Entre souvenirs fragmentés et imaginaire enfantin, l’artiste Julie Bou Farah dévoile « iCloud » à la Galerie Janine Rubeiz, une exposition sensorielle où nuages, oiseaux et cactus composent une méditation poétique sur la mémoire, la vulnérabilité et la joie de vivre.
Avec « iCloud », Julie Bou Farah transforme la galerie en un espace où la mémoire prend forme tangible, naviguant entre présence et absence, douceur et douleur, rêverie et réalité. Son univers pictural, nourri par l’enfance, propose une relecture sensorielle de la trace, de l’intime et du passage du temps.
Déclarant sa démarche, l’artiste confie :
« iCloud naît des fragments de ma mémoire. Mes nuages sont des vaisseaux, des corps qui contiennent ce que la mémoire ne peut préserver. Ils ne sont pas des métaphores, mais des éléments que le spectateur peut toucher : imparfaits, vivants, porteurs à la fois de présence et d’absence.
Mes images bouleversent les attentes en supprimant ou en ajoutant des éléments hors de leur contexte habituel, les présentant sans le visage auquel ils appartiennent. Le cactus, par exemple, apparaît comme un paradoxe : résilient mais vulnérable, une archive organique de l’endurance, ses épines à la fois protectrices et blessantes, à l’image même du souvenir.
Mon firmament personnel est une constellation de mille nuages imaginaires, chacun prenant sa propre configuration et renfermant ses propres histoires, façonné par l’intuition et la spontanéité. Ils sont recontextualisés, multipliés, parfois malmenés. Remplaçant l’iris de l’œil des oiseaux, j’ouvre l’espace pour nous interroger sur ce que nous voyons et ce que nous croyons savoir. Les oiseaux font-ils écho au vol de la mémoire, reflet de ce que l’œil perçoit ? Sont-ils, en réalité, une ouverture vers une autre réalité ? Assistons-nous à une vision intérieure, ou à tout autre chose ?
iCloud invite le spectateur à faire l’expérience de la mémoire autrement, révélant des strates de ce qui s’efface et de ce qui subsiste en silence, à travers des formes tactiles et viscérales. »
Née à Dahr El Sawan, Julie Bou Farah a obtenu en 1991 un Master en Beaux-Arts à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (ALBA), où elle a ensuite enseigné. En 2007, elle rejoint l’Université Libanaise comme chargée de cours et participe depuis à de nombreuses expositions au Liban et à l’étranger.
Parmi ses expositions collectives internationales figurent la Cork Gallery (Londres, 2004), La Marine Gallery et la Galerie des Ponchettes (Nice, 1999), Al Majliss Art Gallery et le Regency International Hotel (Dubaï, 1995), ainsi que Roppongi (Tokyo, 2018).
Tout au long de sa carrière, Bou Farah est restée en lien avec son enfant intérieur, une qualité perceptible dans la dimension ludique, l’immédiateté et la spontanéité de son œuvre. Son style inventif saisit le quotidien dans ses formes les plus simples et charmantes, puisant son inspiration dans l’émerveillement et la vitalité du monde. Pour Bou Farah, le monde est une aire de jeux et la toile, sa scène.
Enfants et animaux apparaissent fréquemment dans ses peintures, comme dans Circle of Life (1992), qui lui vaut le titre de sociétaire au Salon d’Automne du Grand Palais à Paris. En 1999, sa peinture Le Manège remporte le premier prix lors de la 16e Biennale Henri Matisse-UMAM à Nice.
Son travail se distingue par une utilisation harmonieuse et vibrante de la couleur, une approche instinctive et une représentation à la fois naïve et sophistiquée de l’espace, véritable célébration de la joie et de la spontanéité de la vie.
Exposition visible jusqu’au 31 décembre 2025.
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