Commerce et minéraux critiques: les accords signés par Trump en Asie du Sud-Est
Donald Trump, en tournée en Asie du Sud-Est, signe plusieurs accords commerciaux avec le Vietnam, la Malaisie et la Thaïlande, incluant la coopération sur les minéraux critiques, la facilitation d'investissements, l'achat de Boeing et de biens agricoles, et la réduction de barrières douanières, dans un contexte de guerre commerciale avec la Chine et de sécurisation des chaînes industrielles régionales. ©AFP

Vietnam, Malaisie, Thaïlande... en visite en Asie du Sud-Est, Donald Trump a signé dimanche plusieurs accords ou accords-cadres commerciaux -- signal d'accalmie pour une région éprouvée par la guerre douanière --, assortis de promesses à coopérer sur la question-clé des minéraux critiques.

TERRES RARES: coopérations renforcées

Le président américain a conclu deux protocoles d'accord avec Kuala Lumpur et Bangkok pour «renforcer la coopération» sur les «minéraux critiques».

À l'heure où Washington affronte les restrictions imposées par Pékin sur ses exportations de terres rares -- matériaux essentiels dont la Chine a le quasi-monopole --, ces textes très généraux promeuvent «le commerce et l'investissement dans l'exploration, l'extraction (...) le raffinage».

Dans l'accord commercial signé parallèlement, la Malaisie a convenu de faciliter l'accès aux «minéraux critiques» sur son sol, accélérant leur exploitation de concert avec des firmes américaines.

La visite de M. Trump en Asie du Sud-Est peut «contribuer à asseoir les relations avec les États-Unis sur une trajectoire plus positive, par exemple en dynamisant la coopération sur les minéraux critiques», observait précédemment Lynn Kuok, experte de Brookings Institution.

Mais pour la région, également dépendante de Pékin, «l'enjeu est de préserver sa marge de manoeuvre, son autonomie stratégique», prévenait-elle.

MALAISIE: Boeing et investissements

Selon l'accord signé par Donald Trump et le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, les droits américains actuels de 19% sont maintenus, mais Washington accordera certaines exemptions, notamment à de nombreux produits agricoles.

En échange, la Malaisie devra offrir «un accès préférentiel» aux produits industriels, automobiles, biens agricoles, des États-Unis.

Kuala Lumpur a également promis de commander 30 avions Boeing (avec une option pour 30 supplémentaires) et d'acheter pour 150 milliards de dollars de puces, composants aérospatiaux et équipements de centres de données.

Enfin, la Malaisie devra investir 70 milliards de dollars aux États-Unis sur la prochaine décennie, et gonfler ses achats d'hydrocarbures américains.

La question des semi-conducteurs reste en suspens.

Donald Trump envisage d'imposer des surtaxes sur les puces importées. Or, la Malaisie est le sixième exportateur mondial de semi-conducteurs (40% de ses exportations).

«Le texte ne contient aucun accord sur les semi-conducteurs (...) Si ces développements sont un élément positif pour apporter un peu de certitude», «les questions-clés autour des tarifs sectoriels, notamment pour la pharmacie et l'électronique, continueront d'assombrir l'horizon des exportations asiatiques», avertit Michael Wan, économiste de MUFG.

CAMBODGE: exemptions accordées

L'accord commercial conclu est très semblable à celui signé avec Kuala Lumpur. Des droits américains «réciproques» de 19% sont maintenus sur les exportations cambodgiennes, mais des exemptions sont ménagées.

Le Cambodge s'engage à maintenir des droits de douane nuls sur les produits américains, mais aussi à «autoriser et faciliter les investissements pour explorer, extraire, raffiner (...) minéraux critiques et ressources énergétiques».

VIETNAM: l'inconnue des biens «transbordés»

Le Vietnam avait conclu en juillet un compromis ramenant les surtaxes américaines douanières le visant à 20%, bien en-deçà des 46% qu'il risquait.

Selon l'accord-cadre conclu ce week-end, Washington maintient ces 20% mais accordera des droits nuls sur certains produits dont la liste reste ouverte.

En contrepartie, le Vietnam donnera «un accès préférentiel» aux exportations industrielles et agricoles américaines et réduira ses barrières réglementaires.

Vietnam Airlines a accepté de finaliser la commande de 50 Boeing, pour quelque 8 milliards de dollars selon la Maison Blanche, qui fait aussi état d'achats importants de produits agricoles.

Les deux parties travailleront à finaliser l'accord «dans les prochaines semaines».

En revanche, l'accord de juillet prévoyait que les États-Unis surtaxent à 40% les produits conçus ailleurs et ne faisant que transiter par le Vietnam («transbordement»), notamment en vue d'échapper aux taxes américaines contre la Chine.

Or, aucune définition n'est donnée, par exemple un seuil minimal de composants de pays tiers: une inconnue cruciale pour les industriels vietnamiens, très intégrés aux chaînes de production chinoises.

Autre incertitude: le secteur de l'ameublement, désormais visé par Washington d'un taux sectoriel additionnel de 25%. Or, les meubles représentant 10% des exportations du Vietnam vers les États-Unis.

THAILANDE: accord-cadre à finaliser

Donald Trump a conclu avec Bangkok un accord-cadre à finaliser «dans les prochaines semaines», qui assortit la surtaxe douanière actuelle (19%) d'exemptions -- en échange de l'élimination des barrières douanières thaïlandaises pour la quasi-totalité des biens américains.

Le texte prévoit aussi la commande de 80 avions américains pour 18,8 milliards de dollars, et des achats accrus de biens agricoles et hydrocarbures américains.

Julien GIRAULT/AFP

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