
Parvenir aux derniers survivants du puissant séisme ayant frappé l'est de l'Afghanistan demeure un défi pour les secouristes et les autorités qui disent jeudi s'attendre à une hausse du bilan.
Éboulements et glissements de terrain compliquent l'accès aux zones les plus reculées des provinces orientales, touchées par un séisme de magnitude 6 aux alentours de minuit dimanche.
Ce tremblement de terre, l'un des plus meurtriers de l'histoire récente du pays, a fait 1.469 morts, blessé plus de 3.500 personnes et détruit près de 7.000 maisons dans les provinces de Kounar, de Laghman et de Nangarhar, frontalières du Pakistan.
Le bilan devrait encore croître car des corps ont été retrouvés alors que «les opérations de secours se sont poursuivies tard dans la nuit», a déclaré Hamdullah Fitrat, porte-parole adjoint du gouvernement, jeudi matin.
«De nombreux survivants sont considérés comme encore piégés dans les décombres dans des villages reculés et les chances de les retrouver vivants s'amenuisent rapidement», prévient toutefois l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), notant que «des pluies ont encore aggravé» la situation.
Dans l'Est, le ministère afghan de la Défense assure avoir organisé des dizaines de vols pour évacuer des blessés et leurs proches vers des hôpitaux de la région.
Mais les autorités talibanes, déjà confrontées à des séismes dévastateurs en 2022 et 2023, préviennent qu'elles ne pourront pas faire face seules.
Jour et nuit dans les champs
En face, l'ONU et les ONG répondent que le séisme, suivi de six fortes répliques, arrive «au pire moment». Elles ont été forcées depuis le début de l'année de réduire leur assistance aux Afghans en raison des coupes dans l'aide internationale.
L'OMS, qui a alerté sur le risque d'épidémies, a lancé un nouvel appel de fonds de quatre millions de dollars pour répondre aux besoins «immenses» après le séisme, tandis que l'ONU a déjà débloqué cinq millions de dollars.
Dans l'immédiat, dans la province la plus dévastée, celle de Kounar, «certains villages n'ont toujours pas reçu d'aide», rapporte à l'AFP Ijaz Ulhaq Yaad, un haut fonctionnaire du district de Nourgal.
Sur place, les familles n'ont désormais plus rien pour survivre à flanc de montagne.
«On a peur, il y a eu beaucoup de répliques», témoigne Awrangzeeb Nouri, 35 ans, dans son village de Dara-i-Nur, dans la province de Nangarhar. «On passe le jour et la nuit dans des champs, on a quitté nos maisons» -- qui, pour celles encore debout, menacent de s'écrouler à tout moment.
«Une crise après l'autre»
«Le tremblement de terre devrait être un rappel brutal que l'Afghanistan, confronté à une crise après l'autre, ne peut être laissé seul», a estimé le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), appelant les donateurs à se mobiliser.
Et pourtant, au moment même où la terre tremblait en Afghanistan, le Pakistan voisin lançait l'accélération de sa campagne d'expulsions de migrants afghans.
Depuis lundi, le pays a poussé au départ des milliers d'Afghans porteurs de cartes de réfugiés de l'ONU censées les protéger, ont rapporté à l'AFP des responsables des deux côtés de la frontière.
Déjà, selon l'OMS, 270.000 Afghans récemment rentrés dans leur pays --du Pakistan ou d'Iran, également décidé à expulser les Afghans sur son sol-- ont été affectés par le séisme.
«Compte tenu des circonstances, je lance un appel au gouvernement du Pakistan pour qu'il suspende la mise en œuvre du Plan de rapatriement des étrangers illégaux», a plaidé sur X le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi.
Depuis 1900, le nord-est de l'Afghanistan, à la jonction des plaques tectoniques eurasienne et indienne, a connu 12 séismes d'une magnitude supérieure à 7, selon Brian Baptie, sismologue au British Geological Survey.
Avec AFP
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