Syrie: affrontements au sud, Damas porte le bilan à 13 morts
Une photographie aérienne prise le 27 novembre 2025 dans la campagne de la ville d’Idlib, dans le nord de la Syrie, montre un cimetière de chars et de véhicules blindés de l’armée qui avaient été saisis par les forces rebelles lors de la chute du régime de l’ancien président syrien Bachar al-Assad. ©Photo by ABDULAZIZ KETAZ / AFP

De violents affrontements ont éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi dans le sud de la Syrie, lorsque des soldats israéliens opérant dans le secteur de Beit Jinn ont été pris pour cible par des habitants armés, selon des sources locales et militaires. Au moins un Syrien avait été tué dans les premières heures de l’échange, qui a débuté vers 3h15 (heure locale) et s’est prolongé durant de longues minutes. Au fil de la journée de vendredi, le bilan n’a pourtant cessé de s’alourdir.

Beit Jinn, un foyer de groupes armés selon Israël

Située à une dizaine de kilomètres de la frontière israélienne et à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Damas, la localité de Beit Jinn est devenue, selon les médias israéliens, un foyer actif de groupes armés cherchant à viser Israël. Plusieurs témoignages syriens affirment que les tirs ont éclaté après une tentative d’interpellation menée par les forces israéliennes contre un habitant du village.

L’opération aurait dégénéré très rapidement, donnant lieu à des échanges d’armes légères, puis à des tirs d’artillerie, avant qu’un hélicoptère israélien ne frappe les abords de la localité, selon les mêmes sources.

Damas dénonce une «agression criminelle»

Alors que la chaîne Syria TV faisait d’abord état de neuf morts, l’agence officielle SANA a ensuite annoncé un bilan porté à treize victimes. Les autorités syriennes évoquent un «nombre croissant de martyrs» causé par ce qu’elles qualifient d’«agression israélienne» contre Beit Jinn.

Le ministère syrien des Affaires étrangères Assad Chaibani a dénoncé une «agression criminelle» ayant, selon lui, provoqué les affrontements lorsque des habitants se seraient interposés devant les forces israéliennes. Il accuse par ailleurs l’armée israélienne d’avoir procédé à un «bombardement sauvage» du village après l’échec de sa tentative d’incursion au sol. Damas affirme que plus de treize personnes ont été tuées, dont des femmes et des enfants, sans qu’aucun de ces éléments ne puisse être vérifié de manière indépendante.

Israël affirme avoir visé la Jamaa Islamiya

L’armée israélienne fournit un récit radicalement différent et affirme avoir mené un raid ciblé contre des membres de l’organisation Jamaa Islamiya, accusés de préparer des attaques contre des civils israéliens. Selon son communiqué, un contingent de la 55ᵉ brigade de parachutistes de réserve, rattachée à la division 210, est entré dans une maison du village pour arrêter deux suspects. À leur sortie, les soldats auraient été pris sous un tir nourri à très courte distance.

Avichay Adraee, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, a détaillé sur X que l’opération avait été déclenchée «sur la base d’informations de renseignement recueillies ces dernières semaines», indiquant que des forces de la division 210 avaient été envoyées pour arrêter des membres recherchés de Jamaa Islamiya «ayant poussé des plans terroristes contre des citoyens israéliens».

 

Il affirme que des «terroristes ont ouvert le feu sur les troupes», qui ont riposté tandis que l’aviation assurait des frappes d’appui.

Selon lui, deux officiers et un réserviste ont été grièvement blessés, un autre réserviste a été blessé de manière modérée, et deux autres soldats ont été légèrement touchés, tous évacués vers un hôpital.

Avichay Adraee assure que «l’opération a été entièrement menée à bien», que tous les suspects ont été arrêtés et «qu’un certain nombre de terroristes ont été éliminés», ajoutant que les forces israéliennes «restent déployées dans la zone pour continuer à agir contre toute menace visant Israël et ses citoyens».

Trois suspects arrêtés et un Humvee détruit

Le Times of Israel rapporte que les deux hommes arrêtés étaient des frères impliqués dans des tirs de roquettes précédents, et qu’un troisième suspect a été capturé durant l’opération. Six soldats israéliens ont été blessés, dont trois grièvement.

Les troupes ont répliqué au feu, tandis que des hélicoptères et des drones menaient des frappes de soutien pour couvrir leur retrait. Un Humvee pris sous le feu a dû être abandonné dans le village avant d’être détruit par une frappe israélienne, selon la presse israélienne. Malgré cet incident, l’état-major considère l’opération comme un succès, affirmant que trois suspects ont été arrêtés et que plusieurs hommes armés ont été tués.

Un contexte de tensions persistantes au sud de la Syrie

Ce raid survient moins de vingt-quatre heures après qu’un groupe d’Israéliens a franchi illégalement la frontière syrienne dans la région du Golan et du mont Hermon, un acte qualifié de «grave et criminel» par l’armée israélienne elle-même.

Selon l’AFP, ces affrontements s’inscrivent dans un climat de tensions persistantes dans le sud syrien, où les opérations israéliennes se multiplient depuis la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre 2024 et l’installation de nouvelles autorités à Damas. L’agence rappelle aussi que de récents contacts diplomatiques impliquant Paris et Washington avaient laissé entrevoir la possibilité d’une négociation sécuritaire entre Israël et la Syrie.

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