L’UE veut accélérer la fin de sa dépendance au gaz russe
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. ©Nicolas Tucat / AFP

La Commission européenne a proposé vendredi que l’UE mette fin plus tôt que prévu à ses importations de gaz naturel liquéfié russe, après les appels répétés en ce sens du président américain Donald Trump.

Cette proposition est contenue dans un 19e «paquet» de sanctions contre la Russie, qui cible aussi des entités (entreprises, banques, etc.) en Chine, en Inde ou en Asie centrale, accusées d’aider la Russie à contourner les sanctions occidentales ou à vendre son pétrole.

«L’économie de guerre de la Russie est soutenue par les revenus de (ses) hydrocarbures (…), il est temps de fermer le robinet», a lancé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans une brève allocution.

Donald Trump s’est dit prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, mais à la condition que les Européens arrêtent d’acheter des hydrocarbures russes, dont les ventes sont l’une des principales sources de financement de la machine de guerre russe contre l’Ukraine.

Vendredi, Mme von der Leyen n’a pas fait mention de ces exigences américaines. Elle avait toutefois promis mardi, à la suite d’un entretien avec le locataire de la Maison Blanche, des «mesures supplémentaires» pour accroître la pression sur Moscou.

Les Européens cherchent coûte que coûte à garder les États-Unis à leurs côtés dans leurs efforts pour soutenir l’Ukraine en guerre.

Dépendance réduite

L’UE a déjà décidé, depuis décembre 2022, de cesser toute importation de pétrole russe. Deux pays européens ont cependant obtenu une exemption, la Hongrie et la Slovaquie.

Bruxelles a également fortement réduit sa dépendance au gaz russe depuis l’invasion de l’Ukraine déclenchée en février 2022 par Vladimir Poutine. Mais pas totalement.

En 2024, la Russie assurait encore 19% de l’approvisionnement en gaz de l’UE, dont près de la moitié sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), générant des centaines de millions d’euros de revenus pour la Russie.

En juin dernier, la Commission a proposé de mettre totalement fin à cette dépendance avant la fin 2027. Les 27 ont commencé à en discuter mais aucune décision n’a encore été prise.

Elle suggère aujourd’hui d’avancer ce délai à fin 2026, au moins en ce qui concerne le GNL.

Certains pays, comme la Hongrie ou la Slovaquie, sont très réticents à abandonner leurs achats d’hydrocarbures russes, ce qui risque de compliquer les discussions. Mais Budapest n’a jamais bloqué aucun des paquets précédents.

La France est l’un des premiers points d’entrée dans l’UE du GNL russe, avec l’Italie, l’Espagne ou la Belgique. Mais avant tout pays de transit, elle est favorable à un arrêt de toute importation d’hydrocarbures russes.

Dans cette nouvelle vague de sanctions, la Commission cible également les entreprises russes Rosneft et Gazprom Neft, épargnées jusque-là par l’interdiction de tout rapport commercial avec plusieurs autres sociétés énergétiques russes.

Les Européens ciblent depuis des mois la «flotte fantôme» utilisée par la Russie pour contourner les sanctions occidentales contre ses ventes de pétrole. La Commission propose d’ajouter quelque 118 pétroliers «fantôme» à la liste, qui en comprend désormais plus de 560, a précisé Mme von der Leyen.

Donald Trump a aussi suggéré aux Européens d’envisager des hausses substantielles de droits de douane visant la Chine, pour qu’elle diminue son soutien à Moscou.

Si le 19e paquet ne s’engage pas dans cette direction, il cible toutefois plus d’une quarantaine d’entités de pays tiers, dont la Chine, qui aident la Russie.

«Nous visons les raffineries, les traders de pétrole et les entreprises pétrochimiques dans des pays tiers, y compris la Chine», a assuré Mme von der Leyen.

L’UE a déjà ciblé une raffinerie en Inde exportant vers l’UE des produits pétroliers russes, et plusieurs sociétés ou banques chinoises.

«Pour la première fois, nos mesures restrictives viseront les plateformes et interdiront les transactions en cryptomonnaies», a insisté la présidente de la Commission européenne.

Olivier Baube / AFP

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