Près de trois ans après le début du conflit, la Russie et l’Ukraine restent embourbées dans une impasse coûteuse. L’Ukraine conserve la majorité de son territoire, tandis que la Russie en contrôle environ 20%. Les initiatives diplomatiques n’ont encore abouti à aucun progrès concret. Ce conflit affecte désormais la sécurité mondiale, les marchés de l’énergie et l’équilibre entre puissances nucléaires.
Le 24 février 2022, la Russie a lancé une invasion à grande échelle de l’Ukraine, marquant le conflit militaire le plus important en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette décision s’inscrivait dans un mélange de motifs politiques, stratégiques et idéologiques accumulés depuis des années. Moscou cherchait avant tout à empêcher l’Ukraine, ancienne république soviétique aux liens historiques et culturels profonds avec la Russie, de s’aligner définitivement sur l’Occident.
La vision de Poutine
Le président russe Vladimir Poutine a répété à plusieurs reprises que Russes et Ukrainiens formaient «un seul peuple» et a décrit l’Ukraine comme un «État artificiel». Cette vision nie la souveraineté ukrainienne et présente le pays comme une région qui devrait rester définitivement dans la sphère d’influence russe.
L’orientation occidentale de l’Ukraine et l’inquiétude du Kremlin
Dans les années précédant l’invasion, l’Ukraine a renforcé ses liens avec l’Union européenne, élargi sa coopération militaire avec l’OTAN et affirmé son identité nationale indépendante. Pour le Kremlin, ces évolutions ne représentaient pas seulement un réalignement géopolitique : elles signalaient un véritable éloignement de l’influence historique de la Russie. Moscou estimait qu’empêcher l’Ukraine de se rapprocher de l’Occident était indispensable pour préserver à la fois son pouvoir régional et sa sécurité nationale.
La guerre sur le terrain
Près de trois ans après le début du conflit, les résultats sont loin des attentes de Moscou. En 2025, l’Ukraine conserve la majorité de son territoire reconnu internationalement, tandis que la Russie n’en contrôle qu’environ 20%, selon le Council on Foreign Relations (CFR). Les gains territoriaux obtenus depuis 2022 ont été obtenus au prix fort, tant sur le plan humain que militaire. À la mi-2025, les forces russes avaient conquis près de 2 335 km² de territoire ukrainien en seulement quelques semaines. Ces avancées, bien que notables, restent limitées face aux lourdes pertes subies par Moscou.
Le coût humain et économique
Les pertes militaires russes sont estimées à près d’un million de morts ou de blessés, selon le Center for Strategic and International Studies (CSIS) à Washington. L’Ukraine a également payé un lourd tribut, avec environ 400 000 soldats tués ou blessés, selon le président Volodymyr Zelensky. Les deux pays subissent des pertes humaines colossales, des économies dévastées et des sociétés profondément fragilisées. Pourtant, aucune des deux parties n’est prête à céder.
La menace d’une escalade reste constante. Même si l’OTAN continue d’apporter son soutien militaire et financier à l’Ukraine, une intervention directe paraît improbable, sauf si le conflit dépasse les frontières ukrainiennes ou si la Russie utilise des armes nucléaires ou chimiques. Les pays occidentaux cherchent à éviter à tout prix une confrontation directe entre puissances nucléaires, dont les conséquences seraient catastrophiques pour le monde entier.
Efforts diplomatiques et propositions de cessez-le-feu
Des initiatives diplomatiques ont été lancées, notamment sous l’impulsion du président américain Donald Trump. Sa démarche privilégie d’abord un cessez-le-feu, suivi de négociations à plus long terme. Selon les propositions qui lui sont attribuées, l’Ukraine devrait accepter certaines concessions territoriales, comme reconnaître le contrôle russe de la Crimée et de certaines zones occupées, tout en renonçant à rejoindre l’OTAN. En échange, les sanctions contre la Russie seraient assouplies.
Moscou, de son côté, exige non seulement la neutralité de l’Ukraine, mais aussi la reconnaissance officielle de tous les territoires qu’elle occupe actuellement, en insistant pour que tout accord soit définitif.
Les lignes rouges de l’Ukraine: la souveraineté avant tout
Pour Kiev, ce n’est pas simplement un calcul politique: c’est une question de survie. L’Ukraine exige le retrait des forces russes et le rétablissement de sa pleine souveraineté sur l’ensemble des territoires occupés. Accepter un cessez-le-feu sur les lignes de front actuelles reviendrait à reconnaître officiellement la perte de parties du Donetsk, du Louhansk, de Zaporojié, de Kherson et de la Crimée, un scénario perçu non seulement comme une défaite, mais aussi comme une invitation à de futures agressions.
La guerre se poursuit parce que chaque camp pense que le temps lui est favorable. Chacun espère que l’autre finira par s’affaiblir, que ce soit sur le plan militaire, économique ou politique. Mais plus le conflit s’éternise, plus il est évident qu’aucun des deux ne peut remporter une victoire décisive. Les pertes continuent de s’accumuler, tandis que le risque d’une escalade généralisée ne cesse de croître.
Le 28 février 2025, Trump avait averti Zelensky que prolonger le conflit sans avancer vers des négociations revenait à «jouer avec la Troisième Guerre mondiale». Ce message, aussi controversé soit-il, rappelle l’ampleur des enjeux. La guerre ne concerne plus seulement le territoire; elle conditionne désormais la sécurité mondiale, la stabilité énergétique et l’équilibre entre puissances nucléaires.
Si le conflit se poursuit sans limite, le risque d’un affrontement direct entre la Russie et l’OTAN augmente, tout comme celui d’une guerre beaucoup plus vaste et dévastatrice.




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