Le sommet de Charm el-Cheikh: mettre fin à la supercherie
©OMAR AL-QATTAA / AFP

L’habit ne fait pas le moineCe dicton populaire peut s’appliquer aisément au mouvement Hamas à l’aune de l’actuel aboutissement de l’attaque massive et meurtrière qu’il a lancée le 7 octobre 2023 contre Israël à partir de la bande de Gaza. Au terme de deux années d’un conflit armé qui a plongé la population palestinienne dans une situation cauchemardesque, la formation fondamentaliste vient d’avaliser, à la suite d’interminables négociations laborieuses, le projet de règlement concocté par le président Donald Trump. Une question fondamentale se pose dans ce cadre à la veille du sommet international de Charm el-Cheikh, initié par le chef de la Maison Blanche afin d’officialiser l’accord entre Israël et le Hamas: en quoi et dans quelle mesure l’opération du 7 octobre a-t-elle réellement et concrètement servi la «cause palestinienne»?

En réalité, et bien au-delà des circonstances de cette attaque, tout dans la ligne de conduite de cette organisation intégriste incite à entretenir le doute quant à la stature qu’elle s’est octroyée au cours de ces dernières années. Comment occulter, d’abord, le fait que le Hamas a largement bénéficié dans les années 1980 du soutien et de l’aide active des autorités israéliennes dont le but était alors d’affaiblir l’OLP et le Fateh de Yasser Arafat en favorisant l’émergence d’une instance rivale? Cette stratégie s’avèrera payante puisque le Hamas liquidera dans le sang, en 2007, la présence du Fateh à Gaza, tout en se positionnant paradoxalement en prétendu mouvement radical de «résistance». Peu importe si les apparences sont trompeuses…  

La convergence d’intérêts entre la formation palestinienne fondamentaliste et l’extrême droite israélienne se manifestera surtout à l’occasion du processus de paix d’Oslo, initié audacieusement en 1993-1994 grâce au pragmatisme et au courage politique du leader du parti travailliste israélien Yitzhak Rabin et du chef de l’OLP. Le seul plan de paix solide et sérieux de toute l’histoire du conflit du Proche-Orient sera toutefois torpillé de manière concomitante par le Hamas – par le biais d’attentats terroristes – et par l’extrême droite israélienne. Le coup de Jarnac en fut l’assassinat, en novembre 1995, par un extrémiste israélien, de Yitzhak Rabin qui bénéficiait de la légitimité, du crédit et de l’autorité nécessaires pour mener à bien ce processus d’Oslo dont l’aboutissement devait être la création d’un État palestinien.  

En avalisant aujourd’hui l’accord concernant Gaza proposé par le président Trump, le Hamas ne fait que donner implicitement son feu vert au projet de création, à plus ou moins moyen terme, d’une entité autonome palestinienne qu’il avait pourtant sabotée au milieu des années 1990. Conséquence: trente années de perdues… Trente ans de conflit, d’escalades militaires et d’opérations guerrières totalement inutiles dont la population civile a payé lourdement le prix sans même avoir droit à des abris ou des centres d’accueil équipés qui auraient dû être aménagés avec les fonds substantiels que recevait le Hamas, avec l’assentiment d’Israël.

Cette ligne de conduite de l’organisation fondamentaliste illustre, au plus haut point, la tragédie qui a caractérisé le conflit israélo-arabe pendant des décennies: celle de la déraison et le comportement totalement irrationnel – aux antipodes du pragmatisme géopolitique – dont ont fait preuve les principaux acteurs et régimes arabes au fil du temps. Au cours des soixante-quinze ans de conflit ouvert avec Israël, les dirigeants des pays dits de la «confrontation» n’ont jamais rien réalisé pour concrétiser dans les faits leurs slogans creux ni à donner corps à leurs discours enflammés prônant la lutte contre «l’impérialisme américain et le sionisme mondial».

Pendant ces soixante-quinze ans de guerres stériles et de conflit sans horizon, les principaux dirigeants (et organisations politiques) arabes ont transformé ce qu’ils qualifiaient de «cause palestinienne» en un simple instrument de lutte d’influence régionale, de sauvegarde des pouvoirs en place et de répression sauvage exercée contre les opposants. A cet égard, le Hamas – à l’instar de son pendant libanais, le Hezbollah – est passé maître dans l’art de tirer profit de cette vaste supercherie. Reste à espérer que le plan du président Trump pour Gaza, appelé à être officialisé à Charm el-Cheikh, réussira à mettre fin à cette supercherie et à engager le Proche-Orient sur la voie d’une paix solide et durable qui permettrait aux populations de cette région de bénéficier, enfin, d’une prospérité, d’un bien-être social et d’une vie tout simplement normale.     

 

 

     

   

 

Commentaires
  • Aucun commentaire