Trump scelle un accord de paix RDC-Rwanda malgré la poursuite des combats
Le président américain Donald Trump annonce des changements aux normes nationales en matière d'économie de carburant dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le 3 décembre 2025, à Washington, DC. ©Chip Somodevilla / Getty Images / AFP

Le président américain Donald Trump accueille jeudi à Washington ses homologues congolais et rwandais pour ratifier un accord de paix censé mettre fin aux violences dans l'est de la République démocratique du Congo, ravagé par trois décennies de conflits armés.

Mais, à la veille de cette cérémonie, qui se déroulera en présence des présidents de la RDC Félix Tshisekedi et du Rwanda Paul Kagame, d'intenses combats ont encore opposé le groupe armé M23, soutenu par Kigali, à l'armée congolaise appuyée par des milices, dans la province du Sud-Kivu, selon des sources locales.

Bien que les deux pays voisins aient signé en juin, à Washington, sous les auspices de Donald Trump, un accord de paix, les hostilités se sont malgré tout poursuivies dans cette région riche en ressources naturelles très convoitées.

Le M23 – qui n'a jamais reconnu officiellement ses liens avec Kigali – et les autorités de RDC s'accusent régulièrement de violer le cessez-le-feu qu'ils se sont engagés à respecter dans le cadre d'une médiation parallèle menée par le Qatar à Doha.

Des combats font rage depuis mardi, en plusieurs points de la ligne de front dans la province du Sud-Kivu, où le M23 grignote du terrain depuis plusieurs semaines.

«Beaucoup de maisons ont été bombardées et il y a beaucoup de morts», a déclaré à l'AFP René Chubaka Kalembire, un responsable administratif à Kaziba, localité sous contrôle du M23.

Théâtre de conflits armés depuis trois décennies, les violences se sont intensifiées depuis janvier avec la prise des grandes villes de Goma et Bukavu par le M23.

Depuis la reprise des opérations de ce groupe armé dans l'est de la RDC en 2021, de multiples cessez-le-feu ont été conclus et violés, et les affrontements avec les forces gouvernementales et alliées ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire.

Kigali affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés, notamment les FDLR, créées par d'anciens dirigeants hutu liés au génocide rwandais de 1994, et a conditionné la levée de ses «mesures défensives» à leur neutralisation.

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Les deux présidents doivent d'abord être reçus à la Maison Blanche avant une cérémonie de signature à l'Institut américain pour la paix, renommé mercredi en «Institut Donald Trump pour la Paix» par le département d'État.

L'accord est composé de plusieurs volets, a dit mercredi la porte-parole du président de la RDC, Tina Salama: le volet sur la paix, un cadre d'intégration économique régionale et un partenariat stratégique avec les États-Unis pour l'exploitation des minerais, dont la RDC regorge.

Il comprend aussi des dispositions sur le désengagement, le désarmement et l'intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques, qui se fera de manière «individuelle», a dit Mme Salama.

Pour le président Trump, au-delà de sa quête du Nobel de la paix, l'enjeu est aussi économique.

Il a ainsi exprimé l'espoir que les États-Unis puissent exploiter les minerais de RDC qui, autrement, pourraient être acheminés vers la Chine.

Premier producteur mondial de cobalt, essentiel pour les batteries de véhicules électriques, la RDC, deuxième plus vaste pays d'Afrique, détient aussi dans ses sous-sols au moins 60% des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l'industrie électronique.

Évoquant ce volet économique, la porte-parole Tina Salama a réfuté toute notion d'échange paix contre minerais.

Elle a souligné devant la presse à Washington que Kinshasa entendait conserver sa souveraineté sur les ressources naturelles du pays.

Comme on lui demandait si Washington exigeait en contrepartie de ses efforts que la RDC accueille aussi des migrants expulsés des États-Unis, elle a répondu: «On ne sait pas encore s'ils mettront cela sur la table».

Le Rwanda a déjà conclu un tel accord avec Washington.

Léon Bruneau / AFP

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