
Face à la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump, les dirigeants des Brics ont dénoncé le protectionnisme, «chantage douanier» et «actions unilatérales», lundi lors d'une réunion virtuelle du bloc des pays émergents.
La visioconférence convoquée par le chef de l'État brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dont le pays préside actuellement le bloc, avait des airs de réunion de crise.
Les États-Unis mènent une offensive commerciale tous azimuts à coup de droits de douane punitifs et d'autres sanctions, y compris contre des alliés membres des Brics comme l'Inde. Et Donald Trump ne cache pas tout le mal qu'il pense du groupe des pays émergents.
«Nous devons défendre le système commercial multilatéral avec l'Organisation mondiale du commerce comme noyau et résister à toutes les formes de protectionnisme», a lancé le président chinois Xi Jinping, en présence notamment de ses homologues russe Vladimir Poutine et sud-africain Cyril Ramaphosa.
La Chine est de loin la puissance dominante au sein du bloc de onze pays qui représentent près de la moitié de la population mondiale et 40 % du PIB de la planète.
Elle est engagée dans de délicates négociations commerciales avec les États-Unis, après que les deux premières puissances mondiales se sont livré une âpre guerre commerciale, répondant chacune aux hausses de droits de douane de l'autre.
«Victimes»
«Nos pays sont devenus victimes de pratiques commerciales injustifiées et illégales», a dénoncé pour sa part Lula.
«Le chantage douanier est en train d'être normalisé comme un outil pour conquérir des marchés et pour interférer dans les affaires intérieures», a-t-il ajouté.
Le président américain soumet depuis le 6 août une part des exportations brésiliennes à des surtaxes douanières de 50 %.
Son argument principal contre la première puissance d'Amérique latine n'est pas commercial mais politique.
Il invoque une supposée «chasse aux sorcières» contre l'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, son allié actuellement jugé pour tentative de coup d'État. Le verdict est attendu cette semaine.
Le gouvernement américain a aussi adopté des sanctions individuelles, visant notamment le juge Alexandre de Moraes, en charge du procès Bolsonaro.
L'Inde, alliée de longue date de Washington, est aussi accablée par des droits de douane de 50 % sur un grand nombre de ses produits.
Le président américain accuse le pays dirigé par le Premier ministre Narendra Modi de financer la guerre menée par Moscou en Ukraine, à travers ses achats de pétrole russe.
«Le monde a besoin d'approches constructives et coopératives», a fait valoir le chef de la diplomatie indienne, Subrahmanyam Jaishankar, qui représentait M. Modi à la réunion.
«Augmenter les barrières et compliquer les transactions n'aidera pas. Pas plus que le fait de lier les mesures commerciales à des questions non-commerciales», a-t-il souligné.
Alternative au dollar
«Les actions douanières unilatérales contribuent à un environnement de plus en plus protectionniste, ce qui pose de grandes difficultés et dangers pour les pays du Sud global», a abondé le président sud-africain.
Selon un communiqué de la présidence brésilienne, la réunion a permis d'évoquer «les risques liés à la recrudescence de mesures unilatérales, notamment dans le commerce international, et la façon d'élargir les mécanismes de solidarité, la coordination et le commerce entre les pays des Brics».
Créé pour défendre le multilatéralisme et rééquilibrer l'ordre mondial au bénéfice du «Sud global» face à l'Occident, le groupe des Brics s'est élargi depuis 2023 avec l'Arabie saoudite, l'Égypte, les Émirats arabes unis, l'Éthiopie, l'Iran puis l'Indonésie.
Réuni en juillet dernier pour son sommet annuel à Rio de Janeiro, le groupe avait exprimé ses «sérieuses préoccupations» face à «l'augmentation de mesures douanières et non-douanières unilatérales qui faussent le commerce».
Le locataire de la Maison-Blanche avait répondu en menaçant d'infliger un droit de douane supplémentaire de 10 % contre «tout pays s'alignant sur les politiques anti-américaines des Brics». Il met en garde ses membres contre toute idée d'une alternative au dollar pour le commerce au sein du groupe.
AFP
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