Les paramilitaires soudanais, en guerre contre l'armée régulière, ont lancé jeudi plusieurs attaques de drone dans l'est du Soudan, a indiqué une source militaire, faisant trois morts et provoquant des coupures de courant.
Les Forces de soutien rapide (FSR) avaient concentré ces dernières semaines leurs attaques contre des villes du sud du pays, où 16 civils ont été tués en deux jours dans des frappes de drone, a rapporté une source médicale.
Jeudi «à l'aube, la milice a lancé 35 drones contre les villes d'Atbara, Ad-Damer et Berber, dans l'Etat du Nil, visant des installations civiles», a déclaré la source militaire, en référence aux FSR, en guerre contre l'armée depuis avril 2023.
Ces trois villes de l'Est sont sous le contrôle de l'armée.
Les frappes, qui ont ciblé les transformateurs de la centrale électrique d'Al-Muqrin à Atbara, ont fait deux morts, a indiqué son responsable, attribuant lui aussi l'attaque aux FSR.
Les victimes sont selon lui deux secouristes.
Le gouvernement de l'Etat du Nil a confirmé leur mort, pointant aussi du doigt les «milices».
Vaste coupures de courant
L'ONG Emergency Lawyers, qui documente les atrocités du conflit, a pour sa part fait état de frappes ayant touché des habitations civiles, et rapporté «la mort d'une fillette, quatre blessés (...) et un incendie dans l'une des maisons endommagées.»
L'attaque «a conduit à l'interruption de l'approvisionnement en électricité dans plusieurs Etats», a précisé la compagnie d'électricité nationale.
«Depuis deux heures du matin, nous n'avons plus d'électricité», a déclaré à l'AFP Abdel Rahim Al-Amin, fonctionnaire à Port-Soudan, la capitale de facto du pays contrôlée par l'armée.
La centrale d'Al-Muqrin est un site clé dans le réseau électrique soudanais, recevant l'électricité produite par le barrage de Merowe, la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays, avant sa redistribution vers plusieurs régions.
Des témoins ont indiqué que vers deux heures, les forces de l'armée régulière avaient activé leur défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus d'Atbara.
«L'électricité est coupée et nous craignons que les dégâts soient importants», a déclaré Ahmed Al-Bashir, un habitant de la ville.
Les coupures d'électricité se sont étendues à plusieurs Etats, notamment ceux du Nil et de la Mer Rouge, dont la capitale est Port-Soudan, selon des témoins.
La capitale Khartoum a également été touchée avant que le courant soit raccordé en partie à un nouveau réseau.
Ces derniers mois, les FSR ont visé plusieurs fois des infrastructures militaires et civiles, provoquant des coupures de courant et affectant des millions de personnes.
Le chef de l'armée au Caire
D'autres attaques au drone ont visé jeudi la région méridionale du Kordofan, où seize civils ont été tués en deux jours à Dilling, a indiqué à l'AFP un médecin de l'hôpital principal de la ville.
Alors qu'aucune trêve ne se dessine, le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée et dirigeant de facto du pays, s'est rendu jeudi au Caire «afin d'examiner les moyens de régler la crise soudanaise», selon la présidence égyptienne.
Après la reprise de Khartoum par l'armée en mars, les FSR avaient concentré leurs opérations au Darfour, la vaste région de l'ouest dont elles ont fini par prendre le contrôle et où elles sont accusées de nombreuses exactions, selon des ONG et des témoignages de rescapés.
En avril, plus de 1.000 civils ont été tués dans le camp de déplacés de Zamzam dans l'Etat du Darfour-Nord, lors d'une attaque des paramilitaires, a indiqué jeudi le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU.
Depuis octobre, les violences se sont déplacées vers la région du Kordofan, où plus de 50.000 civils ont été déplacés, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
La capitale du Kordofan-Sud, Kadougli, déclarée en état de famine par l'ONU, ainsi que la ville voisine de Dilling, classée comme «à risque», sont assiégées par les FSR depuis 18 mois.
La guerre a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué ce que l'ONU décrit comme «la pire crise humanitaire au monde».
AFP


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