
Les mémoires posthumes de l'Américaine Virginia Giuffre, la principale accusatrice du prince Andrew dans le cadre de l'affaire Epstein, ont été mises en vente mardi, accentuant encore la pression sur le frère du roi Charles, déjà tombé en disgrâce.
Dans «Nobody's girl», Virginia Giuffre, qui a mis fin à ses jours en avril, raconte avec force détails avoir été utilisée comme esclave sexuelle par l'ancien financier et pédocriminel américain Jeffrey Epstein, et avoir notamment été contrainte à des relations sexuelles avec Andrew à trois reprises, dont au moins deux quand elle avait 17 ans.
Le livre s'est rapidement hissé en tête des ventes sur le site britannique d'Amazon.
Peu après la publication de premiers extraits dans la presse britannique, Andrew avait annoncé vendredi renoncer à son titre de duc de York, sous la pression de son frère, le roi Charles III. Des députés appellent à lui retirer formellement ses titres. Le prince de 65 ans a été mis à l'écart de la famille royale depuis 2019 à cause de ses liens avec Epstein.
Une source au palais de Buckingham a qualifié ces nouvelles allégations d'«extrêmement préoccupantes», estimant qu'elles devaient être «examinées de manière appropriée».
«Victoire»
Virginia Giuffre «considérerait comme une victoire» le renoncement d'Andrew à ses titres, affirme Amy Wallace, sa prête-plume pour ces mémoires, qui estime désormais que le prince doit se mettre à la disposition de la justice américaine.
Ce dernier avait évité un procès à New York en versant des millions de dollars à Virginia Giuffre, qui avait engagé des poursuites en 2021 contre lui. Il a toujours rejeté ces accusations.
Andrew «a vu tout ce qu'il se passait. S'il se soucie tant que ça de cette affaire, il pourrait partager ces informations avec les enquêteurs, dire voilà ce qui s'est passé», a-t-elle encore déclaré mardi sur Times Radio.
Même tonalité pour le député américain Pete Sessions, qui siège à la commission de surveillance du Congrès qui enquête sur Epstein: «Il serait intéressant de savoir ce qu'il savait, ce qu'il a vu», a-t-il déclaré mardi sur BBC Radio 4.
Dans ses mémoires, Virginia Giuffre raconte avoir été livrée à une «multitude d'hommes de pouvoir» pour des relations sexuelles, et anonymise un certain nombre d'entre eux. Elle dépeint notamment un rapport extrêmement violent avec celui qu'elle décrit comme «un ancien ministre», sans révéler son identité.
A propos d'Andrew, elle affirme qu'il a tenté de salir son image. La police de Londres enquête sur une information de presse selon laquelle Andrew a chargé un officier de chercher des informations pour discréditer Mme Giuffre.
Englué par ailleurs dans une affaire d'espionnage chinois, Andrew ne cesse d'être une source d'embarras pour sa famille. La publication de ce livre intervient à la veille d'une visite d'État de deux jours du roi Charles et de son épouse Camilla au Vatican.
Royal Lodge
Ces derniers développements remettent aussi au centre de l'attention le train de vie et la situation financière d'Andrew: dans son édition de mardi, le Times révèle que le prince, qui vit dans une demeure royale de 30 pièces, Royal Lodge, n'a pas payé de loyer depuis 2003. Et que le bail court jusqu'en 2078.
Cette propriété, située sur le domaine royal de Windsor, fait partie du Crown Estate, un organisme qui gère les biens immobiliers de la Couronne pour le compte des contribuables britanniques.
Au total, Andrew se serait acquitté de la somme d'un million de livres (1,1 million d'euros) pour en acquérir le bail et aurait réalisé plus de 7,5 millions de livres (8.6 millions d'euros) de travaux. Mais depuis, le loyer s'est résumé à une somme symbolique, selon le contrat dont le journal a obtenu copie.
Le Times s'interroge sur les sources de revenus du prince, qui a été privé par son frère Charles III d'une allocation annuelle de plus d'un million de livres (1,2 million d'euros), alors que le coût de sa sécurité, que le roi ne paye plus, est estimé à 3 millions de livres (3,6 millions d'euros) par an.
La presse britannique a rapporté ces derniers mois que le roi Charles avait tenté de convaincre son frère de renoncer à cette propriété, pour une autre, plus modeste, sur le domaine. En vain.
En attendant, le site internet de la famille royale a actualisé le statut du prince Andrew, en enlevant son titre de duc de York.
AFP
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