L'Égypte inaugure avec faste son Grand Musée dédié à la civilisation pharaonique
Des visiteurs explorent le Grand Musée égyptien à Guizeh, en périphérie sud-ouest du Caire, le 5 mai 2025. ©Khaled Desouki / AFP

Le Caire inaugure officiellement samedi, en grande pompe, après des années de retard, le Grand Musée égyptien (GEM), vitrine pharaonique de la civilisation antique, avec une soirée fastueuse destinée à stimuler le tourisme.

Les environs du musée situé près des pyramides de Gizeh ont été bouclés tôt samedi matin en vue de la grande cérémonie.

Près de 80 délégations officielles sont attendues pour la cérémonie, qui doit commencer à 19H30 locales (17H30 GMT), la moitié "dirigées par des rois, des princes, des chefs d'État ou de gouvernement", selon les Affaires étrangères égyptiennes.

En prélude au spectacle attendu, la façade colossale du musée, situé sur une pente surplombant le plateau de Gizeh et ses pyramides, a été illuminée ces dernières nuits.

La construction de ce bâtiment de près d'un demi-million de mètres carrés, avec le soutien financier et technique du Japon, a coûté plus d'un milliard de dollars et exigé vingt ans de travaux titanesques.

Son attraction phare est le trésor de Toutânkhamon, découvert en 1922 dans un tombeau inviolé de la Vallée des Rois, en Haute-Égypte, avec ses près de 5 000 objets funéraires, réunis pour la première fois dans le même espace.

Au total, le GEM abrite plus de 100 000 vestiges, dont la moitié seront exposés, soit la plus grande collection au monde consacrée à une seule civilisation, qui a vu défiler trente dynasties sur 5 000 ans d'histoire.

À l'ouverture au public, mardi, les visiteurs y seront accueillis dans l'immense atrium par la statue la plus monumentale du musée - 83 tonnes de granite, onze mètres de haut - représentant Ramsès II, le pharaon qui a régné sur l’Égypte pendant 66 ans il y a plus de 3 000 ans.

Contrairement au musée centenaire, désuet et exigu, du centre de la capitale égyptienne, le GEM propose, entre ses murs en pierre couleur sable, des galeries immersives, un éclairage de précision, des expositions en réalité virtuelle et même un musée pour enfants.

Les férus d'archéologie pourront y suivre, à travers une baie vitrée, les travaux du laboratoire de conservation pour restaurer une barque solaire vieille de 4 500 ans, retrouvée enterrée près de la pyramide de Khéops.

Obstacles

Après plusieurs reports liés au Printemps arabe, puis à la pandémie de covid-19, l'ouverture officielle du musée avait été fixée à début juillet.

Mais les autorités égyptiennes ont préféré la reporter en dernière minute en raison des tensions régionales pour offrir à l'événement "l'ampleur mondiale qu'il mérite".

Les observateurs avertissent que son succès à long terme dépendra d'un tourisme stable et d'une infrastructure de soutien solide.

L'archéologue égyptien Hussein Bassir a déclaré que l'avenir du musée dépend de "l'entretien régulier pour préserver le bâtiment et ses trésors".

"Si l'élan actuel n'est pas maintenu, le musée pourrait rapidement perdre son attrait et le nombre de visiteurs pourrait chuter", a-t-il déclaré à l'AFP.

Le secteur touristique égyptien, une source vitale de devises étrangères et d'emplois, a été maintes fois ébranlé au cours de la dernière décennie et demie, de l'insurrection de 2011 aux vagues de troubles et aux attaques terroristes sporadiques qui ont suivi.

Elhamy al-Zayat, ancien président de la Fédération égyptienne du tourisme, a déclaré à l'AFP que le musée fait partie d'un plan plus large visant à transformer tout le plateau de Gizeh.

"L'Égypte a créé une toute nouvelle zone culturelle et touristique" sur le plateau, avec un aéroport à proximité et des installations pour visiteurs améliorées aux pyramides, a-t-il déclaré.

Les routes menant au plateau ont été rénovées, un système de billetterie numérique a été introduit et des bus électriques climatisés circulent désormais devant les pyramides.

Ces dernières années, le tourisme a montré des signes de reprise, avec 15 millions de visiteurs en Égypte au cours des neuf premiers mois de 2025, générant 12,5 milliards de dollars, soit une augmentation de 21 % par rapport à l'année précédente.

Les responsables estiment que le GEM à lui seul pourrait attirer jusqu'à sept millions de visiteurs par an, ce qui pourrait porter le nombre total de visiteurs à 30 millions d'ici 2030.

Cependant, certains observateurs restent prudents, affirmant que l'instabilité régionale, y compris les conflits en cours à Gaza et au Soudan, ainsi que les pressions économiques, risquent de compromettre le potentiel du musée à apporter un coup de pouce majeur au secteur touristique égyptien.

Voici cinq choses à savoir sur ce bâtiment pharaonique que le pouvoir égyptien présente comme "le plus grand édifice culturel du XXIᵉ siècle" :

La “quatrième pyramide”
Conçu par le cabinet Heneghan Peng, l’édifice de pierre et de verre s’intègre au plateau de Guizeh, aux côtés des pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Coût : plus d’un milliard de dollars. Visiteurs attendus : 5 millions par an.

Le colosse de Ramsès II
Une statue monumentale de 83 tonnes et 11 mètres de haut accueille le public. Découverte en 1820, elle a voyagé à travers le monde avant de s’installer définitivement au musée.

Les trésors de Toutânkhamon
Plus de 4 500 objets funéraires du jeune pharaon sont exposés ensemble pour la première fois, dont son célèbre masque en or et les cercueils imbriqués de son sarcophage.

Les barques solaires
Un bâtiment de 4 000 m² est dédié à la barque solaire de Khéops, l’un des plus anciens artefacts en bois connus. Une seconde barque en cours de restauration est visible derrière une paroi vitrée.

Panorama
Le musée, lancé en 2002 et retardé par les crises politiques et sanitaires, offre une vue panoramique sur les pyramides. Il comprend galeries, réserves, laboratoires, bibliothèques, centre de conférence, restaurants et boutiques.

AFP

 

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