Gaza: réunion à Paris jeudi sur les modalités d'après-guerre, colère israélienne
Cette photo, prise lors d’une visite médiatique organisée par l’armée israélienne le 3 octobre 2025, montre des soldats israéliens à bord de véhicules militaires devant des bâtiments détruits par la guerre à proximité de l’hôpital de campagne jordanien à Gaza. ©Jack Guez / POOL / AFP

Une réunion prévue jeudi à Paris des ministres de pays européens et arabes pour discuter des «modalités d'un engagement collectif» pour l'après-guerre dans la bande de Gaza a suscité, avant même sa tenue, l'agacement d'Israël, qui dénonce «une tentative d'internationalisation du conflit».

«Cette réunion est une nouvelle étape dans la poursuite des efforts menés par la France depuis de longs mois pour mettre fin à la guerre à Gaza et ouvrir un chemin vers la paix», a affirmé une source diplomatique française, indiquant qu'elle aborderait «les principaux paramètres» d'après-guerre, à savoir la sécurité, la gouvernance et la reconstruction.

Mais pour le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar, «la nouvelle initiative du gouvernement français, à un moment aussi sensible des négociations à Charm el-Cheikh, est superflue et préjudiciable», selon un message posté sur X.

Des négociations se déroulent cette semaine en Égypte pour parvenir à un cessez-le-feu dans le petit territoire ravagé par deux ans de guerre entre le Hamas et Israël.

Les ministres du «Quint européen» (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni), du «Quint arabe» (Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Jordanie, Qatar) ainsi que ceux de l'Union européenne, du Canada et de Turquie, entendent précisément marquer «leur soutien» jeudi aux négociations en cours sur la base du plan proposé par le président américain Donald Trump, ont pourtant souligné mercredi des sources diplomatiques françaises.

Coïncidence ou pas, peu avant le message du ministre israélien, la participation du secrétaire d'État américain Marco Rubio a été annulée, officiellement en raison de problèmes logistiques.

«Journée importante»

Pour les Israéliens, la réunion de jeudi est «une tentative supplémentaire du président Macron de détourner l'attention de ses problèmes intérieurs au détriment d'Israël», a souligné Gideon Saar, en référence à la nouvelle crise politique dans laquelle la France est plongée depuis la démission surprise lundi du Premier ministre Sébastien Lecornu.

«Bien entendu, les participants peuvent aborder les sujets qu'ils souhaitent, mais aucun accord à Gaza ne pourra être conclu sans le consentement d'Israël», a insisté le ministre israélien. «Rien ne sera décidé sur Israël sans Israël. Israël n'acceptera pas l'internationalisation du conflit !»

Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a pour sa part estimé que jeudi sera «une journée importante».

«Notre pays est prêt à participer au processus politique d'après-guerre pour la reconstruction et la réunification de la Palestine», a indiqué à l'AFP une source diplomatique italienne, estimant que le Plan Trump était «le seul possible».

Annoncé le 29 septembre, le plan du président américain prévoit un cessez-le-feu, la libération dans les 72 heures des otages retenus à Gaza, le retrait par étapes de l'armée israélienne et le désarmement du Hamas.

«Le gouvernement italien est également prêt à envisager, y compris comme contribution à la Force internationale de stabilisation (ISF) prévue par le plan du Président Trump, le déploiement potentiel de Carabinieri (gendarmes) pour former les nouvelles forces de police dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, où les Carabinieri sont déjà présents», a ajouté cette source.

«Agir ensemble»

«En ces heures et ces jours de diplomatie, il est essentiel d'agir ensemble et de s'atteler à la tâche», a souligné pour sa part mercredi le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul.

«De nombreux États sont prêts à s'engager pour que le plan de paix américain aboutisse et que l'espoir de paix devienne rapidement réalité», a-t-il ajouté. «Pour cela, Gaza ne doit plus représenter une menace pour Israël. Et pour cela, les habitants de la bande de Gaza ont avant tout besoin, outre l'aide humanitaire urgente, de perspectives politiques et économiques».

Cette réunion s'inscrit dans la continuité de l'initiative franco-saoudienne en faveur de la solution à deux États, qui a abouti à la déclaration de New York l'été dernier et «a facilité l'adoption du plan américain», ont expliqué les sources diplomatiques françaises.

Mais le gouvernement israélien est particulièrement irrité par l'invitation de gouvernements jugés «ouvertement hostiles à Israël, comme celui de (l'Espagnol Pedro) Sanchez». C'est «particulièrement inacceptable», écrit-il.

Interrogé par l'AFP, le ministère français des Affaires étrangères s'est refusé à tout commentaire sur ces critiques.

AFP

 

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