Guerre en Ukraine: l'émissaire américain en route pour rencontrer Poutine
Alors que Steve Witkoff rencontre Vladimir Poutine à Moscou, les Etats-Unis se disent «très optimistes», tandis que les Européens rappellent l’urgence d’une paix «juste», sur fond de nouvelles avancées russes et de pression politique croissante sur Volodymyr Zelensky. ©Joe Raedle/Getty Images North America/Getty Images via AFP

Les regards se tournent mardi vers Moscou, où l’émissaire américain Steve Witkoff doit rencontrer le président russe Vladimir Poutine dans l’espoir de rapprocher les positions et d’avancer vers un accord visant à mettre fin à la guerre en Ukraine.

Lundi, Washington s’est dit «très optimiste», malgré l’inflexibilité affichée par le dirigeant russe plus de trois ans après le lancement de son offensive.

La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a assuré que le président américain et son équipe «ont travaillé très dur sur ce dossier et souhaitent tous sincèrement voir cette guerre prendre fin».

En parallèle, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous pression politique et diplomatique, a reçu un soutien appuyé du président français Emmanuel Macron. Celui-ci a réaffirmé la mobilisation des Européens en faveur d’une «paix juste et durable».

Saluant «l’effort de médiation» des Etats-Unis, M. Macron a toutefois estimé qu’«il n’y avait pas aujourd’hui à proprement parler un plan finalisé». «Nous sommes encore à une phase préalable», a-t-il expliqué, rappelant que toute solution «ne peut être finalisée qu’avec les Européens autour de la table».

Après ces échanges à Paris, M. Macron s’est entretenu avec Donald Trump au sujet des garanties de sécurité indispensables pour l’Ukraine, selon l’Elysée.
M. Zelensky s’est ensuite rendu en Irlande, où le Premier ministre Micheal Martin lui a exprimé sur X le «soutien indéfectible» de son pays.

Avancées russes sur le terrain

En Europe, la crainte persiste que l’administration Trump, accusée par certains d’indulgence envers M. Poutine, ne relègue les préoccupations ukrainiennes au second plan.

M. Zelensky a indiqué s’attendre bientôt à «une discussion avec le président des Etats-Unis» sur les points clés du projet américain. Son négociateur, Roustem Oumerov, a fait état de «progrès significatifs», tout en reconnaissant la nécessité de nouveaux «ajustements».

Ces discussions interviennent alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus forte progression territoriale depuis un an, selon une analyse de l’AFP basée sur les données de l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW) et du Critical Threats Project (CTP).

En un mois, la Russie a conquis 701 km2, soit la deuxième plus importante avancée depuis novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois du conflit en 2022.

Lundi, Moscou a revendiqué la prise de Pokrovsk, nœud logistique majeur dans l’est de l’Ukraine, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est.
M. Zelensky a relativisé ces annonces, soulignant le caractère fluctuant des gains en période de guerre.

Sur le plan intérieur, le président ukrainien affronte une crise politique majeure après un scandale de corruption ayant conduit à la démission de son chef de cabinet Andriï Iermak vendredi.
M. Macron s’est gardé de «donner des leçons» sur ce dossier.

Une semaine «cruciale» pour Kiev

La semaine s’annonce «cruciale» pour l’Ukraine, a estimé la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, qui craint que «toute la pression soit exercée sur la partie la plus faible», Kiev. «La reddition de l’Ukraine, c’est la manière la plus facile de mettre fin à cette guerre», a-t-elle averti.

Il y a dix jours, les Etats-Unis avaient présenté un premier projet de 28 points, perçu comme très favorable à Moscou et élaboré sans les alliés européens. Le texte a depuis été amendé avec Ukrainiens et Européens, avant d’être retravaillé en bilatéral dimanche en Floride.

Ces discussions ont été jugées «productives», mais le secrétaire d’Etat Marco Rubio a reconnu qu’«il restait encore du travail».

Donald Trump a souligné que Kiev n’était «pas en position de force», notamment en raison du scandale de corruption.
Pour Emmanuel Macron, les frappes persistantes de la Russie prouvent au contraire que Moscou «n’est pas disposé à faire la paix».

AFP

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