Le processus de sabotage des élections est lancé
©Ici Beyrouth

Les Libanais de la diaspora, longtemps considérés comme un recours face aux crises du pays, de l’effondrement économique à l’explosion du port de Beyrouth, risquent lors des élections de 2026 de ne plus être une part de la solution mais de devenir une part du problème en raison des récentes évolutions politiques. Chaque année, ils injectent plus de huit milliards de dollars dans une économie qui en dépend largement.

Il apparaît désormais clairement que le vote des Libanais de la diaspora pourrait bouleverser les élections législatives. Les cadres constitutionnels et légaux pour gérer ce scénario sont déjà définis.
Mais comment le Parlement pourrait-il imposer un report, à moins que les circonstances ne changent radicalement et que la donne politique ne se transforme soudainement ?

Le délai d’inscription des Libanais de l’étranger expire le 20 novembre, mais le gouvernement n’a pas décidé de le prolonger. Ce report est désormais intégré dans un projet de loi d’urgence transmis à la Chambre.

Pour que les élections puissent se tenir, la Constitution doit être modifiée, l’application de l’article 122 suspendue, et les dispositions liées au Megacenter ainsi qu’à la carte à puce révisées. Tant que ces mesures ne seront pas adoptées, les élections ne pourront pas se dérouler sous l’égide du gouvernement, qui ne dispose d’aucun moyen législatif pour mettre en place le mécanisme d’exécution pour la circonscription 16.

Par conséquent, le gouvernement se retrouvera dans l’incapacité d’organiser les élections et devra en informer le Parlement. Selon la commission préparatoire, la loi en vigueur reste imprécise sur plusieurs aspects de la législation et ne fournit aucune solution claire.

Dans le même temps, le Parlement commencera à examiner l’action du gouvernement et ne pourra adopter aucun autre texte, conformément à la Constitution. Ce blocage devrait se prolonger jusqu’à la fin de la session ordinaire, et janvier débutera sans que l’article 122 ait été modifié. Sans convocation d’une session extraordinaire pour résoudre cette impasse, le ministre de l’Intérieur ne pourra pas convoquer les électeurs, étant incapable de déterminer qui doit voter dans la circonscription 16. Dans ces conditions, organiser les élections devient pratiquement impossible. Il suffirait qu’un député du Nord convoque le vote prévu par la loi pour que la situation bascule.

À la lumière de cette situation, les inscriptions déjà effectuées par le ministère des Affaires étrangères seraient annulées, et le scrutin pourrait être utilisé comme un instrument d’obstruction plutôt que comme une solution. Les élections risquent ainsi d’être reportées simplement parce qu’elles ne conviennent pas au tandem chiite Amal-Hezbollah, incapable de tolérer un résultat défavorable dans aucune circonscription.

La seule manière de tenir les élections serait qu’un changement des données intervienne avant cette échéance. Dans la situation actuelle, il est impossible de modifier l’équilibre des forces ou d’imposer le scrutin.

Les élections ne pourraient avoir lieu que si un nouveau coup était porté au Hezbollah, ou si des négociations américano-iraniennes rétablissaient un certain équilibre régional. La question dépasse donc largement le simple enjeu du vote des Libanais de la diaspora.

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