État de Palestine: qui reconnaît, ou pas ?
Des enfants palestiniens déplacés brandissent des drapeaux nationaux palestiniens alors qu'il se tient debout sur les décombres d'un bâtiment détruit dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 septembre 2025. ©Eyad BABA / AFP

Les pays du continent européen sont désormais une majorité à reconnaître l'État de Palestine avec les déclarations officielles lundi à New York de la France, de la Belgique, du Luxembourg ou de Malte, après presque deux ans de guerre dans la bande de Gaza.

Questions-réponses autour des reconnaissances diplomatiques de cet État proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988, alors qu'Israël occupe actuellement la Cisjordanie et que la bande de Gaza est largement détruite.

Quels pays reconnaissent ou veulent reconnaître l'État de Palestine?

Près de 80% des pays de l'ONU.

Selon les vérifications de l'AFP, au moins 151 pays sur les 193 membres de l'ONU reconnaissent déjà l'État de Palestine, l'AFP n'ayant pas obtenu de confirmation récente pour trois pays africains.

Six pays européens – France, Belgique, Luxembourg, Malte, Andorre et Monaco – ont complété, avec des déclarations officielles à la tribune de l'ONU lundi, cette liste déjà rallongée dimanche par le Royaume-Uni et le Canada – premiers pays du G7 à faire une telle reconnaissance –, l'Australie et le Portugal.

La Russie, les pays arabes, quasiment tous ceux d'Afrique et d'Amérique latine, la grande majorité des pays asiatiques, dont l'Inde et la Chine, sont déjà sur cette liste.

L'Algérie fut le premier pays, le 15 novembre 1988, à reconnaître l'État de Palestine, juste après sa proclamation à Alger par le dirigeant historique de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat.

Des dizaines de pays suivront peu après, puis, lors d'une deuxième vague, 20 ans plus tard.

La guerre à Gaza menée par Israël en riposte à l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur son sol le 7 octobre 2023 a entraîné une nouvelle série de reconnaissances, par déjà 19 pays.

Qui ne reconnaît pas?

Au moins 39 pays actuellement: les États-Unis et Israël en premier lieu. Le gouvernement de Benjamin Netanyahou rejette totalement l'idée d'un État palestinien et, en 2024, le Parlement israélien a voté une résolution contre sa création.

Également des pays alliés de l'un et/ou de l'autre: comme le Japon, la Corée du Sud ou Singapour en Asie, le Cameroun en Afrique, le Panama en Amérique latine, et la plupart des pays d'Océanie.

Le continent européen était jusqu'à présent le plus divisé, pratiquement à moitié-moitié. Jusqu'aux années 2010, les seuls pays reconnaissant l'État de Palestine étaient, outre la Turquie, ceux de l'ancien bloc soviétique. Mais la Hongrie et la République tchèque considèrent aujourd'hui ne pas avoir fait de reconnaissance bilatérale.

Jusqu'au début de la guerre à Gaza, l'Europe de l'Ouest et du Nord était unanime sur la non-reconnaissance, exception faite de la Suède depuis 2014. Mais en 2024, Norvège, Espagne, Irlande et Slovénie ont suivi la voie de Stockholm, puis les pays des derniers jours, France et Royaume-Uni en tête. À l'inverse, l'Italie ou l'Allemagne ne l'envisagent pas.

Qu'est-ce que la reconnaissance d'un pays?

Une question compliquée en droit international, «un peu à mi-chemin entre le politique et le juridique», selon Romain Le Boeuf, professeur de droit international à l'Université d'Aix-Marseille.

«Les États sont libres du moment et de la forme de la reconnaissance», avec des manières «très variables», explicites ou implicites, explique-t-il à l'AFP.

«On n'a pas de bureau d'enregistrement des reconnaissances. L'Autorité palestinienne met sur sa propre liste tous les actes qu'elle estime être des actes de reconnaissance, mais de manière purement subjective. De la même manière, d'autres États vont dire qu'ils ont reconnu ou pas mais sans vraiment avoir à se justifier», poursuit-il.

En revanche, «le droit international est assez clair: la reconnaissance ne crée pas l'État, pas plus que l'absence de reconnaissance n'empêche l'État d'exister», poursuit M. Le Boeuf, les éléments d'existence d'un État étant un territoire, une population et un gouvernement indépendant.

 

Par Marie JULIEN/AFP

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