L'Arabie saoudite maintient une politique de dépenses déficitaires pour soutenir ses réformes
Le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane, ainsi que des membres de la délégation saoudienne, écoutent le président américain Donald Trump lors du Forum d’investissement États-Unis–Arabie saoudite au John F. Kennedy Center for the Performing Arts à Washington, le 19 novembre 2025. ©Brendan Smialowski / AFP

L'Arabie saoudite a approuvé mardi un budget pour 2026 prévoyant un déficit de 44,1 milliards de dollars, sur fond de dépenses élevées pour soutenir les réformes visant à diversifier l'économie et à réduire la dépendance au pétrole du premier exportateur mondial de brut.

La puissante monarchie du Golfe, mène un coûteux programme de réformes intitulé «Vision 2030», visant à diversifier une économie encore trop dépendante du pétrole en injectant des milliards dans des projets visant à attirer investissements et touristes.

Pour atteindre cet objectif, le pays prévoit en 2026 un déficit de 165 milliards de rials (environ 44 milliards de dollars), représentant 3,3% du produit intérieur brut (PIB).

Un déficit inférieur aux projections du ministère saoudien des Finances pour 2025, où le déficit budgétaire devrait représenter 5,3% du produit intérieur brut (PIB) en 2025, plus du double des 2,3% annoncés fin 2024.

En 2026, les dépenses, plutôt stables, devraient s'élever à 1.313 milliards de rials (environ 350 milliards de dollars) et les recettes, à la baisse en raison de la faiblesse des prix du pétrole, devraient s'élever à 1.147 milliards de rials.

«Choix politique»

La première économie du monde arabe vise à réduire sa dépendance à l'or noir en misant sur le développement des affaires, du tourisme et du sport.

Des doutes persistants existent quant à la viabilité de ces ambitieux projets.

Fleuron de ce programme porté par le prince héritier et dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, le dispendieux projet Neom comporte une mégalopole futuriste et une station de ski.

«Le niveau actuel du déficit est un choix politique», a affirmé le ministre des Finances du royaume, Mohammed al-Jadaan, lors d'un briefing avec des journalistes avant la publication du budget.

«Nous devons investir dans notre économie et, tant que le rendement de ces investissements sera supérieur au coût de la dette, nous poursuivrons cette trajectoire», a-t-il ajouté.

Les recettes du royaume dépendent encore largement de ses exportations de pétrole. L'incertitude économique mondiale persistante et une offre surabondante ont pesé sur le marché pendant la majeure partie de l'année, entraînant une baisse des prix du brut.

«Equilibre»

Le géant pétrolier saoudien Aramco, pilier de l'économie saoudienne, a annoncé début novembre une baisse de 2,3% de son bénéfice au 3e trimestre, marquant ainsi sa onzième baisse trimestrielle consécutive.

Les cours du pétrole se sont maintenus entre 60 et 70 dollars le baril sur les marchés américains et internationaux, soit environ dix dollars de moins que sur la même période en 2024.

Les conflits au Moyen-Orient, les récentes sanctions américaines visant le secteur pétrolier russe, sont autant de facteurs qui ont soutenu la demande de pétrole et endigué la chute des cours.

Le ministère des Finances table aussi sur des déficits budgétaires de 2,3% du PIB en 2027 et de 2,2% en 2028

Enfin, l'économie du pays devrait croître de 4,6% en 2026, selon les prévisions, soutenue par «la croissance des activités non-pétrolières», selon la même source.

«Les Saoudiens voudront trouver un équilibre entre des signaux de dépenses ambitieux mais crédibles», explique à l'AFP Robert Mogielnicki de l'Arab Gulf States Institute à Washington.

Le chercheur estime que l'environnement des prix du pétrole pèsera «fortement» sur cet exercice d'équilibre.

AFP

 

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