Women’s Race : Jounieh met ses baskets au féminin
May el-Khalil, présidente de la Beirut Marathon Association, à l’arrivée du Women’s Race lors d’une précédente édition. ©@BMA

Demain dimanche, Jounieh va se réveiller au bruit des pas, des cris de soutien et des chronos qui s’emballent. Pour la 10e édition du Women’s Race organisé par la Beirut Marathon Association, présidée par May el-Khalil, les arches de départ et d’arrivée se poseront autour du complexe sportif Fouad-Chéhab, en partenariat avec la municipalité, pour une matinée 100 % running, 100 % inclusive.

Depuis plusieurs jours, les équipes de la Beirut Marathon Association enchaînent les réunions techniques, les installations de tentes et d’infrastructures, les tests de chronométrage et la remise des dossards dans un centre dédié à Jnah. Sur le terrain, rien n’est laissé au hasard : circuit sécurisé, signalisation claire, bénévoles briefés, services de secours mobilisés… Jounieh s’apprête à devenir, le temps d’un dimanche matin, la capitale libanaise de la foulée au féminin.

L’événement, organisé pour la première fois en 2013 et revenu en 2023 après une série d’interruptions, fête cette année sa dixième édition. Longtemps disputé sur 10 kilomètres, il se recentre désormais sur une distance de 5 kilomètres plus accessible et plus explosive, avec un concept qui reste le même : placer la femme au cœur de la course, tout en ouvrant le tracé à toute une communauté de coureurs et de marcheurs.

Le programme : du 5 km qui pique au 1 km à partager

Dès 6h30, la route appartiendra aux femmes : le 5 km compétition réservé aux participantes donnera le coup d’envoi de la journée. Les meilleures tenteront d’aller chercher un chrono de référence, les autres d’accrocher un dossard, une expérience, une revanche personnelle. Le temps de la première à franchir la ligne d’arrivée sera enregistré comme premier record national sur 5 km route féminin, un petit bout d’histoire écrit au bord de la baie de Jounieh.

À 7h30, ce sera au tour des hommes, eux aussi sur 5 km compétitif, histoire de donner le ton en termes de rythme et de densité. À 8h, place à un tout autre décor avec un 1 km parents–enfants qui promet autant de photos que de sueur : poussettes, mains serrées, petits pas pressés pour franchir la ligne en famille.

À 9h15, le 5 km « fun » prendra le relais : un peloton plus détendu, où l’on court, trottine, marche, rit et pose pour les copains sur le bord de la route. Enfin, à 10h20, les amateurs de sensations glissées entreront en scène pour un 3 km festif sur rollers, histoire de clôturer la matinée sur un autre tempo. La cérémonie de remise des prix des trois premiers chez les femmes et chez les hommes est, elle, programmée à 8h, au pied de l’arche d’arrivée.

Une décennie de course au féminin

Ce Women’s Race version 2025 a une saveur particulière. C’est la deuxième fois seulement que Jounieh accueille la course, après une première édition organisée dans la ville en 2017. Entre-temps, le concept a grandi, s’est exporté, a résisté aux crises et aux interruptions, mais l’ADN reste le même : utiliser le sport comme levier de visibilité, de liberté et de santé pour les femmes.

Dans les coulisses, la Beirut Marathon Association avance avec la même obsession du détail : qualité du chronométrage, respect des standards internationaux, accueil des coureuses étrangères, encadrement médical et logistique. Autour des arches rouges et blanches, on croise des bénévoles fidèles de la grande aventure du marathon de Beyrouth, des partenaires historiques, des visages connus du running libanais, des clubs scolaires et universitaires, des associations qui profitent de l’événement pour porter un message social ou de sensibilisation.

Dimanche, la ligne d’arrivée sera plus qu’un simple ruban à franchir. Entre les coureuses qui viseront le podium, celles qui viseront un premier 5 km, les papas qui tiendront la main de leurs enfants et les groupes venus en t-shirts de couleur pour courir « pour une cause », c’est tout un pays qui cherchera, le temps de quelques foulées, à se rappeler qu’il sait encore avancer.

Quand Jounieh se met à respirer au rythme des foulées

Au-delà des distances et des temps officiels, le Women’s Race version Jounieh raconte surtout une histoire de ville qui ouvre son front de mer aux coureuses et aux coureurs, tôt le dimanche matin, quand les cafés se réveillent à peine et que la baie est encore calme. Une histoire d’organisation qui tient à garder des standards professionnels dans un contexte compliqué. Et une histoire de femmes qui prennent le départ, numéro épinglé, pour se prouver quelque chose à elles-mêmes autant qu’aux autres.

Dimanche, à Jounieh, les chronos parleront, les podiums se rempliront, les photos envahiront les réseaux. Mais le vrai résultat ne tiendra pas sur un tableau d’affichage : il se lira dans ce simple détail, quand la ville, le temps d’un matin, laissera la route aux baskets et admettra qu’au Liban, malgré tout, la vie continue… en courant.

 

 

 

Commentaires
  • Aucun commentaire