Les autorités sanitaires américaines ont annoncé lundi qu'elles allaient demander aux fabricants de traitements hormonaux contre les symptômes de la ménopause de retirer un avertissement contre les risques potentiels liés à ces médicaments, estimant qu'ils avaient été exagérés.
Au moment de la ménopause, qui marque la fin de la période reproductive chez les femmes, les ovaires cessent progressivement de fonctionner, entraînant notamment une chute des niveaux d'œstrogènes. Ces bouleversements peuvent provoquer des symptômes très inconfortables (bouffées de chaleur, troubles du sommeil, sécheresse vaginale, douleurs pendant les rapports sexuels, etc), que les traitements hormonaux substitutifs permettent de soulager.
Ils ont été utilisés couramment aux États-Unis jusque dans les années 2000, mais en 2002 une étude américaine a jeté le trouble en montrant que ces traitements entraînaient une augmentation du risque de cancer du sein et d'accident vasculaire cérébral.
Un avertissement figurait depuis sur ces médicaments, alertant contre un risque de cancers, de maladies cardiovasculaires ou de démence, et les prescriptions ont nettement chuté.
Mais la question a continué de diviser la communauté médicale.
Des critiques ont notamment pointé des défauts dans l'étude de 2002, dont les essais avaient été interrompus lorsque les risques sont apparus.
Celle-ci se concentrait sur des femmes âgées d'une soixantaine d'années en moyenne, soit environ dix ans après la ménopause, un âge où les risques cardiovasculaires sont naturellement plus élevés.
Il existe par ailleurs aujourd'hui des formes nouvelles de ces traitements, à doses réduites.
«Pas sans danger»
De nombreux professionnels de santé appelaient ainsi l'Agence américaine du médicament (FDA) à revenir sur son avertissement, estimant qu'il pouvait dissuader des femmes pour qui les bénéfices pouvaient pourtant l'emporter sur les risques.
«Nous remettons en cause des idées dépassées et réaffirmons notre engagement envers une médecine fondée sur les preuves, qui autorise plutôt qu'elle ne restreint», a déclaré le ministre de la Santé, Robert F. Kennedy Jr, en présentant la décision.
Marty Makary, le patron de la FDA, a estimé que les risques des traitements hormonaux avaient été surestimés, et qu'ils pouvaient permettre de réduire le déclin cognitif, prévenir l'ostéoporose ou les maladies cardiovasculaires.
Le président du collège américain des gynécologues et obstétriciens, Steven Fleischman, a salué dans un communiqué la décision des autorités sanitaires, qui va «améliorer la vie des femmes en périménopause» (la phase de transition avant la ménopause) en rendant les traitements «plus accessibles» et en levant les «obstacles inutiles».
«Comme tous les médicaments, les produits à base d'œstrogène systémique ne sont pas dépourvus de risques, et leur utilisation doit faire l'objet d'une discussion individualisée entre les patientes et leurs médecins», a-t-il toutefois ajouté.
Certains experts ont ainsi fait part de leur scepticisme face à une décision jugée trop rapide et ambitieuse, craignant qu'elle véhicule l'idée que les traitements hormonaux étaient sûrs pour toutes les femmes.
«Les avertissements sur les produits hormonaux liés à la ménopause étaient devenus obsolètes et il était temps de les actualiser», a réagi auprès de l'AFP la présidente du Centre national pour la recherche médicale (NCHR), Diana Zuckerman.
Mais «ces produits comportent encore des risques bien réels et leurs bénéfices concernent essentiellement les bouffées de chaleur et les symptômes associés à la ménopause, et non pas la santé dans son ensemble», a-t-elle mis en garde. «Ils ne sont certainement pas sans danger pour tout le monde.»
Interrogée par l'AFP, Adriane Fugh-Berman, professeure de pharmacologie à l'université de Georgetown, a quant à elle estimé que la décision de la FDA «ne correspondait pas à la façon dont la régulation devrait se faire» et a appelé à mener davantage d'études sur le sujet.
Marty Makary, qui défend depuis longtemps la prescription des traitements hormonaux pour la ménopause, avait rassemblé en juillet un panel d'experts dans le but de réexaminer les recommandations.
Nombre d'entre eux avaient des liens avec des laboratoires qui vendent ces traitements ou faisaient partie d'un collectif défendant un changement dans les notices.
Avec AFP
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