Réduire la mainmise chinoise sur les minéraux critiques sera au cœur à partir de jeudi de la réunion au Canada des ministres de l'Énergie du G7, qui tentent de garantir un accès plus fiable à ces ressources indispensables aux technologies du futur.
Les sept pays, dont les États-Unis, s'inquiètent de l'emprise de la Chine sur la fourniture de ces minéraux utilisés dans nombre de produits, des panneaux solaires aux missiles de précision.
En marge du sommet du G7 au Canada en juin, les chefs d'État et de gouvernement avaient lancé un «Plan d'action sur les minéraux critiques» visant à diversifier les chaînes d'approvisionnement pour faire progresser leurs «intérêts communs en matière de sécurité nationale et économique».
La rencontre de Toronto, prévue jeudi et vendredi, est «une occasion importante» pour faire avancer cette initiative, déclare à l'AFP Tae-Yoon Kim, responsable de la division des minéraux critiques à l'Agence internationale de l'énergie.
«La forte concentration du raffinage des minéraux critiques dans un seul pays (la Chine, ndlr) crée des risques économiques et de sécurité nationale», explique-t-il, exhortant les pays du G7 à pousser pour un «rééquilibre» du marché.
Car si de nombreux pays possèdent d'importantes réserves minérales, la Chine domine grâce à sa capacité de traitement et de raffinage, notamment des terres rares, utilisées dans un grand nombre d'appareils du quotidien et de haute technologie.
Et comme une grande partie des minéraux passe par des entreprises contrôlées par la Chine, Pékin peut consolider ses réserves et contrôler l'offre mondiale.
Selon Tae-Yoon Kim, il faut donc «travailler» à éviter, avec la Chine et les minéraux critiques, un choc d'offre semblable à celui des pays de l'Opep et du pétrole dans les années 1970.
«Nous faisons face depuis des années à un concurrent qui a systématiquement faussé les marchés, utilisé des subventions industrielles, créé des surcapacités et sapé le commerce équitable», estime Abigail Hunter, directrice du Center for Critical Minerals Strategy, groupe de réflexion basé à Washington.
«Moment charnière»
La réunion du G7 survient à un «moment charnière», affirme à l'AFP Gregory Frame, porte-parole du ministère canadien de l'Énergie. Le Canada y «annoncera les premiers résultats obtenus dans le cadre (d'une nouvelle alliance) qui aidera à garantir que les minéraux soutenant les industries de demain puissent être extraits, raffinés et produits par des pays partageant (les) valeurs» du G7.
Au sein de ce groupe réunissant le Royaume-Uni, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon et les États-Unis, les priorités divergent en matière de politique énergétique, notamment en termes de transition vers les énergies propres, que l'administration américaine a mises de côté par exemple.
Et les politiques commerciales protectionnistes de Donald Trump, qui ont provoqué des bouleversements économiques mondiaux, pourraient fragiliser l'unité du G7 sur les minéraux critiques.
Mais les ministres de l'Énergie du G7 partagent une inquiétude commune à propos de la «sécurité de l'approvisionnement», assure Abigail Hunter, alors que la Chine impose des contrôles d'exportation plus stricts sur les terres rares.
Selon elle, une réelle avancée à Toronto passera par des mesures concrètes sur la traçabilité et la transparence, afin notamment de réduire l'empreinte sur le marché mondial de sociétés «opaques» contrôlées par la Chine et présentes sur toute la chaîne d'approvisionnement.
«La fenêtre d'opportunité pour régler ce problème est encore ouverte mais elle est très, très petite», prévient Mme Hunter, qui presse les pays du G7 d'agir rapidement.
Avec AFP



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