La Banque du Liban a enfin réévalué à 8000LL/$ la principale disposition de la circulaire 151 émise à l’origine en mars 2020. Il faut dire que la grogne populaire s’est amplifiée depuis, car le taux de 3900LL/$ n’est plus en phase avec les besoins et les réalités du marché, le dollar ayant atteint trois fois sa valeur de mars 2020. Restent quand même quelques questions à éclaircir.
1- Est-ce profitable pour les consommateurs ?
La majorité des points de vue sera, à l'évidence, « Oui, mais… ». Ce ‘mais…’ repose sur l’idée répandue selon laquelle la ponction (haircut) sur la valeur du dollar bancaire (lollar), qui était de 83%, sera seulement réduite à 67% (par rapport au taux actuel de 24 000), et reste quand même substantielle. Le consommateur reste donc largement lésé. Est-ce vrai ? Non. Car la valeur de l’argent dépend d’abord et avant tout de son pouvoir d’achat. Or l’indice des prix à la consommation a augmenté depuis septembre 2019 de 460% jusqu’en septembre 2021. Avec le renchérissement constaté pour les deux derniers mois, il est très probable qu’il ait atteint 500%. Les deux sources qui calculent périodiquement l’indice moyen des prix sont en tout cas d’accord sur la période des deux ans passés. Il s’agit de l’Administration centrale de la statistique et du Consultation and Research Institute (CRI).
En d’autres termes, les prix ont été multipliées en moyenne par 5. Or le nouveau taux de 8000LL versus le taux initial de 1500 équivaut à 5.34. Votre pouvoir d’achat sera donc multiplié par ce quotient qui se trouve équivalent à la cherté de vie. Le consommateur qui a des dollars à la banque n’aura ni perdu ni gagné, par rapport à 2019. Il a retrouvé un certain pouvoir d’achat qu’il avait perdu au cours des mois passés avec l’envolée du billet vert.
2- Est-il encore profitable de recourir à la circulaire 158 ?
Cela dépend de chaque cas. La circulaire 158, rappelle-t-on, offre aux déposants en dollars la possibilité de retirer mensuellement 400$ cash et 400$ en LL à un taux de 12 000 LL. Un simple calcul peut départager les deux circulaires. Selon la 158, en livres libanaises et sur un taux de marché noir de 24 000LL, ces 800$ seront équivalents à 14,4 millions de LL (400x24 000 + 400x12 000). Les mêmes 800$ selon la nouvelle 151 seront équivalents à 6,4 millions LL. La différence est évidente. Sauf que selon la 151 modifiée, la limite de retrait est supérieure, jusqu’à 3000 dollars par mois. Mais sans obligation : chaque banque aura la latitude de choisir le plafond des retraits selon ses capacités. Ceci dit, selon un dernier addendum à la 158, le déposant peut profiter des deux circulaires à la fois, mais dans deux banques différentes. Tout dépend des besoins de chacun.
3- Ces nouvelles dispositions de la 151 ne risquent-elles pas de relancer l’inflation ?
C’est un des risques évidement – que la masse monétaire en LL augmente encore (elle a été multipliée par 10 en deux ans), entrainant une inflation supplémentaire et un dollar plus cher. On aura alors fait jeu nul, alors que ceux qui n’ont que des livres libanaises, en rentrées ou en patrimoine, seront doublement lésés. La BDL n’a pas l’air de craindre une inflation galopante en décidant d’émettre maintenant cette circulaire, alors que cela fait des mois que la demande populaire s’amplifie. La Banque centrale peut limiter l’impression de nouveaux billets en facilitant l’usage des cartes bancaires. Les banques en revanche auront à faire face à ce nouveau défi car certains de leurs dépôts en dollars avaient été constitués à l'origine à partir d'un compte en LL sur un taux de 1500.
Cependant, l’expérience a prouvé que le taux de change du dollar, déterminant pour l’indice des prix, dépend surtout de la situation politico-économique du pays. On l’a constaté récemment avec la formation du gouvernement, puis son blocage. Autrement dit, pour prédire l’avenir socio-économique, ce sont juste des scénarios politiques qui s’entrechoquent : va-t-on vivre avec un gouvernement opérationnel, démissionnaire, moribond, productif… ? Un Hezbollah belliqueux ou affable ? Un Parlement léthargique ? Les paris sont ouverts ...
1- Est-ce profitable pour les consommateurs ?
La majorité des points de vue sera, à l'évidence, « Oui, mais… ». Ce ‘mais…’ repose sur l’idée répandue selon laquelle la ponction (haircut) sur la valeur du dollar bancaire (lollar), qui était de 83%, sera seulement réduite à 67% (par rapport au taux actuel de 24 000), et reste quand même substantielle. Le consommateur reste donc largement lésé. Est-ce vrai ? Non. Car la valeur de l’argent dépend d’abord et avant tout de son pouvoir d’achat. Or l’indice des prix à la consommation a augmenté depuis septembre 2019 de 460% jusqu’en septembre 2021. Avec le renchérissement constaté pour les deux derniers mois, il est très probable qu’il ait atteint 500%. Les deux sources qui calculent périodiquement l’indice moyen des prix sont en tout cas d’accord sur la période des deux ans passés. Il s’agit de l’Administration centrale de la statistique et du Consultation and Research Institute (CRI).
En d’autres termes, les prix ont été multipliées en moyenne par 5. Or le nouveau taux de 8000LL versus le taux initial de 1500 équivaut à 5.34. Votre pouvoir d’achat sera donc multiplié par ce quotient qui se trouve équivalent à la cherté de vie. Le consommateur qui a des dollars à la banque n’aura ni perdu ni gagné, par rapport à 2019. Il a retrouvé un certain pouvoir d’achat qu’il avait perdu au cours des mois passés avec l’envolée du billet vert.
2- Est-il encore profitable de recourir à la circulaire 158 ?
Cela dépend de chaque cas. La circulaire 158, rappelle-t-on, offre aux déposants en dollars la possibilité de retirer mensuellement 400$ cash et 400$ en LL à un taux de 12 000 LL. Un simple calcul peut départager les deux circulaires. Selon la 158, en livres libanaises et sur un taux de marché noir de 24 000LL, ces 800$ seront équivalents à 14,4 millions de LL (400x24 000 + 400x12 000). Les mêmes 800$ selon la nouvelle 151 seront équivalents à 6,4 millions LL. La différence est évidente. Sauf que selon la 151 modifiée, la limite de retrait est supérieure, jusqu’à 3000 dollars par mois. Mais sans obligation : chaque banque aura la latitude de choisir le plafond des retraits selon ses capacités. Ceci dit, selon un dernier addendum à la 158, le déposant peut profiter des deux circulaires à la fois, mais dans deux banques différentes. Tout dépend des besoins de chacun.
3- Ces nouvelles dispositions de la 151 ne risquent-elles pas de relancer l’inflation ?
C’est un des risques évidement – que la masse monétaire en LL augmente encore (elle a été multipliée par 10 en deux ans), entrainant une inflation supplémentaire et un dollar plus cher. On aura alors fait jeu nul, alors que ceux qui n’ont que des livres libanaises, en rentrées ou en patrimoine, seront doublement lésés. La BDL n’a pas l’air de craindre une inflation galopante en décidant d’émettre maintenant cette circulaire, alors que cela fait des mois que la demande populaire s’amplifie. La Banque centrale peut limiter l’impression de nouveaux billets en facilitant l’usage des cartes bancaires. Les banques en revanche auront à faire face à ce nouveau défi car certains de leurs dépôts en dollars avaient été constitués à l'origine à partir d'un compte en LL sur un taux de 1500.
Cependant, l’expérience a prouvé que le taux de change du dollar, déterminant pour l’indice des prix, dépend surtout de la situation politico-économique du pays. On l’a constaté récemment avec la formation du gouvernement, puis son blocage. Autrement dit, pour prédire l’avenir socio-économique, ce sont juste des scénarios politiques qui s’entrechoquent : va-t-on vivre avec un gouvernement opérationnel, démissionnaire, moribond, productif… ? Un Hezbollah belliqueux ou affable ? Un Parlement léthargique ? Les paris sont ouverts ...
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