En période de crise existentielle profonde, il ne saurait y avoir de place à la demi-mesure, à la compromission, aux positions frileuses… Lorsque le sort d’un pays est suspendu aux desiderata de forces centrifuges, déstabilisatrices, ancrées aveuglément à des puissances régionales aux ambitions hégémoniques démesurées, il devient alors impératif de choisir son camp sans faire preuve d’hésitation.
Le pouvoir actuel, qui avait suscité à ses débuts une vague d’espoir au sein de la population, est aujourd’hui confronté à des tentatives d’intimidation mafieuses, à des menaces publiques effrontées, à un crapuleux chantage à la sédition… Face au discours belliqueux ambiant, l’exécutif ne devrait avoir d’autre choix que d’imposer avec détermination ses options nationales. Lorsque l’État en vient à «négocier» avec des forces subversives le rétablissement de son autorité, il se place d’office en position de faiblesse, en demandeur, et la partie est par conséquent perdue d’avance…
L’État n’a pas à requérir le respect de sa prépondérance. Il doit l’imposer. Il fixe les grandes orientations et c’est aux factions locales de s’adapter à cette ligne directrice, et non l’inverse. D’aucuns pourraient rétorquer, à l’ombre de la conjoncture présente, qu’il est difficile d’occulter le fait (indéniable) que le Hezbollah – source de la crise existentielle actuelle – est lié idéologiquement et inconditionnellement au Guide suprême de la République islamique iranienne et, par ricochet, aux Pasdaran. Certes… Mais c’est précisément au régime des mollahs et au Hezbollah de s’adapter à la Raison d’État du Liban, et non pas le contraire, et à cet égard, le pouvoir central se doit de faire preuve de fermeté et de détermination.
Le problème dans ce cadre ne se pose pas en termes de lutte d’influence ou de lutte pour le pouvoir. C’est l’identité et la physionomie sociopolitique du pays du Cèdre qui se jouent aujourd’hui, plus que jamais. L’enjeu dépasse même le cas libanais. Il revêt dans une large mesure une dimension essentiellement régionale et porte sur le devenir des pays du Levant et du Moyen-Orient, d’une manière plus générale. Cet enjeu est fondamentalement d’ordre macroéconomique et son impact touche une vaste zone géographique qui pourrait s’étendre, par extension, au continent européen.
Cette dimension macroéconomique impose l’établissement d’une stabilité durable et d’une paix permanente, passage obligé pour favoriser un vaste brassage d’affaires et des échanges commerciaux transnationaux impliquant le développement d’infrastructures de pointe. C’est à ce niveau précis que se situe le cas spécifique du Liban. La paix au Moyen-Orient prônée avec insistance par le président Donald Trump, même durant sa campagne présidentielle, ne saurait s’accommoder de la présence d’une milice, au Liban ou dans d’autres pays de la région, qui entretient en permanence, et d’une manière entièrement stérile, une atmosphère de guerre et d’hostilité chronique.
Mais indépendamment de ces considérations macroéconomiques, c’est le bien-être de la population locale qui importe plus que tout. Les Libanais subissent depuis plus d’un demi-siècle les retombées de conflits qui se sont avérés sans horizon et sans fin. Il est de ce fait totalement légitime qu’ils puissent profiter des opportunités qui se profilent à l’horizon. Et dans cette perspective, il est sans doute grand temps que l’État fasse preuve de fermeté et impose sans complaisance son autorité afin de tourner la page des guerres destructrices à plus d’un égard. Le temps est venu que le pouvoir se montre réellement déterminé à tirer un trait sur les caprices de la milice qui a plongé ces dernières années le pays dans une crise existentielle, politique, économique, financière et sociale sans précédent dont il assume l’entière responsabilité.




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