Avec Yoroï, Orelsan signe un deuxième long-métrage mêlant introspection et fantastique, entre burn-out, paternité et monstres japonais. Le rappeur-réalisateur transforme sa crise de la quarantaine en une fable pop et spirituelle sur la quête d’équilibre.
Fatigue professionnelle, paternité, quête de sérénité: Orelsan met en scène la crise de la quarantaine dans un combat haut en couleur contre des démons japonais dans Yoroï, son deuxième film, qui sort mercredi en salles.
Paternité
Le film met en scène Aurélien, rappeur étouffé par le star system et les sollicitations constantes, qui attend un enfant avec sa compagne Nanako.
Pour échapper à la pression, ils décident de fuir et de partir s’installer au Japon, sans prévenir personne.
«Il y a clairement un changement de paradigme dans la vie d’un être humain» avec l’arrivée d’un enfant, explique le réalisateur David Tomaszewski, qui a écrit le film avec Orelsan.
À 43 ans, le rappeur est devenu père il y a deux ans. «Que ce soit dans mes albums, mes films, je raconte un peu des choses en accord avec là où j’en suis», explique Orelsan.
Quand David Tomaszewski, réalisateur de nombreux clips pour Orelsan, a proposé le projet, «j’ai dit +c’est trop bien+ (...) parce que ça permet de rentrer tout ce que j’ai envie de raconter à ce stade de ma vie», confie celui qui incarne Aurélien à l’écran.
Démons intérieurs
Installé dans une maison traditionnelle japonaise, Aurélien découvre une armure antique qui lui colle à la peau dès qu’il l’enfile.
Toutes les nuits surgissent alors des Yokais, d’étranges démons japonais aux multiples visages, qu’Aurélien et Nanako doivent combattre jusqu’à l’aube.
«L’idée, c’était de parler de comment on traite ses émotions, ses peurs, de parler aussi du burn-out, de parler de santé mentale, tout ça dans un emballage fun», raconte Orelsan.
Le Normand ambitionnait depuis longtemps de réaliser un long-métrage reprenant les codes des films d’action hongkongais et s’est mis aux sports de combat il y a huit ans pour s’y préparer.
Les cascades du film ont donc quasiment intégralement été réalisées par Orelsan et sa partenaire à l’écran, Clara Choï.
Célébrité
Dans le film, le personnage principal fuit la célébrité, l’omniprésence des réseaux sociaux et les entourages toxiques après une scène d’ouverture qu’on pourrait confondre avec la vraie vie d’Orelsan.
Même s’il revendique de faire œuvre de fiction, le chanteur dit s’être inspiré de son expérience personnelle. «On a pris ce personnage d’Orelsan, un peu comme j’ai fait toute ma carrière, dans Comment c’est loin (son premier film), dans Bloqué (série humoristique), dans mes albums», expose-t-il.
David Tomaszewski et lui-même ont ensuite poussé les curseurs au maximum, en inventant certains aspects de la vie de l’artiste.
La célébrité «c’est un accélérateur», avance David Tomaszewski. «Ça amplifie les problèmes», ajoute le réalisateur, ce qui en fait un «vrai sujet de cinéma».
«David adore les films sur la célébrité», abonde Orelsan, qui revendique avec son ami plusieurs inspirations, de All That Jazz de Bob Fosse (Palme d’or à Cannes en 1980) à Grosse fatigue de Michel Blanc.
Nouveau projet
Yoroï est aussi l’occasion pour Orelsan d’en faire une accroche marketing de sa future tournée, qui doit débuter à Caen en janvier avant de s’achever sur dix concerts d’affilée à l’Accor Arena, à Paris, en décembre 2026.
Les trois nouveaux morceaux présentés dans le film ne seront pas disponibles dans l’immédiat sur les plateformes de streaming, mais uniquement audibles au cinéma.
«Ils seront aussi dans la tournée», promet Orelsan.
Passion Japon
Le chanteur a toujours revendiqué haut et fort sa passion pour la culture japonaise. Dans le film, Aurélien «se barre là-bas parce qu’il fantasme un peu cette vie, cette culture, et il connaît le Japon un peu par la culture geek, qui est souvent un peu tronquée par les mangas», explique Orelsan.
Le film est l’occasion de questionner «le regard des Occidentaux sur le Japon, cet espèce de fantasme, (...) comme quand les Américains tournent à Paris. C’est parfois un Paris idéalisé, qui n’est pas moins bien, qui est juste différent», souligne le rappeur.
Par Antoine GUY / AFP



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