Le Sénat américain enquête sur les liens entre le Hezbollah et le narcotrafic en Amérique latine
Une audition au Sénat américain enquête sur les réseaux financiers du Hezbollah en Amérique latine.

Le groupe sénatorial américain chargé du contrôle international des stupéfiants a tenu mardi une audition consacrée à l’examen des liens présumés entre le Hezbollah et les réseaux de trafic de drogue en Amérique latine, sur fond d’inquiétudes croissantes concernant l’influence du groupe dans l’hémisphère occidental.

Présidée par le sénateur républicain John Cornyn (Texas), cette session bipartisane s’est concentrée sur l’utilisation présumée de l’Amérique latine par le Hezbollah comme plateforme financière et logistique pour financer ses opérations au Moyen-Orient, ainsi que sur les efforts du gouvernement américain pour contrer ces activités.

«L’organisation terroriste étrangère connue sous le nom de Hezbollah représente une menace majeure pour la sécurité des États-Unis et de notre allié, Israël, depuis son émergence dans le contexte violent de la guerre civile libanaise», a déclaré M. Cornyn dans son discours d’ouverture. Il a ajouté que les activités du groupe «dépassent largement les frontières du Moyen-Orient», évoquant des rapports faisant état de trafic de drogue, de blanchiment d’argent et d’acquisition d’armes dans plusieurs pays d’Amérique latine.

Les interventions des parlementaires et des témoins ont particulièrement mis l’accent sur le rôle central du Venezuela. Le gouvernement de Nicolás Maduro est accusé de faciliter les activités du Hezbollah en fournissant les itinéraires de contrebande, des documents de voyage falsifiés et des dispositifs de couverture financière. «Le Venezuela est devenu un maillon clé dans la facilitation des activités malveillantes du Hezbollah dans notre région», a témoigné l’ambassadeur Nathan Sales, ancien coordinateur de la lutte antiterroriste au Département d’État.

M. Sales et d’autres experts présents à l’audition ont décrit un réseau complexe de criminalité transnationale, impliquant drogue, or, pétrole et produits de contrefaçon, qui contribuerait à financer le Hezbollah. Face à la pression des sanctions internationales et au soutien limité de l’Iran, le groupe pourrait, selon eux, s’appuyer davantage sur ses alliances avec des cartels criminels locaux.

Le sénateur démocrate Sheldon Whitehouse (Rhode Island), coprésident du groupe sénatorial, a exprimé des préoccupations similaires quant à l’intégration du Hezbollah dans le crime organisé régional, appelant à un renforcement de la surveillance des flux financiers internationaux. «Si nous ciblons le financement du Hezbollah, nous pouvons l’empêcher de se reconstruire», a-t-il déclaré, plaidant pour des mesures plus strictes.

Bien que les échanges aient mis en lumière un rare consensus entre républicains et démocrates, certains sénateurs ont élargi le débat à des enjeux géopolitiques plus vastes. Le sénateur républicain Bernie Moreno (Ohio) a suggéré que les États-Unis devraient envisager des actions plus directes contre le régime de Maduro, qualifiant le Venezuela de «refuge pour l’un des groupes terroristes les plus dangereux au monde».

Cette audition intervient alors que les autorités américaines intensifient leurs opérations contre le narcotrafic dans les Caraïbes, notamment par des frappes militaires ciblées.

En conclusion, le sénateur Cornyn a insisté sur le nécessité de réévaluer les capacités du Hezbollah à l’échelle mondiale. «Alors que le groupe subit des revers au Moyen-Orient, il pourrait chercher à étendre ses activités criminelles en Amérique latine», a-t-il averti. «C’est précisément pour cette raison que cette audition est cruciale.»

 

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