La Suisse candidate pour inscrire le yodel au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco
Les membres du trio « Rond Om de Santis », les yodleurs Katja Burgler (à gauche), Maya Stieger (à droite) et Peter Looser se produisent dans le jardin du siège de l'UNESCO à Paris, le 27 novembre 2025. ©Dimitar Dilkoff / AFP

La Suisse veut faire inscrire le yodel au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco pour promouvoir et préserver ce chant vibrant de bergers des Alpes devenu avec le temps un emblème des traditions helvétiques.

L'Unesco doit examiner du 8 au 13 décembre les candidatures de différents pays, dont celle déposée en 2024 par la Suisse pour faire reconnaître au patrimoine culturel immatériel de l'humanité cette tradition vivante pratiquée par quelque 12 000 yodleuses et yodleurs dans le pays alpin.

Le yodel est aussi pratiqué en Autriche et en Allemagne, mais alors que la Suisse s'était alliée à la France pour faire reconnaître la tradition horlogère de l'Arc jurassien en 2020, elle a cette fois fait cavalier seul pour cette candidature.

La Suisse compte 780 clubs de yodel et pour Markus Egli, chef de chorale du club Bürgerturner-Jodler de Lucerne, cette candidature est un bon moyen d'assurer la relève. «C'est important pour l'avenir», a-t-il affirmé à l'AFP en marge d'un concert cette semaine à Lucerne.

«Ce chant fait partie de notre culture, de l'identité de la Suisse», défend-il, expliquant que d'après la tradition orale, ce chant était à l'origine «un moyen de communication d'une montagne à l'autre».

En habit traditionnel, avec chapeau en feutre et gilet brodé, Max Britschgi, 79 ans, membre de cette chorale depuis bientôt 50 ans, y voit une célébration de la nature, expliquant qu'il se sent «connecté aux montagnes» par ce chant. Le ténor qui apprécie aussi cette tradition pour la «camaraderie et la connexion avec les autres».

Cette technique de chant alterne des voix de poitrine, dans les graves, et des voix de tête, dans les aigus, qui sont «les plus compliquées», selon Yvonne Eichenberger, 35 ans, la soprano de cette chorale. «Cela nécessite du temps et de l'exercice», explique-t-elle.

Selon Julien Vuilleumier, conseiller au ministère de la Culture pour cette candidature, les origines de ce chant sont floues, mais le «yodel tel qu'on le connaît aujourd'hui s'est codifié au 19ème siècle et au 20ème siècle» pour s'intégrer «aux chants populaires», avec «des inspirations croisées» entre les montagnes du Tyrol (Autriche, Italie), le sud de l'Allemagne et la Suisse, a-t-il indiqué à l'AFP.

Sa portée dépasse la Suisse puisque le chant s'est, avec les vagues d'émigration, intégré à la musique folk américaine, dont la musique country. Et il continue d'évoluer puisqu'il fait aussi des incursions dans «des formes plus expérimentales, à la frontière du jazz, de la pop et du rock», a-t-il expliqué, à l'image par exemple du «yodelton», création d'un artiste vaudois qui y mêle des rythmes de reggaeton.

Avec cette candidature, la Suisse entend valoriser une tradition qui se transmet dans les familles, les chorales et même désormais dans l'enseignement supérieur avec un master en yodel créé en 2018 à la Haute École de Lucerne.

AFP

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