Le pape Léon XIV a appelé la Turquie à être «un facteur de stabilité et de rapprochement entre les peuples» tout en mettant en garde contre son «homogénéisation», lors de sa réception par le président turc Recep Tayyip Erdogan jeudi à Ankara.
Dans une «phase fortement conflictuelle au niveau mondial», «puisse la Turquie être un facteur de stabilité et de rapprochement entre les peuples, au service d'une paix juste et durable», a déclaré le souverain pontife dans un discours emprunt de retenue, à l'image de ses six premiers mois de pontificat.
Par sa position géographique et sa diversité, «ce pays constitue un pont entre l'Orient et l'Occident, entre l'Asie et l'Europe, et un carrefour de cultures et de religions», a souligné le pape dans son premier discours devant les autorités, la société civile et le corps diplomatique, au complexe présidentiel.
L'«homogénéisation» de la Turquie «représenterait un appauvrissement», a-t-il mis en garde devant le chef de l'État, dont le parti islamo-conservateur dirige depuis 2002 le pays laïc très majoritairement musulman sunnite.
Les critiques dénoncent un durcissement autoritaire du pouvoir turc, marqué par un recul des libertés d'expression et de réunion, des arrestations massives de manifestants, journalistes et élus après l'incarcération du maire d'opposition d'Istanbul en mars.
La répression s'est intensifiée depuis les élections municipales de mars 2024, marquées par la défaite du parti AKP du président Recep Tayyip Erdogan.
«Une société n'est vivante que si elle est plurielle», a encore insisté le pape en évoquant le sort des minorités chrétiennes, qui représentent seulement 0,1% des 86 millions d'habitants et luttent toujours contre les inégalités de traitement et un sentiment d'exclusion.
«Je tiens à vous assurer que les chrétiens, qui sont et se sentent partie intégrante de l'identité turque (...) ont eux aussi la volonté de contribuer positivement à l'unité de votre pays», a déclaré Léon XIV.
«Dans une société comme celle de la Turquie, où la religion joue un rôle visible, il est fondamental d'honorer la dignité et la liberté de tous les enfants de Dieu: hommes et femmes, compatriotes et étrangers, pauvres et riches», a-t-il encore affirmé.
Dans un pays qui valorise le rôle de la famille et celui des mères, Léon XIV a relevé l'importance des femmes au sein de la société «grâce à leurs études et à leur participation active à la vie professionnelle, culturelle et politique».
«Il convient donc d'apprécier les importantes initiatives prises en ce sens, en faveur de la famille et de la contribution des femmes à l'épanouissement de la vie sociale», a-t-il affirmé.
Les organisations féministes dénoncent le nombre élevé de féminicides et de décès de femmes non élucidés.
AFP
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