
Israël a menacé mercredi de frapper ses ennemis n'importe où, au lendemain de raids aériens au Qatar contre des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, une attaque sans précédent qui a suscité une rare réprimande de l'allié américain.
Dans la bande de Gaza affamée, assiégée et dévastée par près de deux ans de guerre, l'armée israélienne a poursuivi son offensive, faisant selon la Défense civile locale au moins 48 morts, et affirmé son intention d'intensifier ses frappes sur Gaza-ville.
Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, Israël a décimé la direction de ce mouvement, jurant de le détruire et de le chasser du territoire palestinien où il a pris le pouvoir en 2007.
«La politique sécuritaire d'Israël est claire: son bras long agira contre ses ennemis, où qu'ils soient. Ils n'ont nulle part où se cacher», a averti le ministre de la Défense Israël Katz.
«Si les meurtriers et les violeurs du Hamas n'acceptent pas les conditions posées par Israël pour mettre fin à la guerre, en premier lieu la libération de tous les otages, et leur désarmement, ils seront détruits et Gaza sera détruite», a-t-il ajouté.
Trump «très mécontent»
La veille, l'armée de l'air israélienne a visé des dirigeants du Hamas réunis dans un complexe à Doha, la capitale du Qatar, pays allié des États-Unis et médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza.
«L'ennemi n'a pas réussi à assassiner les membres de la délégation chargée des négociations», a affirmé le Hamas dans un communiqué, tout en faisant état de six morts le fils du négociateur en chef Khalil al-Hayya, le chef du bureau de M. Hayya, trois gardes du corps et un policier qatari.
Selon des sources du Hamas, six dirigeants, dont Khalil al-Hayya, Khaled Mechaal, ancien numéro un, et Zaher Jabarine, responsable du mouvement en Cisjordanie, étaient dans le bâtiment au moment de l'attaque. L'AFP n'est parvenue à joindre aucun d'eux depuis.
Le représentant d'Israël à l'ONU, Danny Danon, a déclaré qu'il était «trop tôt pour se prononcer sur le résultat» de la frappe.
Il a souligné que son pays n'agissait «pas toujours selon les intérêts des États-Unis», allié d'Israël, après que le président Donald Trump a dit être «très mécontent» de l'attaque au Qatar.
Malgré les critiques, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti les autorités qataries: «je dis au Qatar et à toutes les nations qui hébergent des terroristes: vous devez soit les expulser, soit les traduire en justice. Parce que si vous ne le faites pas, nous le ferons».
Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU à la demande du Qatar a été reportée à jeudi.
Le Qatar, qui abrite une importante base militaire américaine, a condamné les frappes mais a aussi dit vouloir poursuivre sa médiation.
En dépit des pressions internationales pour un arrêt de la guerre dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a poursuivi ses opérations au sol et ses raids aériens, notamment à Gaza-ville, considérée comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire.
Elle y a bombardé et détruit une nouvelle tour d'habitation, après un ordre d'évacuation, en affirmant qu'elle était utilisée par le Hamas.
«En une minute!»
D'énormes colonnes de fumée se sont élevées après l'effondrement de l'immeuble, selon des images de l'AFP. Des habitants ont fouillé ensuite les décombres pour tenter de sauver des effets personnels.
Siham Abou Al-Foul a déclaré à l'AFP avoir évacué la tour dès l'ordre donné et n'avoir rien pu emporter. «Ils ont détruit la tour. Nous sommes retournés en courant, mais il ne restait plus rien. Tout ce que nous avions construit en deux ans a disparu en une minute!»
La guerre a provoqué un désastre humanitaire dans la bande de Gaza, où les quelque deux millions d'habitants plusieurs fois déplacés vivent dans des conditions très dures. L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.
«Dans les prochains jours, l'armée israélienne intensifiera ses frappes à Gaza-ville, basées sur des renseignements précis, dans le but de démanteler l'infrastructure terroriste du Hamas, d'entraver sa capacité opérationnelle et de réduire la menace qui pèse sur les troupes», a dit un communiqué militaire.
L'attaque du 7 octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée.
L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 64.656 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé à Gaza, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.
AFP
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