe frontalier de l'Ukraine. La Russie a annoncé l'avoir renvoyé en avril dernier.

«J'aimerais vous remercier de la part du peuple russe pour notre participation commune à la lutte contre le néonazisme contemporain», a souligné M. Poutine, en reprenant le discours officiel russe pour justifier son offensive en Ukraine lancée en février 2022 afin notamment de «dé-nazifier» son voisin ukrainien selon Moscou.

Le maître du Kremlin a remercié les soldats nord-coréens qui «ont combattu de manière courageuse et héroïque» dans la région de Koursk, en assurant que la Russie n'oublierait «jamais les pertes subies par les forces armées de la Corée du Nord.

Avec AFP

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